La défenseure des droits humains iranienne Narges Mohammadi actuellement prisonnière d’opinion, a interrompu le 16 juillet la grève de la faim qu’elle menait depuis 20 jours. Elle avait obtenu ce même jour l’autorisation de s’entretenir au téléphone pendant 30 minutes avec ses jumeaux, âgés de neuf ans. Dans une lettre ouverte écrite depuis la prison d’Evin, à Téhéran, et publiée le 23 juillet, elle indiquait que le substitut du procureur (placé sous l’autorité directe du procureur général) lui avait remis une déclaration écrite, dans laquelle il s’engageait à ce qu’elle puisse appeler ses enfants une fois par semaine. Elle menait une grève de la faim depuis le 27 juin, pour protester contre le refus des autorités de lui permettre de parler avec ses enfants. Ces derniers ont dû partir vivre à l’étranger avec leur père le 17 juillet 2015, car personne ne pouvait s’occuper d’eux en Iran après l’arrestation de leur mère.
Amnesty International Belgique francophone avait remis à l’ambassade d’Iran à Bruxelles plus de 11 000 signatures demandant que Narges Mohammadi puisse pouvoir communiquer avec ses proches, notamment ses enfants, et son avocat, qu’elle ait accès aux soins médicaux dont elle a besoin à l’extérieur de la prison et qu’elle soit libérée immédiatement et sans condition.
Narges Mohammadi souffre de plusieurs pathologies graves, et notamment de troubles neurologiques. Elle doit prendre des médicaments quotidiennement et suivre un traitement médical permanent, qu’elle ne peut pas recevoir en prison. Son état de santé physique s’est encore dégradé pendant sa grève de la faim. Comme elle souffrait de palpitations et d’une baisse de tension artérielle, elle a été transférée le 9 juillet de la prison d’Evin dans une clinique de Téhéran, pour y être soignée. Face à la détérioration de son état de santé et à l’émotion que sa grève de la faim avait suscitée dans le monde entier, les autorités ont menacé Narges Mohammadi, lui intimant l’ordre de cesser cette grève, car celle-ci faisait l’objet « d’une instrumentalisation de la part d’organes de presse ennemis ».
Narges Mohammadi a été informée que, si elle n’interrompait pas son action, elle ne serait pas autorisée à parler avec ses enfants. Elle a cependant refusé de céder.
À l’issue d’un procès inique en avril 2016, Narges Mohammadi a été condamnée à 16 ans de réclusion pour « création d’un groupe illégal », « rassemblement et collusion en vue de porter atteinte à la sécurité nationale » et « propagande contre le régime ». Elle purgeait déjà une peine de six ans d’emprisonnement pour une autre affaire. Ces deux condamnations sanctionnaient uniquement des activités pacifiques en faveur des droits humains.