Le 23 mai 2020, Ebrahim Ahmed Radi al Moqdad a été libéré de la prison de Jaww, après que le roi de Bahreïn a émis la veille un décret, à l’occasion de l’Aïd al Fitr, graciant 154 prisonniers ayant purgé la majeure partie de leur peine. Auparavant, le 18 mars 2020, Jehad Sadeq Aziz Salman a fait partie de 1 486 détenus remis en liberté dans le cadre de mesures visant à lutter contre la propagation du COVID-19. Parmi ces prisonniers, 901 ont bénéficié d’une grâce royale pour « raisons humanitaires » tandis que les 585 autres, dont Jehad, ont vu leur peine commuée en peine non privative de liberté.
Jehad et Ebrahim ont été arrêtés le 23 juillet 2012 lors d’une manifestation antigouvernementale organisée à Bilad al Qadeem, à l’ouest de Manama. Ils étaient alors mineurs. Ils ont dû attendre près de 48 heures avant de pouvoir parler avec leurs familles ou contacter leurs avocats. Aucun avocat n’a assisté à leur interrogatoire. Leur procès a eu lieu devant la Haute Cour criminelle de Manama, qui les a jugés aux côtés de quatre adultes.
Le 4 avril 2013, les deux adolescents ont été condamnés à 10 ans d’emprisonnement, et des peines de 10 ou 15 ans ont été prononcées contre les hommes jugés avec eux. Ils ont été déclarés coupables, en vertu de certains articles du Code pénal bahreïnite et de la loi antiterroriste de 2006, d’avoir eu l’intention de tuer des policiers, d’avoir brûlé des pneus sur un grand axe de circulation, utilisé la force contre deux policiers et mis le feu à une voiture de police, de rassemblement illégal en vue de commettre des infractions et de porter atteinte à la sécurité publique, et de détention de cocktails Molotov.
Selon les avocats de l’un d’eux, leur condamnation se fondait sur des « aveux » qu’ils disent avoir été contraints de signer, en l’absence d’un avocat ou d’un proche, et sur lesquels ils sont ensuite revenus lors de leur procès. Le 29 septembre 2013, la Haute Cour criminelle d’appel a confirmé les peines prononcées dans cette affaire, et la Cour de Cassation les a également validées par la suite.
Au fil des années, les membres d’Amnesty International ont organisé des actions de solidarité en faveur de Jehad et Ebrahim. Même si ces derniers ne pouvaient pas recevoir de lettres en prison, eux et leurs familles ont eu connaissance de ces actions.