Écrire Des syndicalistes ayant demandé des EPI ont été inculpés

Le 2 juin 2020, la police malaisienne a dispersé une manifestation pacifique organisée contre une entreprise de services de nettoyage pour les hôpitaux.

Les revendications portaient sur le traitement inique de syndicalistes par cette entreprise et sur le manque d’équipements de protection individuelle (EPI) pour le personnel de propreté.

La police a arrêté, placé en détention et inculpé de « rassemblement non autorisé » cinq manifestant·e·s, violant leur droit à la liberté d’association et de réunion. La prochaine audience au tribunal aura lieu le 9 juillet 2020.

Nous demandons au ministre de l’Intérieur d’abandonner toutes les charges qui ont été retenues contre eux. Les piquets de grève sont une composante essentielle du droit à la liberté d’association et nul ne doit être poursuivi pour un rassemblement pacifique.

Dans les hôpitaux en Malaisie, les agents de propreté sont employés par des entreprises privées qui travaillent en sous-traitance pour des concessionnaires ayant obtenu des contrats publics pour la fourniture de services auxiliaires pour les hôpitaux. Du fait de leur statut de travailleurs et travailleuses en sous-traitance, les agents de propreté reçoivent le salaire minimum de 1 100 RM (258 USD) et n’ont pas d’augmentation annuelle ni d’autres avantages tels qu’un contrat à durée indéterminée, 15 jours fériés rémunérés, un congé annuel, des primes, et une indemnité en cas de compression des effectifs.

En 2016, le Syndicat national des travailleurs du soutien hospitalier et des services connexes (NUWHSAS) a été réactivé par un groupe d’agents de propreté dans le nord du pays afin de négocier un accord collectif portant sur 43 revendications, y compris sur une révision à la hausse des salaires de départ et une augmentation annuelle. La NUWHSAS a indiqué avoir négocié un nouvel accord collectif portant sur 38 revendications en octobre 2019, encadrant les conditions d’emploi des agents de propreté en sous-traitance.

Cependant, alors que cet accord devait entrer en vigueur en janvier 2020, le contrat de sous-traitance a été vendu à une autre entreprise : une filiale d’une entreprise cotée en bourse et liée au gouvernement détenue par le fonds d’investissement souverain du gouvernement malaisien. D’après certaines informations publiées par les médias, cette entreprise refuse maintenant de reconnaître ce syndicat, et l’accord collectif est considéré comme nul et non avenu. L’entreprise n’a ni confirmé ni nié avoir refusé de reconnaître le syndicat, mais elle a déclaré que les allégations de pratiques antisyndicales font l’objet d’une action en justice au titre de l’article 18 de la Loi relative aux relations de travail, et la procédure a été retardée en raison de la pandémie de COVID-19.

Selon le NUWHSAS, depuis le début de la pandémie de COVID-19, les agents de propreté n’ont pas accès à des équipements de protection individuelle (EPI) adéquats quand ils nettoient des chambres et des locaux infectés par le COVID-19, et Edgenta UEMS ne leur a pas fourni suffisamment de masques et de gants.

Le syndicat accuse également Edgenta UEMS de s’en prendre en particulier aux agents de propreté actifs au sein du syndicat en :
• modifiant les horaires et périodes de travail des travailleurs et travailleuses actifs au sein du syndicat ;
• transférant de façon arbitraire des membres du syndicat dans un hôpital éloigné de leur domicile ;
• interdisant les discussions liées au syndicat entre les commissions syndicalistes présentes sur les lieux de travail et les travailleurs et travailleuses, même pendant les pauses ;
• interdisant aux membres du syndicat de faire des heures supplémentaires afin d’augmenter leurs revenus ;
en intimidant les membres du syndicat et en les menaçant de sanctions disciplinaires.

Le 3 juin, l’entreprise a publié une déclaration niant les allégations du syndicat, notamment en ce qui concerne la modification délibérée des horaires et périodes de travail, le transfert arbitraire dans d’autres hôpitaux, l’interdiction des activités syndicales, le harcèlement verbal, le refus de fournir des EPI et l’absence d’augmentation des salaires et de congés payés. Mais les représentants juridiques du syndicat maintiennent leurs accusations.

Dans une lettre adressée à Amnesty International Malaisie le 19 juin, UEM Edgenta a une fois de plus nié ces allégations. L’entreprise a également indiqué avoir pris de nombreuses mesures depuis ces faits. Elle dit notamment avoir créé en interne une équipe spéciale chargée d’examiner les allégations du syndicat ; mis en place une tournée d’information dans certains hôpitaux du nord de la péninsule comprenant un audit des EPI et des sessions collaboratives avec les employé·e·s des services de soutien aux soins de santé (SSS) ; et créé la PrihatinLine, un service en ligne destiné aux employé·e·s des SSS qui leur permet d’adresser des informations et leurs préoccupations aux cadres supérieurs et à la nouvelle équipe spéciale.

Antérieurement, le 26 mars 2020, le syndicat avait déclaré que cette même entreprise avait empêché des personnes travaillant dans l’hôpital Teluk Intan d’être testées au COVID-19, alors que 39 membres du personnel de santé de l’hôpital avaient été testés positifs. Le syndicat a affirmé que l’entreprise a refusé ces tests parce qu’il n’y aurait pas de remplaçants au cas où des agents de propreté auraient dû prendre des congés à la suite de ces tests.

Le 27 mars, le ministère de la Santé a demandé à toutes les personnes travaillant à l’hôpital d’être testées au COVID-19.

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