Écrire Trois militants laotiens détenus au secret

Trois militants des droits humains laotiens ont été arrêtés les 5 et 22 mars dans des circonstances pouvant s’apparenter à des disparitions forcées. Ils sont détenus au secret depuis leur apparition à la télévision nationale le 25 mai dans un reportage qui a confirmé qu’ils avaient été arrêtés pour avoir menacé la sécurité nationale en raison de publications sur les réseaux sociaux.

Soukan Chaithad (32 ans), Lodkham Thammavong (30 ans) et Somphone Phimmasone (29 ans) sont des ressortissants laotiens qui ont travaillé en Thaïlande jusqu’en février 2016, lorsqu’ils sont rentrés au Laos afin de se procurer les documents qui leur permettraient de continuer à travailler en Thaïlande. Ils avaient tous les trois participé à une manifestation pacifique réunissant environ 30 personnes devant l’ambassade du Laos à Bangkok le 2 décembre 2015, le jour de la fête nationale du Laos. Ils avaient également publié sur Facebook plusieurs messages critiquant le gouvernement laotien en raison de la corruption, de la déforestation et des violations des droits humains dans lesquelles il serait impliqué.

Lodkham Thammavong et Somphone Phimmasone (qui sont en couple) ont été arrêtés chez eux, dans le village de Ban Vang Tay (district de Nongbok, province de Khammouane) le 5 mars. Soukan Chaithad a été arrêté le 22 mars, vraisemblablement au bureau du ministère de la Sécurité publique de la ville de Savannakhet (ouest du Laos), où il s’était rendu pour renouveler son passeport. Ces arrestations peuvent s’apparenter à des disparitions forcées, car on ignore où ces trois personnes sont détenues depuis leur arrestation.

Le 25 mai, ces trois militants sont apparus à la télévision nationale dans un reportage confirmant qu’ils avaient été arrêtés en raison de la menace qu’ils étaient supposés représenter pour la sécurité nationale à cause de publications sur les réseaux sociaux. Ils portaient des uniformes de prisonniers et étaient assis en face de policiers en uniformes et d’hommes en civil. Dans ce reportage, Soukan Chaithad a déclaré qu’il allait « changer d’attitude et arrêter toutes [ses] activités qui représentent une trahison envers la nation ». Il a ajouté qu’il avait procédé à ces aveux sans avoir subi de pressions de la part des autorités.

Ces trois personnes sont toujours détenues au secret. On ignore de quelles infractions elles sont accusées, si elles font l’objet de poursuites pénales et où elles sont détenues.

La République démocratique populaire laotienne est un État soumis à un régime de parti unique et dirigé par le Parti révolutionnaire du peuple laotien.

Les droits à la liberté d’expression, d’association et de réunion pacifique sont fortement restreints dans ce pays. En septembre 2014, un nouveau décret du Premier ministre sur la gestion de l’information circulant sur Internet a été promulgué. Depuis, au moins deux personnes ont été arrêtées à cause d’informations qu’elles avaient publiées sur Internet. L’une de ces personnes a depuis été libérée. L’autre, Bounthanh Thammavong, est un ressortissant polonais d’origine laotienne. Il a été déclaré coupable d’avoir critiqué le parti au pouvoir sur Facebook et d’avoir pris part à d’autres activités antigouvernementales et a été condamné à quatre ans et neuf mois de prison.

Le Laos a signé le Pacte international pour la protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées en septembre 2008, mais ne l’a pas encore ratifié. Le cas le plus connu de disparition forcée ces dernières années est celui de Sombath Somphone, vu pour la dernière fois dans un poste de police de Vientiane, la capitale, en décembre 2012. Le gouvernement a reconnu sa disparition, mais n’a pas ordonné d’enquête approfondie et indépendante. Sompawn Khantisouk, un chef d’entreprise très engagé dans les questions de conservation de l’environnement, n’a pas réapparu depuis qu’il a été enlevé en 2007 par des hommes vraisemblablement liés à la police.

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