Écrire Détention au secret de militants des droits des travailleurs

Wei Zhili et Ke Chengbing, tous deux rédacteurs de « Nouvelle Génération » (xinshengdai), un site d’information et de plaidoyer sur le droit du travail, sont détenus au secret depuis mars 2019. Leur détention intervient alors que dans toute la Chine les étudiant·e·s et les militant·e·s en faveur des droits des travailleurs font l’objet d’une répression.

N’étant pas autorisés à consulter l’avocat de leur choix, les deux hommes risquent fortement d’être victimes de torture et d’autres mauvais traitements.

Wei Zhili et Ke Chengbing font partie des rédacteurs de Nouvelle Génération (xinshengdai), un site Internet qui rend compte de la situation des travailleurs migrants internes venus des régions rurales de Chine. Nouvelle Génération utilise également d’autres sites de réseaux sociaux de Chine continentale pour diffuser des informations sur l’emploi et le droit du travail, ainsi que sur la sécurité et la santé au travail. Dernièrement, une grande partie de ses travaux ont été consacrés au sort des travailleurs et travailleuses de la province du Hunan qui ont contracté la silicose, faute de mesures de protection en matière de santé et de sécurité au travail dans les usines.

Wei Zhili est engagé dans le domaine du droit du travail et des questions féministes depuis qu’il a achevé ses études universitaires, en 2001. Une fois diplômé, il a travaillé dans un centre (手牵手工友活动室), à Shenzhen, qui propose un soutien aux travailleurs, notamment en leur dispensant des conseils juridiques et en les défendant en justice.

Tian Yu, une femme qui a fait une tentative de suicide quand elle travaillait pour l’entreprise Foxconn, une filiale de l’entreprise taiwanaise Hon Hai Precision Industry Company, le plus gros « fabricant contractuel » au monde, a souligné sur son blog que Wei Zhili avait été particulièrement à l’écoute et bienveillant à son égard, et que le militant et un groupe d’étudiants l’avaient soutenue, ainsi que sa famille, l’aidant à traverser la période la plus difficile qu’elle ait jamais connue. Wei Zhili avait déjà été menacé par la police en raison de son activité dans le domaine des questions relatives au travail. À cette occasion, la police lui aurait dit, ainsi qu’à d’autres personnes militant dans ce domaine, que le militantisme pour le droit du travail « troubl(ait) l’ordre social » et que « parler pour les travailleurs (était) anticommuniste et contre-révolutionnaire ».

Ke Chengbing, connu sous le pseudonyme de « Laomu » (« Bois ancien »), est l’un des fondateurs de Nouvelle Génération (xinshengdai) et travaille pour l’organisation depuis sa fondation. Diplômé en 2012 de l’université de Jinan, il y participait activement au mouvement populaire des droits humains en tant qu’étudiant militant. Après ses études, il s’est consacré aux questions relatives aux droits des travailleurs et travailleuses dans le sud de la Chine, menant des recherches sur les conditions de travail à Foxconn après une vague de suicides parmi les employés de l’entreprise.

Les personnes qui ont des activités militantes et qui défendent les droits humains continuent à être systématiquement soumises à une surveillance, à des manœuvres de harcèlement et d’intimidation, ainsi qu’à des arrestations et à des placements en détention arbitraire. De plus en plus de défenseur·e·s des droits humains sont retenus par la police dans des lieux de détention non officiels, parfois sans pouvoir consulter un avocat pendant de longues périodes, et risquent de ce fait de subir des actes de torture et d’autres mauvais traitements.

Depuis juillet 2018, les autorités chinoises ont arrêté arbitrairement et interrogé des dizaines de responsables de mouvements étudiants, de défenseur·e·s des droits des travailleurs et d’employé·e·s d’usines dans au moins cinq villes, dans le contexte d’une répression accrue contre le mouvement naissant des travailleurs et travailleuses dans le pays.

Année après année, la Chine a continué à prendre des mesures pour renforcer son système de censure d’Internet, déjà très répressif. Des milliers de sites internet et de réseaux sociaux sont contraints de censurer leur contenu, et certaines plateformes telles que Facebook, Instagram et Twitter sont bloquées. De plus, un certain nombre de journalistes citoyen·ne·s et de responsables de médias locaux publiant des articles et des informations sur des violations des droits humains commises en Chine ont été la cible d’arrestations et d’incarcérations.

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