Écrire Un ancien enfant soldat emprisonné à la suite d’une interview avec un média

L’ancien enfant soldat Aung Ko Htwe purge une peine de deux ans et six mois d’emprisonnement en raison d’une interview avec un média dans laquelle il a parlé de ce qu’il a vécu au sein de l’armée du Myanmar. Il risque trois années supplémentaires d’emprisonnement pour avoir protesté contre sa condamnation. Il doit être remis en liberté immédiatement et sans condition.
Aung Ko Htwe, qui est à présent âgé de 26 ans, a été arrêté le 18 août 2017. Son « crime » est d’avoir donné une interview à un média, qui a été diffusée au début du mois d’août 2017, et dans laquelle il décrivait ce qu’il avait vécu en tant qu’enfant soldat, expliquant notamment que l’armée l’avait enlevé et enrôlé de force quand il avait 13 ans. Il a été inculpé au titre de l’article 505(b) du Code pénal du Myanmar, cet article rédigé en termes vagues réprimant toute personne qui donne, publie ou fait circuler des informations pouvant « effrayer ou alarmer la population ou toute partie de la population et inciter une personne à commettre une infraction portant atteinte à l’État ou à la tranquillité publique ». Cette disposition a été souvent utilisée pour restreindre arbitrairement le droit à la liberté d’expression au Myanmar. Le 28 mars, Aung Ko Htwe a été déclaré coupable et condamné à deux ans d’emprisonnement, peine maximale prévue par l’article 505(b).
Lors du procès devant le tribunal du canton de Dagon Seikkan, à Yangon, Aung Ko Htwe a critiqué le président du tribunal, déclaré qu’il ne faisait pas confiance au système judiciaire et refusé de participer davantage à la procédure. Il a pour ce motif été inculpé d’« outrage intentionnel à un agent de la fonction publique à tout moment d’une procédure judiciaire » au titre de l’article 228 du Code pénal. Le 14 février 2018, il a été déclaré coupable de cette infraction et condamné à six mois d’emprisonnement. Il a décidé de ne pas faire appel de ces condamnations, car il est convaincu qu’il n’obtiendra pas de décision équitable.
Immédiatement après sa condamnation au titre de l’article 505(b), afin de protester contre cette sentence, Ko Aung Htwe aurait piétiné une copie imprimée de la Constitution du Myanmar de 2008. Le tribunal l’a alors inculpé d’avoir « provoqué la destruction de la totalité ou de toute partie que ce soit de l’union scellée » au titre de la Loi relative à l’union scellée (articles 6 et 7). S’il est déclaré coupable, il risque jusqu’à trois ans de réclusion. Le 3 juillet, à la suite d’une requête de son avocat, cette affaire a été transmise au tribunal du canton de Botataung. La prochaine audience est prévue pour le 23 juillet. Il est actuellement détenu à la prison d’Insein, à Yangon.

L’arrestation d’Aung Ko Htwe, les poursuites en justice engagées contre lui et son emprisonnement sont dus à une interview qu’il a donnée à Radio Free Asia (RFA), et qui a été diffusée en août 2017. Dans cette interview, il explique qu’il a été enlevé dans une gare de chemin de fer à Yangon, la principale ville du Myanmar, en octobre 2005 et enrôlé de force dans l’armée myanmar. Il avait 13 ans au moment des faits. Deux ans après, en 2007, il a essayé de s’enfuir avec deux autres personnes. Un motocycliste a été tué lors de cette tentative, et ils ont tous les trois été condamnés à mort. La peine de mort qui avait été prononcée contre Aung Ko Htwe a par la suite été commuée en réclusion à perpétuité. Il a été remis en liberté en juillet 2017 après avoir passé 10 ans en prison, mais a été arrêté le mois suivant en raison de l’interview donnée à RFA. Il est depuis derrière les barreaux. Dans le rapport qu’elle a soumis au Conseil des droits de l’homme des Nations unies en mars 2018, la rapporteuse spéciale des Nations unies sur la situation des droits de l’homme au Myanmar a fait état de ses préoccupations au sujet des poursuites engagées contre Aung Ko Htwe et demandé que les charges retenues contre lui soient abandonnées.
Le Myanmar enrôle depuis longtemps des enfants soldats dans ses forces armées. En 2012, les autorités du Myanmar et les Nations unies ont signé un plan d’action commun pour stopper et prévenir l’enrôlement et l’utilisation d’enfants par les forces armées du Myanmar. Depuis, des centaines d’enfants et de jeunes qui avaient été enrôlés dans l’armée ont été rendus à la vie civile, et le recrutement actif d’enfants soldats semble avoir considérablement diminué. Toutefois, des informations continuent de faire état de l’enrôlement persistant d’enfants dans certaines régions du pays.
Le droit à la liberté d’expression est inscrit dans l’article 19 de la Déclaration universelle des droits de l’homme (DUDH). Au titre du droit international relatif aux droits humains, ce droit ne peut être restreint que dans des circonstances très précises, et de telles restrictions doivent être fixées par la loi, imposées seulement pour réaliser un objectif légitime explicitement précisé dans le droit international relatif aux droits humains, et doivent être nécessaires et proportionnées pour atteindre leur objectif. Amnesty International est préoccupée par le nombre de lois au Myanmar qui restreignent le droit à la liberté d’expression, notamment par l’article 505(b) du Code pénal, qui est utilisé pour arrêter et emprisonner des personnes uniquement parce qu’elles ont exercé, pourtant pacifiquement, leurs droits fondamentaux. Tant que ces lois seront maintenues, des militants, des défenseurs des droits humains et les personnes qui dénoncent des violations des droits humains continueront de risquer d’être arrêtés et emprisonnés.
Nom : Aung Ko Htwe
Homme

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