Écrire UN MINEUR DONT LES « AVEUX » ONT ÉTÉ ARRACHÉS SOUS LA TORTURE ENCOURT 15 ANS DE RÉCLUSION

Le procès d’Aser Mohamed, 15 ans, a été reporté au 27 décembre. Cet adolescent fait l’objet de poursuites pour plusieurs accusations (notamment pour appartenance à la confrérie interdite des Frères musulmans et pour participation à un attentat contre un hôtel) fondées sur des « aveux » qui, selon lui, lui ont été arrachés sous la torture après 34 jours de disparition forcée. S’il est déclaré coupable, il encourt jusqu’à 15 ans de réclusion.

Aser Mohamed a été appréhendé par des membres de l’Agence de sécurité nationale le 12 janvier et soumis à une disparition forcée pendant les 34 jours qui ont suivi, durant lesquels il affirme qu’on l’a torturé pour lui faire « avouer » des infractions qu’il n’avait pas commises. Il avait 14 ans au moment de son arrestation. Le 15 février, Aser Mohamed a comparu devant le service du procureur général de la sûreté de l’État et a été interrogé en l’absence de son avocat. L’adolescent a dit au procureur qu’on l’avait soumis à des décharges électriques et suspendu par les bras et les jambes pendant de longues heures. Cependant, le magistrat n’a pas ouvert d’enquête sur ces allégations. Selon le témoignage d’Aser Mohamed, le procureur a menacé de le renvoyer à l’Agence de sécurité nationale pour y être à nouveau torturé s’il tentait de revenir sur ses « aveux ». Le procureur a ensuite ordonné le placement en détention provisoire d’Aser Mohamed, contrevenant ainsi au droit égyptien, qui interdit la détention provisoire pour les mineurs âgés de moins de 15 ans. L’adolescent a été renvoyé devant un tribunal en août.

La dernière audience a eu lieu le 29 novembre. Le tribunal a rejeté la requête introduite par les avocats de la défense, qui demandaient que le juge chargé de l’affaire réponde de leurs accusations de partialité. Lors de l’audience du 8 octobre devant la cour d’appel du Caire, les avocats de la défense ont relevé que le juge avait fait, dans les médias, des observations exprimant sa haine à l’égard de la confrérie des Frères musulmans, qu’il qualifiait d’organisation terroriste. Aser Mohamed n’a pas été transféré devant cette juridiction pour cette audience. Lors de la prochaine audience, le 27 décembre, l’avocat d’Aser Mohamed pense que les éléments de preuve figurant dans le dossier seront présentés à la cour et que l’affaire sera ajournée de nouveau. La famille de l’adolescent a indiqué à Amnesty International, le 5 décembre, qu’il restait éprouvé par sa détention sur le plan psychologique. Il est toujours incarcéré au camp « Kilo 10.5 », où, selon sa famille, des gardiens ont procédé à une fouille brutale de la cellule qu’il partage avec ses codétenus, éventrant leurs oreillers et repartant avec leur bouilloire et leur nourriture.

Les médias égyptiens appellent l’affaire dans laquelle est poursuivi Aser Mohamed, 15 ans, l’« affaire des Trois Pyramides », du nom de l’hôtel contre lequel l’adolescent et ses 25 coaccusés sont présumés avoir commis un attentat le 7 janvier 2016.

Tôt le matin du 12 janvier 2016, des policiers armés et des agents de l’Agence de sécurité nationale en civil ont fait une descente au domicile familial d’Aser Mohamed et ont arrêté le jeune homme. Ils n’ont pas présenté de mandat d’arrêt ni de mandat de perquisition. Les agents ont refusé d’informer les parents de l’adolescent de l’endroit où ils l’emmenaient, mais ils leur ont dit qu’ils le ramèneraient environ deux heures plus tard, ce qu’ils n’ont pas fait. Pendant les 34 jours qui ont suivi, sa famille n’a pas su où il se trouvait et n’a pas pu entrer en contact avec lui. Les proches d’Aser Mohamed ont tout mis en œuvre pour le retrouver. Ils l’ont cherché dans les postes de police de Bulaq al Dakrour, Omraneya, Talbeya, Haram et Guizeh, au Caire. Tous ont affirmé ne pas le détenir. Les proches d’Aser Mohamed ont également signalé sa disparition et envoyé des télégrammes au parquet, au ministère de l’Intérieur et au procureur général, mais ils n’ont pas obtenu d’informations, ni même de réponse.

Aser Mohamed a comparu le 15 février devant un procureur, à qui l’Agence de sécurité nationale a transmis un rapport d’enquête officiel. Ce rapport d’enquête affirmait qu’il n’avait été arrêté que plus tôt ce jour-là, c’est-à-dire le 15 février, ne mentionnant nullement les 34 jours précédents qu’il avait passés en détention au secret.

Amnesty International a rassemblé des informations sur de nombreux cas dans lesquels l’Agence de sécurité nationale du ministère de l’Intérieur a eu recours à des disparitions forcées pour intimider l’opposition et empêcher la dissidence pacifique. Au moins trois ou quatre personnes disparaissent chaque jour dans le pays, selon les chiffres fournis par des ONG égyptiennes. L’augmentation du nombre de disparitions forcées coïncide avec la prise de fonction du ministre de l’Intérieur, Magdy Abdel Ghaffar, qui a travaillé pendant de nombreuses années pour le Service de renseignement de la sûreté de l’État, responsable d’enlèvements, d’actes de torture, de disparitions forcées et d’autres graves violations des droits humains sous le régime de l’ancien président Hosni Moubarak. Pour en savoir plus, voir le rapport et le communiqué de presse d’Amnesty International évoquant le cas d’Aser Mohamed. Le communiqué de presse, intitulé « Égypte. Des centaines de personnes soumises à une disparition et à la torture dans le cadre d’une vague de répression » et publié le 13 juillet, est disponible à l’adresse suivante : https://www.amnesty.org/fr/latest/news/2016/07/egypt-hundreds-disappeared-and-tortured-amid-wave-of-brutal-repression/.

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