Écrire 28 hommes soupçonnés d’être gays ont été arrêtés

Les forces de sécurité d’élite bangladaises ont arrêté 28 jeunes hommes le 19 mai 2017 lors d’un événement rassemblant plus de 150 personnes et connu pour être fréquenté par des membres de la communauté LGBTI. Accusés de possession de stupéfiants, ils sont actuellement en détention et risquent d’être à nouveau victimes d’actes de torture et d’autres mauvais traitements.

Le jeudi 18 mai 2017, entre 150 et 200 hommes se sont rassemblés pour un événement régulier connu pour être fréquenté par des membres de la communauté LGBTI à Keraniganj, une ville située au sud de Dacca, la capitale. À environ deux heures du matin, des membres du Bataillon d’action rapide (RAB), une unité d’élite anticriminalité et antiterroriste de la police bangladaise, ont effectué une descente dans le centre communautaire où avait lieu l’événement. Des organisations de défense des droits humains ont accusé le RAB d’être responsable de plusieurs violations des droits humains, notamment des exécutions extrajudiciaires, des actes de torture et des disparitions forcées.

Amnesty International a entendu de plusieurs sources que des membres du RAB ont agressé physiquement et verbalement beaucoup des hommes qui étaient présents et les ont forcés à se placer en ligne les uns à côté des autres. Ils les ont ensuite « inspectés » et ont arrêté ceux qu’ils soupçonnaient d’être homosexuels, en se basant sur leurs vêtements et leur gestuelle. Au moins 28 personnes ont été arrêtées, dont le propriétaire du centre communautaire ; les autres ont été autorisées à partir.

D’après des informations des médias, Jahangir Hossain Matuboor, le dirigeant du RAB, a déclaré que le RAB avait effectué une descente dans le centre communautaire à la suite de plaintes des habitants du quartier. Il a déclaré que des préservatifs et des stupéfiants avaient été trouvés sur les lieux, et qu’après avoir été arrêtés, ces hommes avaient tous admis pratiquer des « activités homosexuelles ».

Ces hommes ont ensuite été emmenés au poste de police de Keraniganj, où ils ont été inculpés de possession de stupéfiants au titre de la Loi de 1990 sur le contrôle des stupéfiants, une infraction passible d’une peine d’emprisonnement à perpétuité ou de la peine de mort. Le 19 mai 2017, un tribunal de Dacca a refusé la libération sous caution des 28 hommes arrêtés et a placé quatre d’entre eux en garde à vue. Au Bangladesh, la torture et les autres mauvais traitements sont courants en détention, et Amnesty International s’inquiète du bien-être des personnes arrêtées.

L’« homosexualité » est une infraction pénale au Bangladesh, et les « rapports charnels contre nature » (article 377 du Code pénal) sont passibles d’une peine d’emprisonnement à perpétuité. Ériger en infraction les relations homosexuelles privées et consenties est une violation des droits à la vie privée et à la non-discrimination et des obligations internationales du Bangladesh en matière de droits humains, notamment celles prévues par le Pacte international relatif aux droits civils et politiques.

Le harcèlement des personnes LGBTI par les forces de sécurité n’est pas rare au Bangladesh, et un grand nombre de personnes LGBTI ont dit à Amnesty International qu’elles hésitaient beaucoup à aller voir la police. Loin d’être protégées, les personnes qui ont signalé des atteintes déclarent qu’elles sont souvent harcelées par la police, qu’on leur dit de se montrer « moins provocantes » et qu’elles sont même menacées d’être arrêtées et inculpées pour « crime contre nature », au titre de l’article 377 du Code pénal.

La situation des membres de la communauté LGBTI au Bangladesh s’est considérablement détériorée depuis avril 2016, lorsque deux éminents militants LGBTI, Xulhaz Mannan et Mahbub Tonoy, ont été attaqués et tués à coups de machette par le groupe armé Ansar al Islam. Xulhaz Mannan était le dirigeant de Roopban, une organisation militante des droits des personnes LGBTI qui publiait également le seul magazine LGBTI du pays. Après ces homicides, les menaces à l’encontre de la communauté LGBTI se sont fortement accrues, obligeant beaucoup des membres de cette communauté à se cacher ou à quitter le Bangladesh pour assurer leur propre sécurité. L’autocensure est devenue la norme et même le peu d’activités organisées par des groupes comme Roopban ont presque toutes cessé.

Non seulement les représentants du gouvernement n’ont pas condamné les homicides, mais ils ont également fait des déclarations similaires à celles du ministre de l’Intérieur Asaduzzaman Kamal, qui a déclaré en avril 2016 que tout mouvement faisant la promotion du « sexe contre nature » était interdit dans la société bangladaise. Ces déclarations ont mis encore plus en danger les personnes LGBTI et indiquent qu’elles ne seront pas protégées par l’État. Pour plus d’informations, voir le récent rapport d’Amnesty International Bangladesh. Entre peur et répression, les voix dissidentes sont prises au piège (2 mai 2017) disponible à l’adresse https://www.amnesty.org/fr/latest/news/2017/05/bangladesh-dissenting-voices-trapped-between-fear-and-repression/

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