Écrire Un égyptien détenu arbitrairement en grève de la faim

Le 25 janvier, Islam Khalil et quatre autres détenus ont entamé une grève de la faim pour protester contre leur détention arbitraire. Le 8 janvier 2019, le tribunal pénal du Caire avait prolongé la détention d’Islam Khalil de 45 jours. Cet homme est maintenu en détention provisoire sur la base de charges forgées de toutes pièces depuis le 10 mars 2018, après avoir été victime de disparition forcée. Il clame son innocence. Amnesty International pense que ces charges sont une mesure de rétorsion liée à son militantisme politique. Selon les informations reçues par Amnesty International, Islam Khalil est épuisé, tant sur le plan physique que psychologique, et a besoin de recevoir des soins médicaux de toute urgence.

Islam Khalil a été victime de disparition forcée à deux reprises. Le 10 mars 2018, sa famille a perdu contact avec lui pendant trois semaines, quand il était à Assouan. Elle s’est renseignée au poste de police d’Assouan pour savoir s’il était en garde à vue mais on lui a soutenu qu’il ne s’y trouvait pas. Le 15 mars 2018, elle a porté plainte auprès du procureur, mais elle n’a obtenu aucune réponse. Elle s’est aussi renseignée auprès des services du ministère public à Hurghada (sud-est du Caire) et à Assouan, qui ont affirmé ne pas le détenir. Le 2 avril 2018, elle a finalement appris qu’il se trouvait à la maison d’arrêt de Tora, par l’intermédiaire d’une personne qui l’avait vu lors d’une visite. D’après la famille, les services du procureur général de la sûreté de l’État ont interrogé Islam Khalil le 1er avril 2018 sans la présence d’un avocat.

Selon le frère d’Islam Khalil, la direction de la prison a empêché celui-ci de recevoir des livres et de la nourriture et l’a privé des visites de ses proches pendant un mois. Islam Khalil a été transféré dans une cellule infestée d’insectes et privé d’eau et de nourriture adéquate. Il a ensuite été placé dans une autre cellule, où ses codétenus l’ont forcé à prier et l’ont empêché de fumer et de lire certains livres.

Dans une lettre rédigée le 15 août 2018, il a écrit : « Nous sommes et resterons sur le chemin de l’amour, assoiffés de justice, de liberté et de paix. Vous, les oiseaux libres qui brûlez d’espoir, chantez en notre nom, et soyez le soleil qui nous protège. Parlez de nous et soyez notre voix, car notre voix a été délibérément réduite au silence par la force. »

Islam Khalil avait déjà été soumis à des actes de torture et à d’autres formes de mauvais traitements en détention, selon son propre témoignage et des informations reçues par l’intermédiaire de sa famille et de son avocat. Le 24 mai 2015, il a été enlevé à son domicile à Al Santa, dans le gouvernorat de Gharbia, en Égypte, par des membres de l’Agence de sécurité nationale. C’était la première fois qu’il était soumis à une disparition forcée, les autorités ayant refusé de reconnaître sa privation de liberté et de révéler ce qu’il était advenu de lui et où il se trouvait pendant 122 jours. D’après son témoignage, c’est au cours de cette période qu’il a été torturé par des membres de l’Agence de sécurité nationale, qui ont tenté de le contraindre à « avouer » des infractions qu’il dit ne pas avoir commises. Il a été libéré le 31 août 2016, soit 10 jours après que le ministère public a ordonné sa libération sous caution. Il a été inculpé d’appartenance aux Frères musulmans, un groupe interdit, d’incitation à la violence et d’attaque contre les forces de sécurité.

La détention arbitraire consiste à détenir des personnes sans raison légitime ou en dehors de toute procédure judiciaire. Les autorités égyptiennes ont lancé une nouvelle vague de répression encore plus intense contre leurs détracteurs en décembre 2017, à l’approche de l’élection présidentielle.

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