AFR 25/036/2006
Informations complémentaires sur l’AU 279/06 (AFR 25/032/2006, 13 octobre 2006)
Torture / Détention au secret
ÉTHIOPIE : Alemayehu Fantu (h), homme d’affaires, 50 ans environ
3 novembre 2006
Alemayehu Fantu a été libéré sans inculpation le 26 octobre 2006. Amnesty International pense qu’il a été privé de liberté pour avoir exprimé ses opinions sans recourir à la violence ni prôner son usage, et qu’il s’agissait par conséquent d’un prisonnier d’opinion.
L’organisation reste préoccupée par le fait qu’il a été torturé en détention et craint que les déclarations qui lui ont été extorquées sous la torture ne soient par la suite utilisées contre lui ou contre d’autres par les tribunaux. En Éthiopie, il est rare que les juges ouvrent des enquêtes sur les allégations de torture. Par le passé, il est arrivé que des magistrats admettent des déclarations à titre d’éléments de preuve alors que leurs auteurs affirmaient qu’elles leur avaient été arrachées sous la torture.
Alemayehu Fantu, propriétaire d’une chaîne de supermarchés, a été arrêté par la police le 5 octobre et emmené au poste de police du woreda (district) 8, dans le quartier de Gulele (Addis-Abeba), où il a été placé en détention au secret. Il a été présenté à une autorité judiciaire le 6 octobre et placé en détention provisoire sans avoir été inculpé. Lorsqu’il a de nouveau été présenté à un juge, le 12 octobre, il pouvait à peine marcher, selon des témoins. Certains éléments, notamment ses ecchymoses et les marques qu’il avait sur les pieds, montraient qu’il avait été torturé. D’après certaines sources, il pourrait avoir été soumis à des décharges électriques.
Amnesty International pense que cet homme a été arrêté pour des raisons liées à la publication clandestine par la Coalition pour l’unité et la démocratie (CUD), un parti d’opposition, d’un calendrier d’action de désobéissance civile non violente. Cent sept autres personnes ont été appréhendées par la police éthiopienne et placées dans le même poste de police, probablement aussi en raison de la diffusion de ce calendrier. Toutes ont été libérées, à l’exception de deux d’entre elles. Parmi les personnes relâchées figurait Yalemzewd Bekele, un avocat travaillant pour la Commission européenne, qui a dû verser une caution (voir l’AU 282/06, AFR 25/033/2006, 19 octobre 2006, et suivante). Les deux jeunes gens qui sont toujours en détention sont Solomon Alemu, étudiant, et Yonas Wondeafrash, lycéen.
Merci à tous ceux qui sont intervenus en faveur d’Alemayehu Fantu ; Amnesty International pense que ces appels sont pour beaucoup dans sa libération. L’organisation de défense des droits humains continuera à suivre de près sa situation et celle des deux jeunes gens qui sont toujours détenus. Aucune action complémentaire n’est requise de la part des membres du Réseau Actions urgentes pour le moment.
Le réseau des actions urgentes (AU) a proposé un nombre particulièrement élevé d’actions cette année et la liste n’est pas encore finie ! Fin juin, nous comptions pour 2006 183 AU et 165 mises à jour visant près de 60 pays et mettant en lumière des dizaines de sujets de préoccupation. Côté résultats, plus de 50 AU lancées cette année sont déjà closes dont une grande partie a connu un dénouement positif. Les sujets de préoccupation les plus traités cette année ont été :« craintes pour la sécurité », « craintes de tortures », « mauvais traitement », « peine de mort » et « détention au secret ». Cependant, le réseau des AU continue d’élargir le champ des motifs d’intervention : « privation de nourriture », « santé », « expulsions », etc.
Quelques bonnes nouvelles !
Burundi — libération de deux détenus : Thacien Sibomana et Poppon Mudugu, membres de l’AC Génocide Cirimoso, qui s’efforce de prévenir un nouveau génocide au Burundi, ont été libérés, aucune charge n’ayant été retenue contre eux (AFR 16/0082006).Brésil — Maria Aparecida Denadai n’est plus en danger : grâce à la campagne menée en sa faveur, elle peut aujourd’hui bénéficier d’une protection policière suffisante et adaptée (AMR 19/004/2006).