Le 27 juin, le président zimbabwéen, s’adressant au comité central de l’Union nationale africaine du Zimbabwe-Front patriotique (ZANU-PF), a mis en garde contre « les éléments incontrôlés sous forme de partis politiques d’opposition déterminés à colporter des mensonges et à encourager des troubles civils, en particulier avant, pendant et après des événements régionaux et mondiaux ». Il a ajouté que « de tels actes seraient traités avec fermeté ». Le 28 juin, le ministre de l’Information, de la Publicité et des services de Radiodiffusion a publié une déclaration mettant en garde contre « les éléments criminels et opportunistes au sein de l’opposition, certains responsables politiques et certaines organisations de la société civile » et affirmant que les forces de l’ordre appréhenderont ceux qui « sapent le système judiciaire en semant le chaos et le désordre ».
À ce jour, environ 160 personnes ont été arrêtées, dont des membres de partis politiques d’opposition, des militant·e·s et des défenseur·e·s des droits humains.
• Le 29 juin, cinq membres du Groupe de travail national démocratique ont été arrêtés dans une résidence privée à Kuwadzana, à Harare, pour avoir organisé un rassemblement « non autorisé ». Le groupe se réunissait au sujet de la contribution monétaire mensuelle pour aider des familles vulnérables et défavorisées.
• Le 3 juillet, la police a arrêté six autres membres du média Community Voices Zimbabwe, à Gokwe, dans la province des Midlands.
• Le 24 juillet, 44 membres du syndicat étudiant Zimbabwe National Students Union (ZINASU), dont Emmanuel Sitima, le dirigeant de celui-ci, ont été arrêtés lors de l’assemblée générale de leur conseil. Les militant·e·s ont été frappés avant d’être placés en garde à vue, puis libérés après avoir été contraints de payer des amendes pour leur aveu de culpabilité en relation avec des « troubles à l’ordre public ». Les étudiant·e·s soutiennent qu’ils n’ont commis aucune infraction et contesteront ces poursuites.
• Le 31 juillet, des militant·e·s parmi lesquels Namatai Kwekweza, Robson Chere, Samuel Gwezi et Vusumuzi Moyo ont été forcés à descendre d’un avion et arrêtés par des représentants de l’État. Ils ont tous les quatre été placés en détention pendant huit heures sans avoir accès à leur avocat. Robson Chere, dirigeant du Syndicat des enseignants ruraux du Zimbabwe (ARTUZ), a été torturé pendant sa détention. Ces militant·e·s ont été accusés de « troubles à l’ordre public » pour avoir participé à une manifestation pacifique devant le tribunal de première instance de Harare, en faveur de la libération des 76 membres de la Coalition des Citoyens pour le Changement (CCC) qui comparaissaient dans le cadre d’une audience de mise en détention provisoire. Le groupe s’est vu refuser la libération sous caution, même Robson Chere, dont les blessures étendues l’exposent pourtant à un risque d’insuffisance rénale et de mort s’il ne reçoit pas des soins médicaux adéquats dans l’établissement médical de son choix.
• Le 1er août, John Houghton, député de Kariba, et 13 autres personnes ont été arrêtés dans la ville de Kariba pour avoir organisé une manifestation pacifique contre le maintien en détention de Jameson Timba, chef de la CCC, et de 74 militant·e·s de ce parti. Le même jour, Bruce Moyo, conseiller représentant le quartier 22 Nkulumane, à Bulawayo, a été arrêté par des représentants de l’État pour avoir prétendument organisé une manifestation anti-gouvernementale exigeant la fin du « régime de parti unique » et pour avoir dénoncé l’arrestation de Jameson Timba, et d’autres résident·e·s de Harare. Il sera maintenu en détention jusqu’à sa comparution devant le tribunal prévue le 16 août. Gideon Shoko, sénateur de Bulawayo, a également été appréhendé le même jour.
• Le 2 août, plusieurs arrestations ont eu lieu, dont celle de l’évêque Kevin Nyamakanga, à son domicile à Harare pour « complot visant à inciter à la violence publique lors du sommet de la SADC » ; Jacob Ngarivhume, chef du parti politique d’opposition Transform Zimbabwe, a été arrêté à Mutare puis transféré à Harare où il a été inculpé aux côtés de Kelvin Gonde pour participation à un « rassemblement illégal et des troubles de l’ordre public » ; accusés de « complot en vue de commettre des actes de violence publique destinés à perturber l’organisation réussie du sommet de la SADC », 11 résidents ont également été arrêtés à Mutare pour s’être rassemblés dans une maison.
• Le 3 août, Brian Nyoni et Tineyi Munetsi ont été arrêtés séparément. Brian Nyoni a été placé en garde à vue au poste de police de Hwange et interrogé par la police, qui a également confisqué son téléphone. Il a été libéré au bout de deux heures sans inculpation après que la police a nié le détenir. Tineyi Munetsi a été arrêté et accusé d’avoir participé aux manifestations antigouvernementales de janvier 2019. Tineyi Munetsi a également contesté le résultats des élections législatives de 2023.
• Le 4 août, le député de l’opposition Daniel Molokele et la conseillère Ellen Zulu se sont présentés au poste de police de Hwange après avoir été convoqués par la police de la République du Zimbabwe. Ils ont été autorisés à repartir au bout de deux heures, après avoir été interrogés au sujet d’allégations selon lesquelles ils avaient tenté de mobiliser des personnes afin de les inciter à protester lors du sommet de la SADC. Daniel Molokele et Ellen Zulu ont nié ces allégations, et ont été mis en garde contre la mobilisation de personnes dans le but de protester et de faire inscrire leurs revendications dans la loi.