Écrire La détention d’un défenseur des droits humains a été rallongée

La détention provisoire d’Oyoub Titiev, prisonnier d’opinion et directeur de l’organisation russe de défense des droits humains Memorial, a été rallongée de deux mois, jusqu’au 9 mai. Le nombre d’attaques contre les bureaux de Memorial et ses employés a également augmenté, et beaucoup pensent qu’elles sont liées à la persécution d’Oyoub Titiev. Amnesty International pense que tout cela fait partie d’une tentative concertée et à caractère politique des autorités d’intimider et réduire au silence les défenseurs des droits humains en Russie.

Le 6 mars, le tribunal de district de l’arrondissement Staropromyslovsky de Grozny, la capitale tchétchène, a rallongé la détention provisoire d’Oyoub Titiev de deux mois, jusqu’au 9 mai. Le tribunal de district a déclaré que s’il était libéré, Oyoub Titiev pourrait fuir et menacer la procédure judiciaire en faisant pression sur des témoins et en détruisant des preuves. L’éminent défenseur des droits humains et directeur de l’ONG russe Memorial en Tchétchénie a été arrêté le matin du 9 janvier et détenu au secret pendant plusieurs heures. Il se trouve toujours en détention et est accusé à tort de détention de stupéfiants. On craint fortement qu’Oyoub Titiev soit torturé en détention.

La pression exercée par les autorités sur la famille et les collègues de Memorial d’Oyoub Titiev s’est intensifiée au cours du mois dernier. Ses proches ont été harcelés par la police à de nombreuses reprises et ont de ce fait été forcés de partir de Tchétchénie. Parallèlement, son avocat a signalé qu’il était suivi par des agents en civil. Plusieurs attaques ont également eu lieu contre les bureaux de Memorial dans le Caucase du Nord. Dans la nuit du 17 janvier, des hommes masqués non identifiés ont mis le feu aux bureaux de Memorial en Ingouchie, une république voisine. Le 19 janvier, des policiers ont fouillé les bureaux de Memorial à Grozny. La fouille a eu lieu dans le cadre de la loi, mais le personnel de Memorial craint que d’autres « preuves » découvertes au cours de la fouille (mégots de cigarettes contaminés par une substance inconnue) aient été placées là pour incriminer Oyoub Titiev. Le 22 janvier, on a mis le feu à une voiture qui avait été utilisée par l’avocat d’Oyoub Titiev, devant les bureaux de Memorial au Daghestan. À peu près au même moment, des membres du personnel des bureaux de Memorial au Daghestan ont signalé qu’ils avaient reçu des menaces de mort sur leurs téléphones. Amnesty International pense que ces événements sont liés à la persécution d’Oyoub Titiev en Tchétchénie.

Oyoub Titiev a été arrêté le 9 janvier et détenu au secret pendant plusieurs heures après que son véhicule a été arrêté et fouillé alors qu’il se rendait à son travail. Le ministre de l’Intérieur a confirmé qu’Oyoub Titiev avait été arrêté après qu’« environ 180 grammes d’une substance avec une odeur de cannabis » ont été découverts lors de la fouille de son véhicule. Oyoub Titiev a nié ces allégations et a insisté que la drogue avait été placée dans son véhicule. Il est accusé de détention illégale de stupéfiants au titre de l’article 228 du Code pénal russe. S’il est déclaré coupable, il risque jusqu’à 10 ans d’emprisonnement.

Oyoub Titiev travaille pour la branche de Grozny de l’ONG Memorial depuis plusieurs années et a fait l’objet de nombreuses menaces en raison de son travail de défense des droits humains. Il est devenu directeur de la branche de Grozny de l’ONG peu après l’homicide de la défenseure des droits humains et employée de Memorial Natalia Estemirova en 2009. Après son homicide, de nombreux membres du personnel de Memorial ont dû quitter le pays car ils craignaient pour leur vie, et Memorial a dû suspendre ses activités en Tchétchénie pendant cinq mois.
Ces derniers mois, Oyoub Titiev et d’autres collègues de Memorial travaillaient sur l’affaire de 27 Tchétchènes victimes d’une disparition forcée et abattus par la police dans la nuit du 26 janvier 2017. Le journal russe indépendant Novaïa Gazeta a beaucoup écrit sur ce sujet. Les collègues d’Oyoub Titiev pensent que sa détention est une tentative des autorités d’entraver son travail légitime de défense des droits humains.

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