Communiqué de presse

Myanmar — Zarganar est libre !

Amnesty International se réjouit de la libération d’au moins 120 prisonniers politiques au Myanmar aujourd’hui, parmi lesquels le célèbre comique Zarganar, soutenu par des miliiers de Belges cette année. Mais les autorités doivent aussi libérer immédiatement et inconditionnellement tous les prisonniers de conscience encore retenus.

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Les prisonniers d’opinion Zarganar, Su Su Nway et Zaw Htet Ko Ko ont été libérés aux termes d’une vaste mesure d’amnistie au Myanmar, aboutissement d’un travail de campagne soutenu mené par des organisations de défense des droits humains, dont Amnesty International.

Dans le monde entier, les membres d’Amnesty International ont fait campagne en faveur de la libération de ces trois prisonniers politiques en écrivant des lettres, en signant des pétitions et en faisant pression sur les gouvernements.

« Nous nous réjouissons que ces personnes, pour lesquelles nous nous battons depuis des années, aient été remises en liberté, a indiqué Sam Zarifi, directeur du programme Asie-Pacifique d’Amnesty International. La libération désormais confirmée de plus de 200 prisonniers politiques au mois d’octobre montre que toutes ces lettres et pétitions ont un impact réel sur des cas individuels.

« Cependant, le travail est loin d’être achevé, quand on sait qu’un grand nombre de prisonniers politiques se trouvent toujours derrière les barreaux. Cette amnistie doit inciter la communauté internationale à continuer de faire pression sur les autorités du Myanmar pour qu’elles libèrent immédiatement l’ensemble des prisonniers politiques. »

Le gouvernement du Myanmar a annoncé que cette dernière grâce de prisonniers avait été décidée pour des motifs humanitaires en faveur des détenus âgés, malades et handicapés.

« Quelle ironie, lorsque l’on sait que les prisonniers politiques sont systématiquement incarcérés dans des prisons isolées, éloignées des hôpitaux et de leurs réseaux de soutien, qu’on leur inflige de manière délibérée des mauvais traitements et qu’on leur refuse des soins médicaux, dans le but de ruiner leur santé et de les briser moralement », a estimé Sam Zarifi.

Zarganar, Su Su Nway et Zaw Htet Ko Ko n’ont pas fait exception à la règle.

Zarganar, l’un des humoristes les plus célèbres de son pays, purgeait une peine de 35 ans dans une prison de l’État kachin, lorsqu’il a été libéré. Âgé de 50 ans, il souffrait semble-t-il de problèmes de santé lorsqu’il était derrière les barreaux.

Il a été incarcéré en 2007 pour avoir dirigé un mouvement visant à collecter des fonds auprès de donateurs privés, le gouvernement ayant bloqué l’aide étrangère au lendemain du passage du cyclone Nargis. Il a régulièrement accordé des interviews à des médias étrangers, dans lesquelles il critiquait le gouvernement et alertait sur la crise humanitaire en cours, et a mobilisé plus de 400 bénévoles pour distribuer l’aide d’urgence.

Dans un documentaire réalisé en 2010, This Prison Where I Live, il raconte les mauvais traitements qui lui ont été infligés lors d’une précédente incarcération : « Ils me frappent, ils me rouent de coups de pied, et parfois ils utilisent un tuyau en caoutchouc. Ils s’en servent pour me frapper dans le dos et le ventre… Certains de mes amis dans cette prison ont tenté de se suicider. »

Lorsqu’elle a été libérée en octobre, la militante des droits des travailleurs Su Su Nway, âgée de 39 ans, purgeait une peine d’emprisonnement de sept ans et six mois, pour trahison et autres infractions liées à la sécurité définies en termes vagues.

Ses actions de contestation politique, qu’elle a poursuivi même incarcérée, lui ont valu d’être transférée dans une prison proche de la frontière avec l’État indien du Nagaland, loin de sa famille et de tout traitement médical, et ce en dépit de ses problèmes cardiaques. Quelques temps plus tard, une épidémie de tuberculose se serait déclarée dans cette prison.

Su Su Nway avait été arrêtée en novembre 2007 dans le cadre de la « révolution de safran », pour avoir placé une banderole antigouvernementale près de l’hôtel où résidait le rapporteur spécial des Nations unies sur la situation des droits de l’homme au Myanmar.

Su Su Nway a été la première citoyenne au Myanmar à obtenir gain de cause dans le cadre de poursuites engagées contre le gouvernement pour l’avoir soumise, ainsi que sa communauté, à des travaux forcés. En représailles, le gouvernement l’a incarcérée pendant huit mois.

Lorsqu’elle a été relâchée en 2006 au terme de cette première incarcération, elle a déclaré à Democratic Voice of Burma, média dissident basé à l’étranger : « J’emporte avec moi mon uniforme de détenue, parce que je sais que je retournerai en prison tant que le Myanmar n’aura pas accédé à la démocratie. »

Zaw Htet Ko Ko, bien qu’âgé de seulement 30 ans lors de sa libération, souffre lui aussi de problèmes de santé depuis qu’il a été incarcéré dans une prison de l’État d’Arakan, à plus de 660 kilomètres de sa famille établie à Yangon.

Peu après son arrestation en octobre 2007, son père a déclaré à Amnesty International qu’il craignait que son fils ne soit torturé en détention.

Lors de sa libération, Zaw Htet Ko Ko purgeait une peine de 10 ans de prison pour « incitation à troubler l’ordre public », en raison de sa participation à la « révolution de safran » en 2007.

Jeune membre et photographe officiel du groupe Étudiants de la génération 88, Zaw Htet Ko Ko fait partie de cette génération qui maîtrise bien Internet et a adopté les nouvelles technologies pour contourner la censure et communiquer avec le monde extérieur.

En août et septembre 2007, les autorités auraient effectué au moins cinq descentes à son domicile et auraient soumis sa famille à Yangon à de nombreuses menaces et manœuvres de harcèlement.

Son père U Aung Myint, exilé politique établi aux Pays-Bas, se souvient d’avoir demandé un jour à son fils s’il avait réfléchi aux conséquences de son militantisme.

Son fils lui avait alors répondu : « Oui, j’ai bien réfléchi à tous les risques que je prends. Mais si je ne le fais pas, qui le fera pour le peuple birman ? »

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