Écrire Un universitaire en grêve de la faim est dans un état critique

La santé de Nasser bin Ghaith s’est gravement détériorée. Cet éminent économiste et universitaire émirien observe une grève de la faim depuis plus de 70 jours dans la prison d’Al Razeen, aux Émirats arabes unis, pour dénoncer les conditions de détention et la privation de soins médicaux dans cet établissement. Cet homme est un prisonnier d’opinion.
Le défenseur des droits humains Nasser bin Ghaith, incarcéré dans la prison de haute sécurité d’Al Razeen, au milieu du désert d’Abou Dhabi, a observé des grèves de la faim de diverses durées depuis le 7 octobre 2018. Sur une période de plus de 70 jours, il n’a absorbé qu’une petite quantité de nourriture à quelques reprises et sa santé s’est gravement détériorée. Il proteste contre les mauvais traitements infligés aux détenus par les autorités pénitentiaires, notamment la privation de soins médicaux et l’irrégularité des autorisations de visite pour les familles. Avant son arrestation et son placement en détention, Nasser bin Ghaith souffrait déjà d’une hypertension artérielle qui a entraîné une cardiomégalie (augmentation du volume du cœur) et un début de stéatose hépatique (accumulation de graisse dans les cellules du foie). Selon des informations dignes de foi, sa vue a fortement baissé et il trop faible pour se lever et marcher sans assistance, en raison de sa grève de la faim. Nasser bin Ghaith demande également sa libération depuis la grâce présidentielle accordée à l’universitaire britannique Matthew Hedges le 26 novembre 2018, une semaine après la condamnation de celui-ci à la réclusion à perpétuité pour espionnage.
Nasser bin Ghaith purge une peine de 10 ans de réclusion prononcée contre lui le 29 mars 2017 par la Cour d’appel fédérale à Abou Dhabi, la capitale des Émirats arabes unis. Il a été déclaré coupable de divers chefs d’accusation, notamment de « publication de fausses informations » sur les dirigeants des Émirats Arabes Unis et leurs politiques, en raison de tweets dans lesquels il disait ne pas avoir bénéficié d’un procès équitable dans l’affaire des « Cinq des Émirats » », qui concernait également quatre autres Émiriens. Nasser bin Ghaith a aussi été déclaré coupable de « communication et coopération avec des membres de l’organisation interdite al Islah », pour avoir rencontré des personnes soupçonnées d’entretenir des liens avec cette organisation.

En 2011, dans l’affaire dite des « Cinq des Émirats », Nasser bin Ghaith et quatre militants émiriens, dont le défenseur des droits humains Ahmed Mansoor, ont fait l’objet d’un procès inique pour avoir appelé sur Internet à l’adoption de réformes économiques, politiques et sociales aux Émirats arabes unis. Le 27 novembre 2011, ils ont été déclarés coupables d’avoir « insulté publiquement » le président, le vice-président et le prince héritier d’Abou Dhabi. Nasser bin Ghaith a été condamné à une peine de deux ans d’emprisonnement. Le lendemain, il a bénéficié, tout comme ses quatre coaccusés, d’une grâce présidentielle.
Le 18 août 2015, Nasser bin Ghaith a été arrêté sur son lieu de travail par la Sûreté de l’État émirienne et soumis à une disparition forcée. Le 4 avril 2016, il a été vu pour la première fois depuis sa « disparition », lorsqu’il a été présenté à la Chambre de la sûreté de l’État de la Cour suprême fédérale pour l’ouverture de son procès. Il était notamment accusé d’avoir « publié de fausses informations » sur les dirigeants des Émirats Arabes Unis et leurs politiques, pour avoir publié des tweets dans lesquels il disait ne pas avoir bénéficié d’un procès équitable dans l’affaire des « Cinq des Émirats » ». Nasser bin Ghaith a été déclaré coupable de « communication et coopération avec des membres de l’organisation interdite al Islah », pour avoir rencontré des personnes soupçonnées d’entretenir des liens avec cette organisation. Au cours des deux premières audiences de son procès, il a expliqué à la Cour qu’il avait été détenu dans un lieu tenu secret et soumis à des passages à tabac et à une privation de sommeil délibérée pendant près de huit mois. Le juge n’a pas tenu compte de ses déclarations et a refusé de diligenter une enquête indépendante sur ses allégations de torture et de mauvais traitements. Outre les chefs d’accusation évoqués plus haut, Nasser bin Ghaith a aussi été déclaré coupable d’avoir « commis un acte hostile envers un État étranger » parce qu’il avait critiqué les autorités égyptiennes sur Twitter, et d’avoir « critiqué de manière offensante la construction d’un temple hindou à Abou Dhabi et dressé des citoyens émiriens contre leurs dirigeants et leur gouvernement », en référence à un tweet destiné à prôner la tolérance et que, selon lui, la Cour a mal interprété. Nasser bin Ghaith n’a pas pu préparer convenablement sa défense, les autorités émiriennes ayant limité son accès à son avocat.
Amnesty International a recueilli des informations faisant état de mauvais traitements et de torture dans la prison de haute sécurité d’al Razeen, située au milieu du désert d’Abou Dhabi et placée sous le contrôle de facto de la Sûreté de l’État. Le 11 novembre 2015, Mohammed al Roken, un défenseur des droits humains incarcéré dans la prison d’Al Razeen, a été réveillé dans sa cellule par de la musique à plein volume. En août 2013, 18 prisonniers ont entamé une grève de la faim pour protester contre le traitement que leur réservaient les autorités pénitentiaires, dénonçant notamment les passages à tabac infligés par des gardiens, les restrictions apportées aux visites familiales et les privations de lumière. Trois d’entre eux ont perdu connaissance parce que les autorités pénitentiaires avaient délibérément désactivé la climatisation alors que la température était très élevée. Au moins 10 prisonniers d’opinion ont été soumis à des mauvais traitements dans la prison d’Al Razeen en juin 2014. Selon le témoignage de détenus et de leurs proches, les prisonniers politiques de la prison d’Al Razeen sont tout particulièrement victimes de discrimination. Les prisonniers se sont plaints aux autorités de leurs conditions de détention, mais sans résultat. En mars 2014, les familles de prisonniers incarcérés dans la prison d’Al Razeen ont adressé au procureur général d’Abou Dhabi une lettre commune, dans laquelle elles lui demandaient d’enquêter sur les allégations faisant état de mauvais traitements à l’égard des prisonniers. Elles n’ont reçu aucune réponse.
Parallèlement, le Britannique Matthew Hedges, doctorant de l’Université de Durham, a été libéré à la faveur d’une grâce présidentielle le 26 novembre 2018. Il avait été appréhendé le 5 mai 2018 à l’aéroport international de Doubaï, alors qu’il quittait les Émirats arabes unis au terme d’un voyage de recherche. Après son arrestation, il avait été incarcéré dans une prison d’Abou Dhabi et détenu à l’isolement durant cinq mois. Le 21 novembre, il avait été condamné à la réclusion à perpétuité pour espionnage contre les Émirats arabes unis.
Nom : Nasser bin Ghaith
Homme

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