Écrire Un prisonnier d’opinion en danger dans le contexte du covid-19

Journaliste indépendant âgé de 63 ans, Roberto Quiñones Haces, emprisonné le 11 septembre 2019 pour « rébellion » et « désobéissance », se trouve à la prison provinciale de Guantánamo dans des conditions sanitaires préoccupantes, selon certaines informations.
Sa famille a déclaré qu’il a aussi développé des problèmes de santé, qui l’exposent à un risque accru dans le contexte du COVID-19.

Nous demandons aux autorités cubaines de le libérer immédiatement et sans condition, ainsi que tous les prisonniers et prisonnières d’opinion incarcérés dans le pays, car les craintes sont vives que le COVID-19 ne se propage dans les prisons cubaines.

Selon les informations recueillies par Amnesty International, Roberto de Jesús Quiñones Haces, avocat et journaliste indépendant qui travaille pour le site d’information Cubanet, a été déclaré coupable de rébellion et désobéissance et condamné à un an de prison en août 2019 par le tribunal municipal de la ville de Guantánamo. Il a été arrêté le 11 septembre 2019 et est incarcéré depuis lors. Au cours de sa détention depuis septembre 2019, Roberto Quiñones Haces a régulièrement dénoncé les conditions dans lesquelles il est détenu. Le 31 mars, il a écrit dans Cubanet que bien que les autorités pénitentiaires aient pris certaines mesures concernant le COVID-19, « la qualité de la nourriture est toujours déplorable.

Malgré les informations pointant la vulnérabilité des adultes âgés (les détenu·es de plus de 60 ans) face au COVID-19, nombre d’entre eux sont enfermés dans des cubes où ils vivent dans des conditions de surpopulation, avec près de 20 personnes. » Le 5 mars, il avait déjà protesté contre la qualité de l’eau et des repas servis dans la prison, et au sujet des soins médicaux dispensés aux prisonniers. Selon sa famille, il serait détenu dans une petite cellule avec au moins 17 autres personnes, qui partagent des lits et des installations sanitaires à l’intérieur même de la cellule.

Les normes internationales relatives aux droits humains concernant les droits des personnes privées de liberté ou détenues sont particulièrement pertinentes étant donné la crise sanitaire mondiale que représente le COVID-19. De manière générale, toutes les prisonnières et tous les prisonniers doivent bénéficier d’une protection et d’un accès aux soins de santé dans le contexte du COVID-19, sans discrimination. Les personnes qui n’ont d’autre choix que de vivre dans une forte promiscuité avec d’autres sont particulièrement exposées au COVID-19, d’après les informations actuellement disponibles.

Dans des pays comme Cuba, les militant·es, y compris politiques, et les défenseur·es des droits humains sont régulièrement incarcérés uniquement en raison de leurs convictions. Ils n’ont donc rien à faire en prison et doivent être libérés immédiatement. Ainsi, dans ces circonstances, nous demandons en premier lieu que Cuba libère tous les prisonniers d’opinion et toutes les personnes emprisonnées uniquement pour avoir exercé pacifiquement leur liberté d’expression et d’opinion. En outre, Roberto Quiñones Haces souffre de problèmes de santé qui lui font courir un risque accru, en raison de son âge. Les autorités cubaines doivent le libérer immédiatement et sans condition, étant donné le risque que représente le COVID-19 – outre le fait qu’il s’agit d’un prisonnier d’opinion.

Le 20 août, le bureau du rapporteur spécial pour la liberté d’expression de la Commission interaméricaine des droits de l’homme a condamné la peine d’emprisonnement prononcée contre le journaliste Roberto Quiñones et s’est dit préoccupé par la persistance de la criminalisation et du harcèlement visant les professionnel.les des médias et les défenseur.es des droits humains à Cuba. Dans un rapport récent sur Cuba, ce bureau a estimé que les agents de l’État étaient la « source principale des menaces et des attaques contre la presse » et a demandé que ces pratiques soient « supprimées et sanctionnées ».

Amnesty International constate que le recours disproportionné et arbitraire au droit pénal ainsi que les campagnes de discrimination encouragées par l’État contre les personnes qui osent dénoncer la situation, auxquels viennent s’ajouter les licenciements arbitraires de fonctionnaires et l’absence de justice indépendante permettant de contester ces agissements, ont créé un profond climat de peur à Cuba.

Cuba est toujours le seul pays des Amériques où Amnesty International n’est pas autorisée à entrer pour observer la situation en matière de droits humains.

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