Écrire Un défenseur des droits humains égyptien arrêté

Le défenseur des droits humains de premier plan, Ahmed Abdullah, a été arrêté à son domicile et frappé le 25 avril. Un procureur du Caire a ordonné son placement en détention provisoire pour 15 jours le 27 avril pour des accusations « liées au terrorisme ». Il s’agit d’un prisonnier d’opinion, détenu uniquement pour avoir exercé pacifiquement son droit à la liberté d’expression.

Le prisonnier d’opinion et défenseur des droits humains égyptien, Ahmed Abdullah, a été arrêté à son domicile par les forces spéciales dans le cinquième district du Nouveau Caire, tôt le matin du 25 avril. Son domicile a été perquisitionné et son ordinateur et son téléphone portable ont été confisqués. Il a ensuite été conduit au poste de police n° 1 du Nouveau Caire. Selon ses avocats, l’un des agents l’ayant arrêté l’a frappé à la tête avec la crosse de son arme à plusieurs reprises.

Pendant sa détention au poste de police n° 1 du Nouveau Caire, Ahmed Abdullah, qui s’était ouvertement opposé aux disparitions forcées dans le pays, a été interrogé par des agents des services de la sûreté nationale avant d’être transféré au bureau du procureur de l’est du Caire plus tard ce matin-là, pour être à nouveau interrogé par le ministère public. Le 27 avril, le parquet de l’est du Caire a prolongé sa détention de 15 jours.

L’arrestation d’Ahmed Abdullah a eu lieu le jour où de nouvelles manifestations étaient prévues au Caire, des manifestants étant descendus dans la rue pour protester contre la décision du gouvernement de céder deux îles de la mer Rouge à l’Arabie saoudite.

Les avocats d’Ahmed Abdullah ont indiqué qu’il était accusé d’avoir enfreint la Loi antiterroriste, la loi relative aux manifestations et d’autres lois relatives aux rassemblements publics, et qu’il faisait par ailleurs l’objet d’accusations liées à la « sécurité nationale » au titre du Code pénal. Il est en outre sous le coup d’accusations d’appartenance à un groupe « terroriste » interdit et de tentative de renversement de l’État. Ces accusations sont passibles de 25 ans d’emprisonnement. Amnesty International pense qu’Ahmed Abdullah est détenu uniquement pour avoir exercé son droit à la liberté d’expression. Certaines des accusations dont il fait l’objet érigent en infraction l’exercice des droits humains et d’autres sont forgées de toutes pièces et visent à punir son travail de défenseur des droits humains.

L’arrestation d’Ahmed Abdullah a été menée par des agents des forces de sécurité lourdement armés et encagoulés. Son avocat a indiqué à Amnesty International que lors de son arrestation, l’un des agents a frappé Ahmed Abdullah avec la crosse de son arme à plusieurs reprises.
Selon ses avocats, Ahmed Abdullah est sous le coup de plusieurs chefs d’accusation, notamment des accusations de tentative de renverser l’État par la force, d’incitation à des attaques « terroristes » visant des postes de police, de recours à la violence et à l’intimidation pour empêcher le président d’exercer ses devoirs et ses pouvoirs, d’appartenance à un « groupe terroriste », de promotion du « terrorisme » en ligne, d’incitation à des rassemblements publics mettant en péril la sécurité publique à des fins « terroristes », de diffusion de nouvelles, d’informations et de « fausses rumeurs » et de possession de dépliants appelant à la chute du gouvernement et à la modification de la Constitution égyptienne. L’arrestation d’Ahmed Abdullah représente une nouvelle attaque contre la liberté d’expression et d’association en Égypte et intervient dans un contexte de répression des défenseurs des droits humains égyptiens, qui font de plus en plus l’objet d’interrogatoires, d’interdictions de voyager et de gel de leurs avoirs.
Son arrestation s’inscrit dans le cadre d’une répression de grande échelle menée à l’approche des manifestations du 25 avril 2016, lorsque des manifestants sont descendus dans la rue pour protester contre la décision de l’Égypte prise début avril de céder deux îles inhabitées de la mer Rouge à l’Arabie saoudite (voir l’AU 98/16 : https://www.amnesty.org/fr/documents/MDE12/3910/2016/fr/). Plus de 90 personnes ont été arrêtées dans les jours précédant les manifestations et au moins 238 autres ont été arrêtées le 25 avril selon des groupes et militants égyptiens de défense des droits humains. Les manifestations prévues ont été réprimées par une présence massive des forces de sécurité dans tout Le Caire et des vagues d’arrestations, dont la détention d’Ahmed Abdullah. Les avocats d’Ahmed Abdullah ont déclaré à Amnesty International que le procureur de l’est du Caire avait émis un mandat pour son arrestation et celle de plusieurs dizaines d’autres personnes en vue des manifestations.
En tant que directeur du conseil d’administration de la Commission égyptienne pour les droits et les libertés, Ahmed Abdullah a dirigé les travaux de l’organisation sur les disparitions forcées dans le pays. À ce titre, il a fourni une aide juridique à la famille de l’étudiant en doctorat italien de 28 ans, Giulio Regeni, qui a disparu au Caire le 25 janvier 2016 et dont le corps a été retrouvé aux abords de la ville le 3 février. Les proches de Giulio Regeni ont publié une déclaration le 26 avril condamnant l’arrestation d’Ahmed Abdullah et réaffirmant la volonté de la Commission égyptienne pour les droits et les libertés de découvrir la vérité quant à l’enlèvement, la torture et la mort de leur fils.
Les autorités égyptiennes ont harcelé et intimidé Ahmed Abdullah de manière persistante en raison uniquement de son travail de défense des droits humains et de ses liens avec la Commission égyptienne pour les droits et les libertés. Le 9 janvier 2016, trois agents en civil des services de la sécurité nationale ont effectué une descente dans un café d’El Agouza, au Caire, qu’Ahmed Abdullah fréquente. Sans produire de mandat d’arrêt ni d’autorisation de perquisition, ils ont fouillé l’établissement et demandé aux employés où se trouvait Ahmed Abdullah.
Celui-ci était déjà une personnalité connue du « Mouvement de la jeunesse du 6 avril », un mouvement citoyen de jeunes militants qui avaient protesté contre les autorités égyptiennes lors du soulèvement de 2011 et les années suivantes. Un tribunal égyptien a interdit le groupe en 2014, une décision qu’Amnesty International considère comme étant motivée par des considérations politiques.
Nom : Ahmed Abdullah
Homme

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