Écrire Un prisonnier risque de perdre la vue

Mouratbek Tounguichbaïev, militant et blogueur kazakh, risque de perdre la vision de l’œil gauche, car les autorités pénitentiaires ne lui ont pas fourni les soins nécessaires à la suite de son opération de l’œil. Il est maintenu en détention provisoire à Almaty en raison d’accusations motivées par des considérations politiques et a besoin de toute urgence d’une intervention chirurgicale afin de sauver sa vue. Amnesty International le considère comme un prisonnier d’opinion.

Mouratbek Tounguichbaïev est un militant de la société civile et un blogueur kazakh qui vit au Kirghizistan. Il a été arrêté le 10 mai 2018 au Kirghizistan à la suite d’une demande d’extradition des autorités kazakhes, quelques heures après avoir été opéré de l’œil gauche. Il n’a donc pas reçu les soins et les traitements post-opératoires nécessaires. Le 26 juin, les autorités du Kirghizistan l’ont extradé vers le Kazakhstan, afin qu’il puisse y être jugé pour avoir « fourni des informations à un groupe criminel » (article 266 du Code pénal) et « participé aux activités d’une organisation après la reconnaissance de celle-ci en tant qu’organisation extrémiste » (article 405 du Code pénal), et il a été placé en détention.

Le groupe criminel en question est le Choix démocratique du Kazakhstan, parti d’opposition non enregistré qui a été déclaré organisation extrémiste le 13 mars 2018 par le tribunal de Yesil (à Astana, la capitale), lors de procédures arbitraires engagées par le bureau du procureur. Amnesty International estime que les charges retenues contre ce militant ont un caractère politique et sont une forme de représailles pour l’expression pacifique de ses opinions, notamment son soutien au Choix démocratique du Kazakhstan.

Le 10 août, certaines sources ont indiqué que la vue de Mouratbek Tounguichbaïev s’était détériorée au niveau de l’œil gauche et qu’il souffrait de douleurs et de maux de tête constants. Le 22 août, sa femme a signalé qu’il avait complètement perdu la vision de l’œil gauche et qu’il avait été transféré du centre de détention dans une clinique ophtalmologique, où les médecins avaient estimé qu’il avait besoin de toute urgence d’une opération et d’une prise en charge sur place pour sauver son œil. Pourtant, il a été ramené dans le centre de détention. Ses proches ont demandé qu’il soit transféré à la clinique pour y recevoir le traitement dont il a absolument besoin. Les autorités pénitentiaires n’ont pas répondu.

Le parti du Choix démocratique du Kazakhstan a été fondé par un groupe de politiciens et d’hommes d’affaires éminents en 2001 et son enregistrement a été refusé à plusieurs reprises par les autorités kazakhes. Sur son site Internet, ce groupe appelle notamment à l’abolition du poste de président et à la création d’une république parlementaire.

Amnesty International a déjà fait état des fortes restrictions apportées au droit à la liberté d’expression au Kazakhstan, notamment dans un rapport (en anglais) publié en 2017, Think before you post : Closing down social media space in Kazakhstan (Index AI : EUR 57/5644/2017). L’organisation a montré que les autorités s’employaient actuellement à « fermer » les réseaux sociaux en tant qu’espace où la population kazakhe peut exprimer des opinions critiques et rechercher et recevoir un large éventail d’informations provenant de différentes sources. Cette dernière vague d’arrestations et d’avertissements est une attaque flagrante contre la liberté d’expression.
L’un des membres fondateurs du parti du Choix démocratique du Kazakhstan, Moukhtar Abliazov, est un ancien ministre et président de la banque BTA, qui a fui le Kazakhstan lorsque les autorités kazakhes ont nationalisé la BTA en 2009 et l’ont accusé de crimes financiers. Il vit actuellement en exil en France et a fait l’objet de procédures d’extradition dans ce pays.

Depuis le 13 mars, date à laquelle le parti du Choix démocratique du Kazakhstan a été qualifié d’organisation extrémiste, des dizaines de personnes ont été convoquées par la police aux fins d’interrogatoire, et certaines ont été placées en détention. Amnesty International a publié une action urgente sur le cas d’Akmaral Tobylova, qui a depuis lors été libérée pour raisons médicales mais reste inculpée de financement d’une organisation extrémiste, simplement pour avoir consulté le site Internet du parti du Choix démocratique du Kazakhstan (voir https://www.amnesty.org/fr/documents/eur57/8236/2018/fr/).

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