Écrire Un chercheur maintenu en détention se trouve dans un état critique

L’état de santé du chercheur sur les droits humains Ibrahim Ezz El Din, qui se trouve en détention, s’est détérioré à la prison de Tora, ce qui lui fait courir de grands risques en cas d’infection au COVID-19.

Arrêté le 11 juin 2019, Ibrahim Ezz El Din a été placé en détention provisoire et a été victime d’une disparition forcée pendant 167 jours, jusqu’à sa comparution devant le service du procureur général de la sûreté de l’État, le 26 novembre 2019.

Ibrahim Ezz el Din est chercheur à la Commission égyptienne des droits et des libertés, où il travaille essentiellement sur le droit au logement. Dans la nuit du 11 juin 2019, il a été arrêté par des membres des forces de sécurité égyptiennes en civil. Il a été appréhendé dans une rue à proximité de son domicile, dans le quartier de Moqattam, au Caire, puis soumis à une disparition forcée pendant 167 jours.

Ibrahim Ezz el Din a comparu pour la première fois devant le service du procureur général le 26 novembre 2019. D’après son avocat, il est apparu physiquement affaibli et avait perdu énormément de poids. Ibrahim Ezz el Din a déclaré au procureur qu’on l’avait torturé pendant sa détention au secret afin de lui arracher des informations sur ses liens avec la Commission égyptienne des droits et des libertés et sur le travail de celle-ci. Il a ajouté qu’on l’avait maintenu en détention dans des conditions inhumaines et dégradantes, dans différents locaux de l’Agence de sécurité nationale.

Depuis, le procureur a ordonné son maintien en détention provisoire tous les 15 jours, dans l’attente des conclusions de l’enquête.

Ibrahim Ezz el Din est la cinquième personne liée à la Commission égyptienne des droits et des libertés à avoir été appréhendée depuis 2016. Son arrestation a fait suite à celle d’un avocat spécialiste du droit du travail, Haytham Mohamdeen, qui travaille également à la Commission et a été placé en détention le 13 mai 2019, sur la base de charges sans fondement d’« assistance à un groupe terroriste ».

En mai 2018, les forces de sécurité égyptiennes avaient arrêté Amal Fathy, militante des droits humains et épouse de Mohamed Lotfy, directeur exécutif de la Commission et ancien chercheur d’Amnesty International, en raison d’une vidéo dans laquelle Amal Fathy dénonçait l’inaction des autorités face au fléau du harcèlement sexuel.

Après avoir bénéficié d’une libération conditionnelle en décembre 2018, elle a été placée en résidence surveillée jusqu’au 14 mars 2020, lorsque le service du procureur général de la sûreté de l’État a levé toutes les mesures de précaution qui lui avaient été imposées. En 2016, les autorités avaient également appréhendé Mina Thabet, directeur du programme Minorités de la Commission, et Ahmed Abdallah, président du conseil d’administration. Tous deux avaient ensuite été relâchés sans inculpation.

Ibrahim Ezz El Din n’a pas pu terminer sa thèse de master comme prévu en décembre 2019 en raison de son arrestation. Si son avocat a obtenu la permission qu’il puisse recevoir des livres, il s’est vu refuser l’autorisation d’écrire sa thèse en prison.

L’arrestation d’Ibrahim Ezz El Din est intervenue dans un contexte de crise des droits humains en Égypte, marquée par des mesures de répression contre la société civile indépendante et les arrestations de centaines de personnes, parce qu’elles avaient mené des activités pourtant légitimes ou s’étaient exprimées ou réunies pacifiquement. Cette répression a touché des journalistes, des supporters de football, des personnes critiques à l’égard du pouvoir en place, des responsables politiques et des membres du personnel d’organisations de la société civile. Nombre de personnes arrêtées ont été soumises à une disparition forcée, avant d’être inculpées de charges sans fondement liées au « terrorisme », puis maintenues en détention provisoire pendant des mois, voire des années, sans jamais être traduites en justice (voir : https://www.amnesty.org/fr/documents/mde12/1399/2019/fr/).

Amnesty International a recueilli de nombreuses informations sur l’utilisation des disparitions forcées par les forces de sécurité égyptiennes comme outils contre les militant.e.s politiques et les manifestant.e.s, y compris des étudiant.e.s et des mineur.e.s (voir www.amnesty.org/en/documents/mde12/4368/2016/en/).

Des centaines de personnes victimes de disparition forcée ont été détenues sans pouvoir consulter leur avocat ni communiquer avec leur famille, et en l’absence totale de contrôle judiciaire. Le caractère systématique de ces violations des droits humains est devenu particulièrement manifeste après la nomination du général de division Magdy Abd El Ghaffar au poste de ministre de l’Intérieur par le président Abdel Fattah al Sissi, en mars 2015.

La Commission égyptienne des droits et des libertés est l’une des principales ONG égyptiennes à avoir travaillé de manière approfondie sur la question des disparitions forcées.

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