Le 9 mai 2021, Victor Yeimo, porte-parole du Comité national de Papouasie occidentale (Komite Nasional Papua Barat, KNPB), a été arrêté par une unité spéciale de police (Satgas Nemangkawi) à Djayapura, capitale de la province de Papouasie. La police l’a inculpé de trahison pour une déclaration faite en 2019, lors de manifestations contre le racisme, dans laquelle il appelait à la tenue d’un référendum sur l’indépendance.
Victor Yeimo a été appréhendé sans mandat à 19 h 15 alors qu’il se trouvait au niveau d’un kiosque, à Djayapura. Ses avocats ont reçu des mandats d’arrêt et de détention le lendemain à 18 heures, en violation du Code indonésien de procédure pénale, en vertu duquel un mandat d’arrêt doit être présenté au moment de l’arrestation.
Le soir même de son arrestation, Victor Yeimo a été transféré du centre de détention de la police régionale de la province de Papouasie, à Djayapura, au quartier général de la brigade de police mobile (Mako Brimob) à Abepura, sans que ses avocats en soient informés. Ce transfert à la prison de la Mako Brimob a pour conséquences une sécurité accrue et, très probablement, des difficultés pour communiquer avec Victor Yeimo.
Le dossier de Victor Yeimo a été transmis au procureur et la date de son procès a été fixée au 24 août 2021. Amnesty International craint que ce procès ne soit dépaysé dans une autre ville, comme l’a été le procès des Sept de Balikpapan. Si tel est le cas, il sera plus difficile pour ses avocats et sa famille de lui rendre visite. Victor Yeimo doit être libéré ou, au lieu d’être maintenu en détention dans la cellule d’isolement de la Mako Brimob, transféré dans la prison d’État pendant son procès.
Victor Yeimo a été inculpé d’infraction à l’article 106 (trahison) et à l’article 110 (trahison avec complot) du Code pénal indonésien. S’il est déclaré coupable, il risque la réclusion à perpétuité.
Les autorités indonésiennes ont utilisé des dispositions du Code pénal, essentiellement les articles 106 et 110, afin de poursuivre plusieurs militants pacifiques indépendantistes papous n’ayant fait qu’exercer pacifiquement leurs droits fondamentaux, notamment leurs droits à la liberté d’expression, d’association et de réunion pacifique.
Amnesty International ne prend aucunement position sur le statut politique des provinces ou autres subdivisions de l’Indonésie, ni d’aucun autre pays, y compris en ce qui concerne les appels à l’indépendance. Cependant, l’organisation considère que le droit à la liberté d’expression, y compris le droit de plaider en faveur de l’autodétermination ou d’autres statuts politiques, quand il est exercé de manière pacifique, doit être respecté et protégé.