Écrire Quatre femmes incarcérées pour avoir participé au rassemblement du 1er mai

Les défenseures iraniennes des droits du travail Anisha Assadolahi, Atefeh Rangriz et Neda Naji, et la journaliste iranienne Marzieh Amiri sont détenues de manière arbitraire, sans pouvoir consulter un avocat, depuis des semaines et sont accusées d’infractions fallacieuses liées à la sécurité nationale en lien avec le rassemblement pacifique de la Journée internationale des travailleurs à Téhéran, le 1er mai 2019.

Elles ont tout d’abord été placées à l’isolement pour une période prolongée, mesure s’apparentant à de la torture ou à d’autres mauvais traitements.

Détenues aux côtés de femmes reconnues coupables de crimes violents, Atefeh Rangriz et Neda Naji risquent d’être agressées.

Atefeh Rangriz et Neda Naji ont été arrêtées le 1er mai 2019, alors qu’elles participaient à un rassemblement pacifique, à l’occasion de la Journée internationale des travailleurs devant le Parlement iranien, à Téhéran, rassemblement violemment dispersé par les forces de sécurité et les services de renseignements. Elles ont passé leur première nuit au centre de détention de Vozara à Téhéran, où des agents les ont harcelées et intimidées, avant d’être transférées à la prison de Shahr-e Rey, dans la ville de Varamin, près de Téhéran. Au bout de trois jours, elles ont été réinstallées à la section 209 de la prison d’Evin, sous contrôle du ministère du Renseignement, et y sont restées jusqu’à la mi-juin, la plupart du temps à l’isolement.

À la suite de son transfert à la section 209 de la prison d’Evin à Téhéran le 5 mai, Neda Naji a observé une grève de la faim pendant cinq jours pour protester contre le refus des autorités de lui permettre d’appeler sa famille. Elle a finalement pu le faire brièvement 14 jours après son transfert à la prison d’Evin. Cependant, elle n’a pas pu recevoir de visites de sa famille avant le 31 mai. Pendant leur détention à l’isolement, Atefeh Rangriz et Neda Naji ont été soumises à des interrogatoires en l’absence d’un avocat et ont subi des pressions pour « avouer » avoir planifié des manifestations destinées à porter atteinte à la sécurité nationale. Neda Naji s’est vue refuser l’accès à son inhalateur pour l’asthme pendant 10 jours, ce qui a généré gêne physique et détresse psychologique.

Le 8 juillet, les deux femmes ont été conduites au bureau du procureur de la prison d’Evin et inculpées de « rassemblement et collusion en vue de commettre des atteintes à la sécurité nationale », « propagande contre le régime », « troubles à l’ordre public » et « outrage à agents dans l’exercice de leurs fonctions ». Cette dernière accusation a été portée parce qu’elles ont dénoncé lors de sessions d’interrogatoire distinctes les mauvais traitements que leur ont infligés les agents chargés de les interroger. Mi-juin, Atefeh Rangriz et Neda Naji ont de nouveau été transférées à la prison de Shahr-e Rey, où leur sécurité et leur bien-être sont gravement menacés. Cette prison accueille les femmes déclarées coupables de crimes violents dans des conditions insalubres et des cellules surpeuplées.

De nombreuses informations font état de la facilité avec laquelle des agressions sont commises contre les détenues, par d’autres détenues comme par le personnel de la prison, ainsi que de la prévalence des problèmes de santé mentale, des automutilations et de la consommation endémique de stupéfiants. L’eau de la prison serait salée et impropre à la consommation, ne laissant aux prisonnières d’autre option que d’acheter des conteneurs d’eau potable au prix fort au magasin de la prison. Les repas sont immangeables, et la plupart des détenues préfèrent acheter la nourriture au magasin, qui propose principalement des boîtes de conserve. Elles reçoivent généralement une aide financière de leur famille ou travaillent dans la prison pour acheter eau et nourriture.

Elles se plaignent aussi des coupures d’électricité fréquentes, du manque d’aération ou de climatisation, des douches et toilettes sales et en nombre insuffisant, de la très faible pression de l’eau dans les douches et du manque de lits obligeant de nombreuses détenues à dormir par terre. En outre, les détenues n’ayant pas accès à des soins médicaux adaptés, les maladies contagieuses sont fréquentes, notamment la tuberculose et l’hépatite infectieuse.

Aux termes du droit international, notamment de l’Ensemble de règles minima des Nations unies pour le traitement des détenus (ou Règles Nelson Mandela), les autorités carcérales doivent fournir aux prisonniers une alimentation ayant une valeur nutritive suffisante, de l’eau potable et des conditions de détention propres et salubres.

Anisha Assadolahi a également été arrêtée le 1er mai lors du rassemblement. Elle aurait été frappée lors de son arrestation, ce qui lui a causé diverses contusions. Elle a passé sa première nuit au centre de détention de Vozara à Téhéran, où elle a subi harcèlement et intimidation de la part des agents, et a ensuite été transférée à la prison de Shahr-e Rey près de Téhéran. Libérée le 5 mai, elle a de nouveau été interpellée le 18 juin par 12 agents du ministère du Renseignement, chez elle. Ils ont perquisitionné méticuleusement son domicile, fouillant les affaires personnelles d’Anisha Assadolahi et de sa famille, et ont saisi divers appareils électroniques, albums photos et livres notamment.

Depuis, Anisha Assadolahi est maintenue à l’isolement à la section 209 de la prison d’Evin. Sa famille a réclamé à plusieurs reprises un droit de visite, mais les autorités ont répondu que c’est impossible tant qu’elle est soumise à des interrogatoires. Elle n’a pu appeler sa famille qu’à deux reprises : la première fois le jour de son arrestation et la seconde au bout de 14 jours. Ces appels n’ont duré que quelques minutes, en présence d’agents des forces de sécurité, l’empêchant de parler librement.

Marzieh Amiri est journaliste au quotidien Shargh. Elle a été interpellée le 1er mai après s’être rendue à la police pour obtenir des informations sur les dizaines de personnes interpellées lors du rassemblement du 1er mai. Elle a passé sa première nuit au centre de détention de Vozara, avant d’être transférée dans un lieu tenu secret.

Le 3 mai, 10 agents des services de renseignement ont emmené Marzieh Amiri chez elle, ont effectué une perquisition approfondie et ont confisqué des affaires lui appartenant ainsi qu’à sa famille – téléphones et ordinateurs portables, et livres notamment. Elle a déclaré à sa famille ce jour-là qu’elle était détenue dans un centre secret géré par les pasdaran. Le 8 mai, elle a été transférée à la section 209 de la prison d’Evin. Elle y a été maintenue à l’isolement pendant 35 jours et interrogée. Le 8 juin, elle a été transférée dans l’aile réservée aux femmes de la prison d’Evin. Elle souffre d’épilepsie et on craint que le stress associé à l’incarcération ne déclenche des crises. Actuellement, elle souffre de vertiges et de baisses de tension. Elle a perdu environ sept kilos.

Le maintien à l’isolement prolongé enfreint les Règles Nelson Mandela et constitue un acte de torture ou autre mauvais traitement. Par ailleurs, les autorités sont tenues de maintenir les prisonniers violents ou représentant une menace éloignés des autres détenus et de séparer les détenus qui n’ont pas encore été jugés des détenus condamnés.

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