Écrire Un universitaire ouïghour incarcéré pour « incitation à l’extrémisme »

L’éminent historien et éditeur ouïghour Iminjan Seydin a été reconnu coupable d’« incitation à l’extrémisme » à l’issue d’un procès secret et manifestement inique en février 2019.
Sa fille n’a été informée de sa condamnation ces derniers mois que grâce au bouche-à-oreille.

Disparu depuis mai 2017, il a été condamné à une peine de 15 ans d’emprisonnement.
Aucune preuve retenue à son encontre n’a été rendue publique.

Iminjan Seydin était professeur d’histoire à l’Institut islamique du Xinjiang et a fondé la maison d’édition Xinjiang Imin Book Publishing Company. Depuis 2012, il a publié plus de 350 ouvrages traitant de sujets comme la science, la psychologie, l’éducation linguistique et l’éducation des enfants. Il consacre son énergie à renforcer les échanges culturels. En raison de son incarcération, l’Institut islamique du Xinjiang a mis fin à son contrat. Sa fille, Samira Imin, travaille actuellement à la Faculté de médecine de Harvard.

Les Ouïghours sont une minorité ethnique principalement de confession musulmane. Ils vivent surtout dans la région autonome ouïghoure du Xinjiang, en Chine. Depuis les années 1980, ils sont la cible de violations graves et systématiques des droits humains : arrestations et incarcérations arbitraires, détention au secret, restrictions de la liberté de religion et de l’exercice des droits sociaux et culturels, notamment. Les autorités locales continuent de contrôler étroitement la pratique religieuse, y compris en interdisant à tous les fonctionnaires et aux mineurs de moins de 18 ans de fréquenter les mosquées.

Les politiques gouvernementales chinoises limitent l’usage de la langue ouïghoure, imposent des restrictions sévères à la liberté religieuse et soutiennent l’arrivée en masse de migrants hans dans la région.

Les médias ont fait état de l’ampleur et de la sévérité des nouvelles mesures en matière de sécurité qui ont été appliquées depuis l’arrivée au pouvoir, en 2016, de Chen Quanguo, le nouveau secrétaire du parti dans la région du Xinjiang. En octobre 2016, ils ont relayé de nombreuses informations faisant état de la confiscation de passeports ouïghours par les autorités de la région dans le but de limiter davantage encore le droit de circuler librement.

En mars 2017, les autorités du Xinjiang ont adopté le « Règlement de lutte contre l’extrémisme », qui définit et interdit un large éventail de comportements qualifiés d’« extrémistes », tels que la « diffusion de pensées extrémistes », le fait de critiquer ou de refuser d’écouter ou de regarder des émissions de la radio et de la télévision publiques, le port de la burqa, le port d’une barbe « anormale », le fait de s’opposer aux politiques nationales, et la publication, le téléchargement, le stockage et la lecture d’articles, de publications ou de matériel audiovisuel présentant un « contenu extrémiste ».
Cette réglementation a en outre instauré un « système de responsabilisation » destiné aux cadres du gouvernement pour les activités de « lutte contre l’extrémisme », et mis en place une évaluation annuelle de leurs performances.

On estime que jusqu’à un million de Ouïghours, de Kazakhs et d’autres membres d’ethnies à majorité musulmane sont détenus dans des centres de « transformation par l’éducation ». Les autorités chinoises ont nié l’existence de ces lieux jusqu’en octobre 2018, et ont ensuite affirmé qu’il s’agissait de centres de « formation professionnelle » gratuite et volontaire. Selon elles, l’objectif de cette formation est de fournir des enseignements techniques et professionnels pour permettre à ces personnes de trouver un emploi et de devenir des citoyens « utiles ». Les explications de la Chine, cependant, contredisent les informations recueillies auprès d’anciens détenus faisant état de coups, de privation de nourriture et de détention à l’isolement.

La Chine a refusé les demandes de la communauté internationale, y compris d’Amnesty, concernant la possibilité pour des experts indépendants de se rendre librement dans la région du Xinjiang. En revanche, elle a multiplié les efforts pour faire taire les critiques en invitant des délégations de divers pays à se rendre au Xinjiang pour des visites soigneusement orchestrées et surveillées de près.

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