Écrire Un défenseur tchétchène des droits humains emprisonné

Le 18 mars, le tribunal municipal de Shali a condamné Oyoub Titiev, responsable du bureau à Grozny, en Tchétchénie, de l’ONG russe de défense des droits humains Memorial, à quatre années de détention dans une colonie pénitentiaire, sur la base d’infractions à la législation sur les stupéfiants, accusations forgées de toutes pièces. Avant ce jugement, il a déjà passé un an et deux mois derrière les barreaux en détention provisoire.

AUCUNE ACTION COMPLÉMENTAIRE N’EST REQUISE. UN GAND MERCI À TOUS CEUX QUI ONT ENVOYÉ DES APPELS.

L’éminent défenseur tchétchène des droits humains Oyoub Titiev a été condamné le 18 mars à quatre ans de détention dans une colonie pénitentiaire. L’infraction dont il a été déclaré coupable a été requalifiée de grave à modérée, prenant en considération l’absence de précédentes condamnations et l’âge de l’accusé. En outre, le temps qu’il a passé en détention provisoire depuis janvier 2018 sera pris en compte comme du temps passé à purger sa peine. Ainsi, il pourra demander une libération conditionnelle anticipée lorsqu’il aura purgé un tiers de sa peine, en mai 2019.

Arrêté par la police le 9 janvier 2018, Oyoub Titiev a été accusé à tort de détention de stupéfiants et placé en détention provisoire. Son procès s’est ouvert devant le tribunal municipal de Shali, en Tchétchénie, le 19 juillet 2018 et s’est terminé le 11 mars 2019, lorsque l’accusation a requis quatre ans de détention et une amende de 100 000 roubles (environ 1 380 euros) à son encontre. Son procès a été entaché de nombreuses irrégularités et son droit à un procès équitable bafoué à maintes reprises. Au fil des audiences, il est apparu clairement que le dossier de l’accusation ne résistait pas à un examen même élémentaire.

Les efforts conjoints de nombreux soutiens d’Oyoub Titiev, en Russie comme à l’étranger, notamment d’autres défenseurs des droits humains, de journalistes et de diplomates, ainsi que de militants d’Amnesty International, ont donné une visibilité cruciale à cette affaire et permis de faire pression sur les autorités. Ces initiatives ont également apporté un certain niveau de protection à Oyoub Titiev contre la torture et les autres mauvais traitements, fréquemment employés en Tchétchénie et en Russie pour extorquer des « aveux ».

Grâce à l’attention internationale portée à cette affaire, ses avocats ont pu se rendre en toute sécurité en Tchétchénie, sans subir d’actes de harcèlement ni d’autres formes de pression auxquels sont bien souvent confrontés les avocats dans le Caucase du Nord (voir : https://www.amnesty.org/fr/documents/EUR46/003/2013/fr/). Cela a également permis de faire pression sur les autorités en Tchétchénie pour que des observateurs internationaux, des défenseurs des droits humains, des journalistes, des proches et des amis de l’accusé puissent assister au procès sans entrave.

Amnesty International continuera de faire campagne pour soutenir Oyoub Titiev et réclamer sa libération immédiate et inconditionnelle. Sa condamnation devrait être annulée car il s’agit d’un prisonnier d’opinion incarcéré uniquement en raison de son travail en faveur des droits humains en Tchétchénie. Comme il l’a indiqué dans sa déclaration finale au tribunal le 11 mars : « Nous nous battrons jusqu’au bout, jusqu’à ce que mon innocence soit pleinement reconnue et que les responsables soient sanctionnés. »

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