Écrire On craint qu’un ancien prisonnier d’opinion se trouve à nouveau en détention

Gao Zhisheng, avocat spécialiste des droits humains, a disparu depuis plus de trois mois, et on ne sait toujours pas où il se trouve. Des témoignages contradictoires sont apparus quant au lieu exact où il se trouve et son état de santé actuel. Étant donné qu’il avait été victime de mauvais traitements et privé d’avocat pendant sa détention précédente, il risque fort de subir des actes de torture et d’autres mauvais traitements.

La disparition de Gao Zhisheng a été signalée par sa famille le 13 août 2017. La police du comté de Jia et de la ville de Yulin, situés tous deux dans la province septentrionale du Shaanxi (Chine), affirme qu’il n’est pas en garde à vue. Le 5 septembre, la famille de Gao Zhisheng a finalement appris d’un responsable local qu’il avait été emmené à Pékin. En dehors de cela, les autorités n’ont fourni aucune information à la famille de Gao Zhisheng quant au lieu exact où il se trouve, son état de santé actuel ou les raisons d’un placement en détention.

Deux avocats engagés par la famille de Gao Zhisheng se sont rendus au bureau municipal de la sécurité publique de Pékin et au bureau de la sécurité publique du comté de Jia, les 12 octobre et 8 novembre respectivement, pour obtenir plus d’informations sur sa détention. Les autorités ont cependant refusé de divulguer toute information aux avocats.

Radio Free Asia (RFA) a révélé qu’un agent du bureau de maintien de la sécurité de la ville de résidence de Gao Zhisheng (district de Lu, comté de Jia) avait déclaré à un journaliste de RFA le 11 novembre que Gao Zhisheng était détenu par le bureau local de la sécurité nationale du comté de Jia et qu’il allait bien. Cependant, d’après la femme de Gao Zhisheng, aucun membre de la famille n’en a été informé.

Fin août, Shao Zhongguo, ami de Gao Zhisheng et militant, a été placé en détention pour des motifs pénaux parce qu’il était soupçonné d’« avoir cherché à provoquer des conflits et troublé l’ordre public » pour avoir aidé Gao Zhisheng à quitter secrètement sa maison sévèrement gardée et à se rendre dans la province voisine début août. Fin septembre, la famille de Shao Zhongguo a été informée par la police qu’il avait été officiellement arrêté, mais n’a reçu aucune notification écrite de son arrestation.

Le 13 août 2017, l’épouse de Gao Zhisheng a indiqué sur Twitter qu’elle tentait de le joindre, en vain, depuis deux jours. Elle a ensuite contacté le frère aîné de son mari, Gao Zhiyi, qui lui a dit s’être rendu au domicile de Gao Zhisheng le matin et n’y avoir trouvé personne. Le jour même, Gao Zhiyi a signalé sa disparition à la police locale.

Gao Zhisheng est l’un des avocats spécialistes des droits humains les plus respectés de Chine, que le ministre de la Justice a classé parmi les 10 meilleurs avocats du pays en 2001 pour son travail bénévole dans des affaires d’intérêt public. Malgré cela, Gao Zhisheng a été victime de disparition forcée, de torture, d’assignation à résidence et de détention illégales en raison de ses activités, qui consistent notamment à défendre des militants des droits humains et à travailler sur d’autres affaires sensibles sur le plan politique. À la fin de l’année 2005, le Bureau de la justice de Pékin a annulé son permis d’exercer et suspendu les activités de son cabinet, Shengzhi Law Office. Ces mesures ont un lien direct avec les lettres ouvertes dans lesquelles Gao Zhisheng appelait les autorités à cesser les persécutions religieuses, notamment celles visant les pratiquants du Fa Lun Gong.

En février 2006, Gao Zhisheng a entamé une grève de la faim pour attirer l’attention sur les persécutions dont étaient victimes les défenseurs des droits humains en Chine. Le 22 août, peu après la fin de sa campagne, il a été arrêté et détenu sans inculpation. Le 21 septembre, il a été inculpé pour un motif flou, l’« incitation à la subversion du pouvoir de l’État ». En décembre 2006, il a été condamné à trois ans de prison avec un sursis de cinq ans.

En avril 2010, il a déclaré dans une interview accordée à Associated Press qu’il avait été torturé en détention. Peu après, il a été de nouveau porté disparu et on est resté sans nouvelles de lui pendant près de 20 mois. En décembre 2011, les médias publics ont annoncé que Gao Zhisheng n’avait pas respecté les conditions de son sursis et avait donc été incarcéré afin de purger sa peine.

Face au harcèlement constant des autorités, qui ont notamment gelé ses comptes bancaires et empêché ses enfants d’être scolarisés, la famille de Gao Zhisheng a fui la Chine en mars 2009 ; elle réside actuellement aux États-Unis. En octobre 2010, sa fille Grace Geng a adressé au président des États-Unis une lettre ouverte dans laquelle elle disait : « M. le Président Obama, vous qui êtes père de deux filles, demandez au président chinois Hu Jintao de dire à la fille que je suis où se trouve son père. »

Depuis sa libération en 2014, Gao Zhisheng vivait chez son frère aîné dans un village isolé de la province du Shaanxi, sous étroite surveillance. Selon sa famille, il a souffert de mauvais traitements et de malnutrition en prison, ce qui a gravement endommagé ses dents ; trois ans plus tard, il a encore du mal à consommer des aliments solides. Les autorités lui ont interdit de quitter le village pour recevoir des soins médicaux et dentaires. Même dans cette situation difficile, il a continué à défendre ouvertement les droits humains et à critiquer le Parti communiste chinois.

En 2016, Gao Zhisheng a publié des mémoires intitulés « Année 2017, débout la Chine ! » avec l’aide de sa fille Grace Geng. Dans ce livre, il décrit en détail le traitement qu’il a subi en détention de 2009 à 2014 et raconte sa vie après qu’il a été libéré et renvoyé dans le Shaanxi pour vivre sous une surveillance policière permanente chez son frère aîné, Gao Zhiyi. L’objectif était de continuer la résistance contre les violations des droits humains commises sous le régime communiste.

Les militants et défenseurs des droits humains continuent d’être systématiquement soumis à une surveillance, à des manœuvres de harcèlement et d’intimidation, à des arrestations et à des incarcérations. De plus en plus de défenseurs des droits humains sont retenus par la police dans des lieux de détention non officiels, parfois sans pouvoir consulter un avocat pendant de longues périodes, ce qui les expose au risque de subir des actes de torture et d’autres formes de mauvais traitements.

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