Écrire Un prisonnier austro-iranien est en danger

Massud Mossaheb, binational autrichien et iranien âgé de 73 ans, purge une peine de 10 ans de prison prononcée à l’issue d’un procès manifestement inique pour des atteintes à la sécurité nationale formulées en termes vagues.

Il est incarcéré à la prison d’Evin à Téhéran et souffre de graves problèmes médicaux, notamment d’insuffisance cardiaque et de diabète. Il est exposé à un risque accru de maladie grave ou de mort s’il contracte le COVID-19.

Massud Mossaheb souffrait de problèmes de santé avant son incarcération et était suivi par des spécialistes afin de recevoir les soins médicaux adaptés.

D’après les informations dont dispose Amnesty International émanant de sources bien informées, et d’après une lettre que Massud Mossaheb a écrite aux autorités depuis l’intérieur de la prison le 5 août 2020 pour solliciter des traitements médicaux, il souffre de plusieurs problèmes graves et a subi de nombreuses opérations par le passé. Il souffre d’une maladie cardiaque, de diabète, d’insuffisance rénale, de stéatose hépatique et de problèmes musculo-squelettiques au niveau du genou, des pieds et du dos. Il souffre aussi d’épisodes récurrents de diverticulite, inflammation intestinale pour laquelle il devait être opéré afin de lui retirer certaines parties de l’intestin, lorsqu’il a été arrêté en janvier 2019. Il avait précédemment eu une attaque ischémique transitoire (AIT), aussi appelée « mini-AVC », affection grave se traduisant par une interruption temporaire de l’approvisionnement en sang du cerveau.

En 2011, il a souffert de complications lorsqu’il s’est fait retirer la prostate. Il y a plusieurs années, sa glande thyroïde a été retirée lors d’une intervention chirurgicale et il doit prendre des médicaments adaptés. Il a été privé d’accès à des soins médicaux adéquats et de la possibilité de consulter des spécialistes en dehors de la prison. Pendant un certain temps, il a également été privé de ses médicaments quotidiens.

Ingénieur mécanicien, Massud Mossaheb travaille dans l’industrie aérospatiale depuis des décennies. Ces dernières années, il a travaillé comme consultant auprès de différentes entreprises et a été arrêté à Téhéran alors qu’il accompagnait une délégation représentant Med Austron, entreprise spécialisée dans la radiothérapie qui propose des recherches et des traitements pour le cancer. Dans le cadre d’une joint-venture avec l’Iran, l’entreprise a travaillé avec les autorités autrichiennes et les ministères iraniens de la Santé et des Affaires étrangères, ainsi que l’Organisation de l’énergie atomique d’Iran, en vue de construire un hôpital proposant des thérapies par ions. Massud Mossaheb est aussi l’un des cofondateurs de la Société d’amitié irano-autrichienne, ONG basée en Autriche qui œuvre à resserrer les liens avec l’Iran.

Après son arrestation en janvier 2019 et durant sa détention dans une chambre d’hôtel, des agents du ministère du Renseignement lui ont dit qu’ils le surveillaient et l’observaient depuis 20 ans et considéraient chaque voyage et chaque congé effectué en Iran pendant cette période comme un signe d’espionnage. Trois jours après son arrestation, il a été transféré à la section 209 de la prison d’Evin, sous contrôle du ministère du Renseignement, où il a été soumis à la torture et à des mauvais traitements ; il a notamment été privé de ses lunettes, sans lesquelles il ne voit pas correctement. Il n’a pas pu recevoir de visites de sa famille avant le 16 avril 2019.

Environ 50 jours après sa détention, il a été transféré de l’isolement à une cellule surpeuplée, dans la section de quarantaine de la prison et est actuellement incarcéré à la section 7. Le 29 juillet 2019, les autorités pénitentiaires ont demandé à son épouse de lui amener un costume à la prison pour une interview télévisée. Menacé de retourner à l’isolement s’il refusait cette interview, il a été contraint de porter ce costume et de lire des « aveux », faisant plusieurs prises devant deux caméras.

Durant le procès de Massud Mossaheb, qui s’est déroulé entre le 1er février et le 26 avril 2020, ces « aveux » forcés ont été retenus à titre de preuves contre lui. Dans le jugement de la cour, le parquet a fait valoir qu’il collaborait avec les services de renseignement d’Israël et d’Allemagne depuis 20 ans et s’était servi de sa position au sein de la Société d’amitié irano-autrichienne comme couverture pour mener ses activités et transmettre des renseignements sur l’Iran à ces deux pays, et qu’il avait reçu de l’argent à titre de « compensation financière pour ses services d’espionnage ».

Le 13 juillet 2020, son avocat a été informé par les autorités que le jugement avait été confirmé et était définitif. Le 11 août, le porte-parole du ministère de la Justice, Gholamhossein Esmaili, a annoncé la déclaration de culpabilité et la peine de Massud Mossaheb lors de sa conférence de presse hebdomadaire. Le 13 août, la Radio-télévision de la République islamique d’Iran, contrôlée par l’État, a diffusé une vidéo de propagande présentant les « aveux » forcés de Massud Mossaheb.

Amnesty International a déjà fait part de son inquiétude quant à la situation des prisonniers en Iran en cette période marquée par la pandémie de COVID-19, d’autant que les autorités iraniennes ne protègent pas suffisamment la population carcérale. Des lettres officielles qui ont fuité révèlent que le ministère de la Santé n’a pas tenu compte des demandes répétées de l’Organisation des prisons en Iran qui réclamait des ressources adéquates permettant d’endiguer la propagation du virus dans les prisons.

Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la population carcérale est particulièrement exposée aux maladies infectieuses comme le COVID-19 et les conditions de détention peuvent exacerber les risques, dont le risque de taux de transmission accrus, notamment dans les établissements surpeuplés et lorsque les systèmes de santé sont de moindre qualité que dans l’ensemble de la société.

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