Écrire Incarcérées pour avoir protesté contre les lois relatives au port obligatoire du voile

Les défenseures iraniennes des droits des femmes Monireh Arabshahi, Yasaman Aryani et Mojgan Keshavarz sont détenues de manière arbitraire à la prison de Shahr-e Rey, en périphérie de Téhéran, depuis avril 2019.

Elles sont notamment inculpées d’« incitation et facilitation de la corruption et de la prostitution » pour avoir prôné le fait d’ôter son voile afin de dénoncer les lois abusives relatives au port obligatoire du voile en Iran.

Toutes sont des prisonnières d’opinion.

COMPLEMENT D’INFORMATION

Le 8 mars 2019, une vidéo a fait le tour des réseaux sociaux : elle montrait Monireh Arabshahi, Yasaman Aryani et Mojgan Keshavar sans leurs foulards, en train de distribuer des fleurs à des femmes dans le métro à Téhéran et de parler de leurs espoirs pour les droits des femmes en Iran. Dans cette vidéo, Yasaman Aryani remet une fleur à une femme qui porte le hijab (voile), et lui dit qu’elle espère qu’un jour elles pourront marcher côte à côte dans la rue, « moi sans le hijab et vous avec le hijab ».

Une fois la vidéo publiée, Yasaman Aryani a été arrêtée le 10 avril 2019 par les forces de sécurité, chez elle, à Téhéran. Le lendemain, Monireh Arabshahi, sa mère, a été interpellée après s’être rendue au centre de détention de Vozara à Téhéran pour prendre de ses nouvelles. Mojgan Keshavar a été arrêtée de force le 25 avril à son domicile, en présence de sa fille de neuf ans.

Elles n’ont pas pu consulter un avocat indépendant de leur choix, au motif que la Note à l’article 48 du Code de procédure pénale s’applique en raison du caractère « sécuritaire » de leurs dossiers. En vertu de cette Note, les personnes inculpées d’infractions liées à la « sécurité nationale » et au crime organisé doivent choisir leur avocat parmi une liste de noms validés par le responsable judiciaire.

Les poursuites engagées à leur encontre s’inscrivent dans le cadre d’une répression plus vaste contre les défenseurs des droits des femmes mobilisés contre les lois relatives au port obligatoire du voile. Arrêtée le 4 juin, Fereshteh Didani est incarcérée à la prison de Shahr-e Rey, cet établissement pénitentiaire étant destiné à accueillir des femmes reconnues coupables de crimes violents. Elle a comparu devant la 26e chambre du tribunal révolutionnaire de Téhéran le 26 juin, mais aucune information n’est disponible sur les accusations dont elle fait l’objet. Le 1er juin, Saba Kordafshari a été arrêtée et placée à l’isolement au centre de détention de Vozara jusqu’au 11 juin, lorsqu’elle a été transférée à la prison de Shahr-e Rey.

Depuis quelques années, un mouvement se développe contre les lois relatives au port obligatoire du voile en Iran : des femmes et des jeunes filles se tiennent dans des espaces publics, agitant en silence leurs foulards au bout de bâtons ou partageant des vidéos où on peut les voir marcher dans la rue, tête nue. Les autorités iraniennes, se sentant menacées par la force et l’ampleur de ce mouvement, ont réagi en lançant une répression. Depuis janvier 2018, elles ont arrêté des dizaines de défenseurs des droits des femmes, dont quatre hommes. Certaines de ces personnes ont été torturées et condamnées à des peines d’emprisonnement ou de flagellation à l’issue de procès manifestement iniques.

Dans une déclaration officielle du 23 février 2018, la police a averti que les femmes qui manifestent pacifiquement contre la pratique discriminatoire et abusive du port obligatoire du voile seraient désormais inculpées d’« incitation et facilitation de la corruption et de la prostitution », une infraction qui emporte une peine maximale de 10 ans de prison.

Pour obtenir plus d’informations, veuillez consulter : https://www.amnesty.org/fr/latest/campaigns/2019/05/iran-abusive-forced-veiling-laws-police-womens-lives/
Traiter comme des criminelles les femmes et les filles qui refusent de porter le hijab est une forme de discrimination extrême. La législation imposant le port du voile bafoue une multitude de droits, notamment les droits à l’égalité, à la vie privée et aux libertés d’expression et de croyance. Elle est dégradante pour les femmes et les filles, qu’elle prive de leur dignité et de leur estime de soi.

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