Écrire Détention arbitraire prolongée

Le 8 janvier 2019, le tribunal pénal du Caire a prolongé la détention d’Islam Khalil de 45 jours. Islam Khalil, qui avait auparavant été victime de disparition forcée, est maintenu en détention provisoire pour des accusations forgées de toutes pièces depuis le 10 mars 2018. Il n’est pas autorisé à recevoir les soins médicaux dont il a besoin. Islam Khalil ne cesse de clamer son innocence et Amnesty International est convaincue qu’il fait l’objet d’une mesure de rétorsion en raison de son militantisme politique. Les quatre autres prévenus mis en cause dans cette affaire, qui avaient à répondre des mêmes accusations, ont nié connaître Islam Khalil et ont bénéficié d’une libération assortie d’une mise à l’épreuve le 4 septembre 2018.

Islam Khalil a été victime d’une disparition forcée du 10 mars au 1er avril 2018. Sa famille affirme qu’elle a eu de ses nouvelles pour la dernière fois le 10 mars, alors qu’il se trouvait à Assouan. Après avoir perdu contact avec lui, elle s’est renseignée au poste de police d’Assouan pour savoir s’il était en garde à vue mais on lui a soutenu qu’il ne s’y trouvait pas. Le 15 mars, elle a porté plainte auprès du procureur, sans obtenir aucune réponse. Elle s’est aussi renseignée auprès du ministère public à Hurghada, au sud-est du Caire, et à Assouan. Ces deux services ont affirmé ne pas détenir Islam Khalil. Sa famille n’a appris où il se trouvait que le 2 avril, lorsque les autorités ont reconnu qu’il était détenu à la prison d’enquête de Tora.

Selon le frère d’Islam Khalil, la direction de la prison a empêché l’intéressé de recevoir des livres et de la nourriture et l’a privé des visites de ses proches pendant un mois. Celui-ci a été transféré dans une cellule infestée d’insectes et on ne lui fournissait pas suffisamment d’eau ni de nourriture. Il a ensuite été placé dans une autre cellule, où ses codétenus l’ont forcé à prier et l’ont empêché de fumer et de lire certains livres. Selon son frère, Islam Khalil se sent très seul face à ces épreuves et a besoin de se sentir soutenu. Dans une lettre rédigée le 15 août 2018, il a écrit : « Nous sommes et resterons sur le chemin de l’amour, assoiffés de justice, de liberté et de paix. Vous, les oiseaux libres qui brûlez d’espoir, chantez en notre nom, et soyez le soleil qui nous protège. Parlez de nous et soyez notre voix, car notre voix a été délibérément réduite au silence par la force. »

Islam Khalil avait déjà été torturé et soumis à des mauvais traitements en détention, selon son propre témoignage et des informations reçues par l’intermédiaire de sa famille et de son avocat. Le 24 mai 2015, il a été enlevé à son domicile à Al Santa, dans le gouvernorat de Gharbia, en Égypte, par l’Agence de sécurité nationale. Il a été soumis à une disparition forcée, les autorités ayant refusé de reconnaître sa privation de liberté et de révéler ce qu’il était advenu de lui et où il se trouvait pendant 122 jours. Durant cette période, selon lui, il a été torturé par des agents de l’Agence de sécurité nationale qui ont cherché à le forcer à « avouer » des crimes qu’il assure ne pas avoir commis. Il a été libéré le 31 août 2016, soit 10 jours après que le ministère public a ordonné sa libération sous caution. Il a été inculpé d’appartenance aux Frères musulmans, un groupe interdit, d’incitation à la violence et d’attaque contre les forces de sécurité.

La détention arbitraire consiste à détenir des personnes sans raison légitime ou en dehors de toute procédure judiciaire. Les autorités égyptiennes ont lancé une nouvelle vague de répression encore plus intense contre leurs détracteurs en décembre 2017, en amont de l’élection présidentielle.

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