Écrire Un journaliste en danger dans un centre de détention tristement célèbre

Le 27 septembre, le journaliste ouzbek Bobomourod Abdoullaïev a été arrêté par le Service de la sécurité nationale à Tachkent pour avoir prétendument tenté de renverser l’ordre constitutionnel de la République d’Ouzbékistan. Depuis lors, il est incarcéré dans l’un des centres de détention les plus tristement célèbres du pays, où la torture est couramment pratiquée. Il est fort à craindre qu’il ne soit victime de torture ou d’autres mauvais traitements. Des défenseurs des droits humains et des collègues de Bobomourod Abdoullaïev estiment qu’il est pris pour cible en raison de son travail de journaliste et de ses opinions politiques critiques.

Le 27 septembre, des agents du Service de la sécurité nationale (SSN) d’Ouzbékistan ont arrêté le journaliste Bobomourod Abdoullaïev à Tachkent, la capitale de l’Ouzbékistan. Sa famille est restée sans nouvelles de lui pendant deux jours. Le 29 septembre, elle a découvert qu’il se trouvait au centre de détention provisoire du SSN à Tachkent. Le même jour, des agents du SSN ont fouillé le domicile de Bobomourod Abdoullaïev pendant plus de cinq heures et ont saisi des livres, un ordinateur, des cartes mémoire et d’autres équipements média. Il n’a pas pu s’entretenir avec un avocat.

Selon les médias, seule sa femme a pu lui rendre brièvement visite en détention, le 1er octobre. Il n’a eu aucun contact avec sa famille depuis lors. On craint que Bobomourod Abdoullaïev ne soit actuellement soumis à des actes de torture.

Le 1er octobre, lors d’une audience à huis clos, le tribunal pénal du district de Younoussabadski, à Tachkent, a ordonné le placement en détention de Bobomourod Abdoullaïev, lui reprochant d’avoir élaboré et diffusé des documents en ligne en vue de tenter de renverser l’ordre constitutionnel de l’État (article 159 du Code pénal de la République d’Ouzbékistan). Selon un enquêteur du SSN, Bobomourod Abdoullaïev travaillait avec le chef de l’opposition politique en exil, Mouhammad Salih. Le tribunal a ordonné le placement de Bobomourod Abdoullaïev dans le centre de détention provisoire du SSN. Les recherches effectuées par Amnesty International montrent que des prisonniers sont torturés dans ce centre, notamment dans des salles d’interrogatoire, dans des cellules disciplinaires, dans les sanitaires et dans les douches, ainsi que dans des pièces prévues à cet effet, aux murs capitonnés de caoutchouc et insonorisées.

Bobomourod Abdoullaïev est journaliste indépendant et commentateur sportif. Il écrit également des analyses politiques sous un pseudonyme. Il a rédigé des articles pour des médias internationaux.

Le droit à la liberté d’expression et de réunion pacifique est fortement restreint en Ouzbékistan. D’éminents défenseurs des droits humains, des personnes critiques à l’égard du gouvernement et des journalistes indépendants font l’objet de fréquents actes de harcèlement et d’intimidation, d’une surveillance systématique, d’arrestations, de passages à tabac et de campagnes de diffamation. Nombre d’entre eux ont été contraints à l’exil, tandis que d’autres sont empêchés de quitter le pays.

Les défenseurs des droits humains et les journalistes indépendants, tant à l’étranger qu’en Ouzbékistan, sont toujours régulièrement victimes, de même que leurs proches, de vastes campagnes médiatiques sur des sites web détenus ou contrôlés par l’État, ainsi qu’à la télévision nationale et dans la presse officielle.

La surveillance à laquelle les autorités ouzbèkes procèdent sur le territoire comme à l’étranger aggrave encore un climat déjà répressif à l’égard des défenseurs des droits humains, des journalistes et des militants politiques, entre autres. La surveillance illégale est facilitée par des systèmes techniques et juridiques qui ne prévoient pas de contrôles pour prévenir les abus, en violation du droit international et des normes internationales.

Amnesty International reçoit des informations dignes de foi et persistantes faisant état d’actes de torture et d’autres mauvais traitements pratiqués de manière habituelle et généralisée par des membres des forces de sécurité et du personnel pénitentiaire.

Ces actes seraient commis au moment de l’arrestation des personnes, lors de leur transfert, en garde à vue, pendant leur détention provisoire et au sein des établissements carcéraux. La torture est utilisée pour contraindre des suspects, des détenus et des personniers, y compris des femmes et des hommes inculpés d’infractions telles que le vol, l’escroquerie ou l’homicide, à « avouer » une infraction ou à mettre en cause d’autres personnes.

Les personnes accusées ou déclarées coupables d’actes hostiles contre l’État et d’infractions liées au terrorisme, y compris celles renvoyées contre leur gré en Ouzbékistan, sont particulièrement exposées à la torture, tant en détention provisoire qu’en prison à la suite d’une condamnation.

Les tribunaux condamnent très souvent des accusés sur la foi d’éléments obtenus sous la torture. Les allégations de torture ou d’autres mauvais traitements donnant rarement lieu à des enquêtes efficaces, un climat d’impunité persiste.

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