Ivan Telegouz, un ressortissant ukrainien, doit être exécuté en Virginie le 13 avril. Condamné à mort en 2006 pour un meurtre commis en 2001, il continue de clamer son innocence.
Stephanie Sipe a été retrouvée morte à son appartement de Harrisonburg (Virginie) le 23 juillet 2001. La police a soupçonné Ivan Telegouz – son petit ami du lycée et le père de son enfant – mais il est ressorti des tests d’ADN que le sang présent sur la scène du crime n’appartenait pas à cet homme. L’enquête a stagné jusqu’à ce qu’Alexeï Safanov, qui tentait de ne pas être expulsé à cause de charges pénales, indique en 2003 qu’Ivan Telegouz avait engagé un « homme noir » pour tuer son ancienne petite amie. Ce dernier, du nom d’Edwin Gilkes, a nié ces allégations mais, la police l’ayant menacé d’une inculpation de meurtre, il a désigné un troisième homme, Michael Hetrick. Le sang retrouvé dans l’appartement était bien celui de Michael Hetrick, à qui la police a promis qu’il éviterait la peine de mort s’il témoignait contre Ivan Telegouz, en précisant : « Nous ne sommes pas là pour faire de vous un suspect [...]. C’est Ivan que nous voulons [...]. C’est lui qui va prendre. » Michael Hetrick a fini par déclarer qu’il avait commis le meurtre commandité par Ivan Telegouz en échange de 2 000 dollars des États-Unis (environ 1 790 euros).
Ivan Telegouz a été condamné à mort pour avoir engagé Michael Hetrick. Michael Hetrick, Edwin Gilkes et Alexeï Safanov ont passé un marché avec les autorités pour témoigner contre Ivan Telegouz. En affirmant avoir tué Stephanie Sipe pour le compte d’Ivan Telegouz, Michael Hetrick a échappé à la peine de mort. Edwin Gilkes a été condamné à 50 ans de réclusion, dont 35 ans avec sursis, pour son rôle dans le meurtre. Dans son témoignage, il a indiqué qu’Ivan Telegouz lui avait demandé de commettre le crime et qu’il avait refusé. Il a aussi déclaré qu’il avait accompagné Michael Hetrick et Ivan Telegouz à Harrisonburg mais les avait attendus dehors. Selon lui, Ivan Telegouz était impliqué dans un autre meurtre commandité, perpétré à Ephrata (Pennsylvanie). Le procureur a exhorté le jury à condamner Ivan Telegouz à la peine capitale, estimant que cet élément montrait comment Ivan Teleguz avait l’habitude de « résoudre les problèmes ». Alexeï Safanov a certifié qu’Ivan Telegouz avait admis avoir engagé quelqu’un pour commettre le meurtre afin de ne plus verser de pension alimentaire pour son enfant.
Dans une déclaration sous serment datant de 2010, Edwin Gilkes a avoué qu’il avait forgé de toutes pièces la majeure partie de son témoignage afin d’échapper à la peine de mort. Il a affirmé : « En réalité, je n’ai aucune preuve que Telegouz ait engagé Hetrick. » Il a ajouté que ses allégations concernant le prétendu meurtre d’Ephrata étaient fausses. Il a été démontré depuis que cet homicide présumé n’avait même jamais eu lieu. Dans une déclaration sous serment, Alexeï Safanov s’est également rétracté : « Ivan ne m’a jamais dit qu’il avait fait tuer Stephanie Sipe et j’ai fait un faux témoignage à son procès, il ne m’a rien dit. »
Un juge fédéral a présidé une audience probatoire en 2013. Ni Alexeï Safanov ni Edwin Gilkes n’ont témoigné. Le premier avait été expulsé et ne relevait donc plus de la compétence du tribunal, et le second a été menacé de perdre le bénéfice du marché qu’il avait passé avec les autorités s’il revenait sur ses déclarations. Les représentants de l’État qui les auraient contraints, selon eux, à faire des témoignages controuvés ont nié toute faute professionnelle. Michael Hetrick, qui a reçu la même menace, a confirmé son premier témoignage. En juillet 2014, le juge a statué que l’innocence d’Ivan Telegouz n’avait pas été prouvée.