Écrire Violente répression à la suite des élections

Au moins 13 personnes auraient été tuées, de très nombreuses personnes arrêtées et d’autres blessées du fait de la répression violente des manifestations qui ont fait suite à l’élection présidentielle au Honduras, le 26 novembre.

Un changement soudain des résultats de l’élection présidentielle au Honduras a fait basculer le pays dans un état de tension et de violence depuis la clôture du scrutin le 26 novembre. Le 29 novembre, après plusieurs jours sans qu’aucune information officielle sur les résultats de l’élection n’ait été rendue publique, la commission électorale, le Tribunal suprême électoral (Tribunal Supremo Electoral, TSE) a déclaré vainqueur le président sortant, Juan Orlando Hernández. Cette annonce fut un revirement radical par rapport à la première tendance révélée par cette même commission le 27 novembre, qui avait annoncé une avance de cinq points en faveur du candidat de l’opposition, Salvador Nasralla.

Cette annonce a suscité des manifestations massives et des barricades ont été érigées sur plusieurs routes à travers le pays, en réaction à l’absence de transparence dans le traitement et le décompte des votes. Les forces de sécurité honduriennes ont réprimé avec violence ces manifestations. Le 1er décembre, les autorités ont instauré par décret l’état d’urgence pour une période de 10 jours. Le décret établit un couvre-feu restreignant le droit de circuler librement la nuit et pourrait englober la mobilisation des forces armées en appui à la police nationale pour maintenir l’ordre et la sécurité.

Selon les informations fournies à Amnesty International par des organisations locales, depuis le 29 novembre, les cas de recours à une force excessive contre les manifestants se multiplient, notamment l’usage des canons à eau, des gaz lacrymogènes et des armes à feu. À ce jour, au moins 13 personnes auraient été tuées, dont un mineur, lors des manifestations, en soirée et pendant le couvre-feu. Des dizaines de personnes ont été arrêtées et placées en détention, dont des mineurs, et d’autres ont été blessées durant les opérations de répression des manifestations. De vives préoccupations demeurent quant au respect des droits à la vie, à l’intégrité physique, à une procédure régulière, à la liberté d’expression, de réunion et de manifestation pacifique.

En 2015, dans un jugement controversé, la Cour suprême de Justice a déclaré inapplicable l’article 239 de la Constitution, qui interdit la réélection présidentielle, ouvrant la voie à la réélection de hauts responsables, comme le président de l’époque Juan Orlando Hernández.

Le 26 novembre 2017, l’élection présidentielle a eu lieu au Honduras. Dans la matinée du 27 novembre, le Tribunal électoral suprême a publié une première estimation des résultats, fondée sur le décompte dans 57 % des bureaux de vote, qui donnait cinq points d’avance au candidat de l’opposition Salvador Nasralla sur le président sortant du Honduras, Juan Orlando Hernández. Les deux candidats se sont déclarés vainqueurs.

D’après le rapport préliminaire de la Mission d’observation électorale de l’Organisation des États américains (OEA) au Honduras, publié après le scrutin, « le système de publication des résultats, que le public peut consulter en ligne, n’a pas été mis à jour [à la suite de la première annonce du Tribunal électoral suprême] le 27 novembre. Après examen, la Mission a observé que la différence entre les candidats s’est réduite. » Dans l’après-midi du 29 novembre, le Tribunal électoral suprême a annoncé un résultat différent, désignant Juan Orlando Hernández vainqueur.

Le Honduras est l’un des pays les plus violents au monde, les taux d’homicides et le niveau d’insécurité y sont très élevés. La population ne fait guère confiance aux institutions, notamment parce que l’impunité prévaut pour la majorité des crimes et que les signes de corruption ou d’implication des forces étatiques dans des activités criminelles se multiplient.
Les défenseurs des droits humains sont particulièrement exposés à la violence. Le Honduras est l’un des pays les plus dangereux d’Amérique latine pour les défenseurs des droits humains, en particulier pour les défenseurs de l’environnement et du droit à la terre.

En février 2017, Amnesty International a fait part de se préoccupations quant aux réformes du Code pénal, concernant le crime de terrorisme. En effet, les nouvelles réglementations, formulées en termes vagues, pourraient déboucher sur une mise en œuvre arbitraire et inadéquate dans le contexte de manifestations pacifiques, ou sur la criminalisation des défenseurs des droits humains.

En raison du coup d’État du 28 juin 2009, au cours duquel ont été adoptés diverses mesures d’exception et couvre-feux, de graves violations des droits humains imputables aux forces de sécurité honduriennes ont été signalées.

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