Écrire Des militants renvoyés risquent de faire l’objet d’un procès inique

Deux militants chinois, Jiang Yefei et Dong Guangping, risquent d’être victimes d’actes de torture et d’autres mauvais traitements et de faire l’objet d’un procès inique. Ces deux hommes sont reconnus comme réfugiés par le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), mais ont pourtant été renvoyés de force en Chine après avoir été expulsés de Thaïlande, en violation du droit international. L’un d’eux a été détenu au secret pendant plus de six mois et on ignore où se trouve le second homme.
Six mois après le renvoi forcé de Thaïlande de deux militants, le 13 novembre 2015, les autorités ont pour la première fois révélé où se trouve Jiang Yefei dans un avis d’arrestation officielle. Daté du 14 mai 2016, l’avis indique que Jiang Yefei a été officiellement arrêté pour « incitation à la subversion de l’État » et pour avoir « pris des arrangements en vue de faire franchir illégalement la frontière à une tierce personne ».
La famille et l’avocat de Dong Guangping n’ont reçu aucune notification de la part des autorités quant à l’endroit où il se trouve ou les charges retenues contre lui. Son avocat a déposé une demande auprès du ministère de la Sécurité publique, au titre de la loi relative à la communication des renseignements gouvernementaux.
Jiang Yefei et Dong Guangping avaient déjà été appréhendés et torturés en Chine en raison de leur militantisme pacifique. Ils ont tous deux fui vers la Thaïlande et se sont vu accorder le statut de réfugié. Lorsque le gouvernement thaïlandais les a renvoyés de force en Chine le 13 novembre 2015, ils avaient déjà été acceptés pour une réinstallation rapide dans un pays tiers et devaient partir le 18 novembre.

Les deux hommes ont été vus pour la dernière fois le 26 novembre 2015 dans un enregistrement de l’agence de presse d’État, CCTV, « avouant » avoir commis des infractions liées à la traite des êtres humains et « reconnaissant » que Jiang Yefei avait aidé Dong Guangping à franchir « illégalement » la frontière thaïlandaise. Après avoir vu la vidéo, leurs proches ont déclaré que les deux hommes avaient peut-être été victimes d’actes de torture et d’autres mauvais traitements. Ils estiment que leur expression faciale et le ton de leur voix étaient différents de l’ordinaire et qu’ils présentaient des signes de douleur et de stress.

Les pays d’Asie du Sud-Est bafouent de plus en plus souvent le principe de « non-refoulement » en cédant aux pressions diplomatiques de la Chine. Ce principe interdit le transfert d’une personne dans un pays ou une juridiction où elle risquerait de subir de graves violations ou atteintes aux droits humains. Il est protégé par de nombreux traités internationaux et fait désormais partie du droit international coutumier qui lie tous les États, que ceux-ci aient ou non ratifié les traités concernés, parmi lesquels figurent la Convention des Nations unies relative au statut des réfugiés, le Pacte international relatif aux droits civils et politiques et la Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels inhumains ou dégradants.
Le HCR et le bureau du Haut-Commissariat aux droits de l’homme des Nations Unies (HCDH) ont exprimé de graves inquiétudes quant au renvoi forcé de Jiang Yefei et Dong Guangping et quant au fait qu’ils risquent d’être victimes d’actes de torture et d’autres mauvais traitements.
Le 11 janvier 2016, Li Xin, un journaliste chinois, a disparu en Thaïlande. Sa conjointe a reçu un appel de lui le 3 février, au cours duquel il a déclaré qu’il était revenu « volontairement » pour apporter son aide à une enquête en Chine, mais elle pense qu’il a été forcé à revenir (voir l’AU 24/16, https://www.amnesty.org/fr/documents/asa17/3374/2016/fr/).
En juillet 2015, les autorités thaïlandaises ont renvoyé en Chine une centaine de personnes, principalement des ressortissants chinois ouïghours, qui risquaient de subir des actes de torture et d’autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants à leur retour. En décembre 2012, la Malaisie a renvoyé de force six Ouïghours dont la demande d’asile était en cours de traitement auprès du HCR. En décembre 2009, les autorités cambodgiennes ont expulsé 20 demandeurs d’asile ouïghours vers la Chine. Cinq d’entre eux auraient été condamnés à la réclusion à perpétuité, et huit autres à des peines d’emprisonnement allant de 16 à 20 ans, à l’issue de procès à huis clos.
Par ailleurs, d’autres personnes connues pour critiquer les dirigeants chinois, ou liées à ces personnes, ont disparu de pays d’Asie du Sud-Est dans des circonstances peu claires ces derniers mois. Gui Minhai, un ressortissant suédois d’origine chinoise, a disparu en Thaïlande en octobre 2015. Le 17 janvier 2016, la chaîne de télévision d’État chinoise CCTV a diffusé une vidéo le montrant en train de formuler des « aveux », probablement sous la contrainte. Bien qu’il ait affirmé être retourné en Chine volontairement dans les « aveux » formulés sur CCTV, les autorités thaïlandaises ont déclaré qu’elles n’avaient aucune preuve indiquant qu’il avait quitté le pays légalement, ce qui laisse entendre qu’il pourrait avoir été enlevé. En octobre 2015, Bao Zhuoxuan, 16 ans, fils de l’avocate chinoise Wang Yu, et les militants chinois Tang Zhishun et Xing Qingxian ont été emmenés par des agents en uniforme et des individus en civil alors qu’ils se trouvaient dans une ville du Myanmar proche de la frontière chinoise. Pendant plusieurs jours, on ignorait où ils se trouvaient. Bao Zhuoxuan a ensuite été renvoyé chez ses grands-parents à Ulan Hot, dans la région autonome de Mongolie intérieure (nord de la Chine). Le lieu où sont détenus Tang Zhishun et Xing Qingxian a finalement été dévoilé, des membres de leur famille ayant révélé des avis d’arrestation datés du 4 mai.

Noms : Jiang Yefei, Dong Guangping
Hommes

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