Écrire Craintes relatives à la disparition forcée d’un militant

Le militant pour la défense des droits des indigènes Michael Chakma a disparu depuis le 9 avril 2019, alors qu’il se rendait à Dacca depuis Kanchpur, à Naryanganj. Comme il a organisé un parti politique basé dans les Chittagong Hill Tracts, sa famille et les militants qui le connaissent craignent qu’il n’ait été soumis à une disparition forcée.

Le gouvernement du Bangladesh doit de toute urgence établir où se trouve Michael Chakma et, s’il est détenu par les autorités, le relâcher immédiatement à moins qu’il ne soit inculpé dans les plus brefs délais d’une infraction dûment reconnue par la loi.

Michael Chakma est un militant pour la défense des droits des indigènes ainsi que l’organisateur et le porte-parole du Front démocratique populaire uni (United People’s Democratic Front, UPDF), et le secrétaire général du Front démocratique uni des ouvriers, la branche ouvrière de ce parti basé dans les Chittagong Hill Tracts.

Le 27 mars 2019, Michael Chakma s’est rendu dans le secteur de Kanchpur, à Narayanganj, une ville du centre du Bangladesh, pour discuter des festivités indigènes à venir ainsi que de l’organisation d’événements pour le 6e anniversaire de l’effondrement du Rana Plaza, qui a coûté la vie à plus de 1 000 ouvriers et ouvrières du textile dans le quartier de Savar, à Dacca. Le 9 avril 2019, il s’est rendu à Dacca depuis Narayanganj pour assister à d’autres réunions, et des militants de l’UPDF ont dit à Amnesty International qu’ils ont pu communiquer avec lui par téléphone pour la dernière fois, ce jour-là, à 17 heures. Depuis, personne n’a eu de ses nouvelles.

Michael Chakma est mis en cause dans au moins huit affaires et il a été arrêté par le Bataillon d’intervention rapide (RAB), une force paramilitaire, en 2011. Le RAB a arrêté de nombreux dirigeants et militants de son parti dans le passé. Des représentants des autorités au commissariat de Sonargaon, à Narayanganj, ont aussi dit qu’il pourrait être détenu par d’autres organes de l’État.

Les Chittagong Hill Tracts, qui se trouvent dans le sud-est du Bangladesh et où l’on dénombre plus de 25 minorités ethniques, sont depuis plusieurs décennies le théâtre d’un conflit ethnique. Ce conflit a été déclenché par le fait que les Paharis ont demandé la reconnaissance et la protection de leurs droits à leurs terres traditionnelles et à l’autonomie, et ont résisté aux mesures prises par le gouvernement pour tenter de les assimiler dans la culture majoritaire bangladaise.

Au moins 22 membres de partis politiques régionaux des Chittagong Hill Tracts auraient été tués en 2018 en raison de ce conflit interne. Le 3 janvier 2018, Mithun Chakma a été tué par balle dans le sous-district de Sadar (district de Khagracchari), alors qu’il rentrait chez lui après une comparution devant un tribunal.

Deux membres de la Fédération des femmes du Hill, Doyashona Chakma et Monty Chakma, ont accusé les forces de l’ordre de s’être rendues complices de leur enlèvement commis par un groupe d’hommes en mars 2018. Elles ont été relâchées à la condition qu’elles renoncent à la politique.

Kalpona Chakma, une militante de premier plan pour les droits des populations indigènes des Chittagong Hill Tracts, a été enlevée à son domicile le 12 juin 1996 par des militaires, selon certaines informations. L’on ignore toujours ce qu’il est advenu d’elle et où elle se trouve.

Selon l’organisation locale de défense des droits humains Odhikar, entre janvier et mars 2019, au moins 12 personnes ont été soumises à une disparition forcée. Les corps de deux personnes victimes d’une disparition forcée ont par la suite été retrouvés, cinq personnes ont apparemment été arrêtées, et une personne est rentrée chez elle. L’on ignore ce qu’il est advenu des quatre autres personnes, et où elles se trouvent.

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