Écrire Un chercheur soumis à une disparition forcée

Le 11 juin 2019, Ibrahim Ezz El Din, chercheur sur les droits relatifs au logement travaillant pour une ONG égyptienne, a été arrêté par les forces de sécurité dans une rue près de son domicile qui se trouve dans le quartier de Moqattam, au Caire, et soumis à une disparition forcée. Depuis son arrestation, les autorités continuent de nier le détenir, et sa famille n’a pas été informée de ce qui lui est arrivé et du lieu où il se trouve.

Ibrahim Ezz El Din est chercheur à la Commission égyptienne des droits et des libertés (CEDL), et il travaille plus particulièrement sur les droits relatifs au logement. Il a enquêté sur la situation en Égypte concernant l’accès à un logement sûr et abordable, rassemblé des informations sur les expulsions forcées et sur la politique égyptienne d’aménagement des villes.
Il est la cinquième personne liée à la CEDL ayant fait l’objet d’une arrestation depuis 2016. Son arrestation fait suite au placement en détention de l’avocat spécialiste des droits liés au travail Haytham Mohamdeen, qui travaille pour la CEDL et qui se trouve en détention provisoire depuis le 13 mai 2019 en raison d’accusations infondées d’« aide à un groupe terroriste ». En mai 2018, les forces de sécurité égyptiennes ont arrêté Amal Fathy, défenseure des droits humains et épouse du directeur de la CEDL, et Mohamed Lotfy, ancien chercheur d’Amnesty International, en raison d’une vidéo dans laquelle elle critiquait les autorités pour l’absence de mesures visant à combattre un harcèlement sexuel généralisé ; elles l’ont libérée en décembre 2018. Elles avaient aussi arrêté en 2016 le directeur du programme Minorités, Mina Thabet, et l’un des dirigeants de la CEDL, Ahmed Abdallah, puis elles les avaient remis en liberté sans inculpation.
L’arrestation d’Ibrahim Ezz El Din intervient dans le contexte d’une crise des droits humains et d’une répression exercée contre la société civile égyptienne qui a conduit à l’arrestation de centaines de personnes en raison de leur travail légitime ou parce qu’elles avaient exercé pacifiquement leurs droits à la liberté d’expression et de réunion. Cette répression a touché des journalistes, des fans de football, des détracteurs, des représentants politiques et le personnel d’organisations de la société civile. Un grand nombre des personnes arrêtées ont été soumises à une disparition forcée, puis ont fait l’objet d’accusations infondées de « terrorisme » en raison de leur travail légitime, et été placées en détention provisoire pendant plusieurs mois voire plusieurs années, sans jamais être jugées.
Amnesty International a amplement démontré que les disparitions forcées sont un outil couramment utilisé par les forces de sécurité en Égypte contre les militants politiques et les manifestants, y compris des étudiants et des mineurs (voir https://www.amnesty.org/fr/documents/mde12/4368/2016/fr/). Des centaines de personnes soumises à une disparition forcée ont été arbitrairement arrêtées et placées en détention secrète, durant laquelle elles ont été privées d’accès à des avocats et à leur famille et privées d’un contrôle judiciaire externe de leur situation. Le caractère systématique de ces atteintes aux droits humains est devenu particulièrement manifeste après la nomination du général de division Magdy Abd El Ghaffar au poste de ministre de l’Intérieur par le président Abdel Fattah al Sissi, en mars 2015. La CEDL fait partie des principales ONG égyptiennes qui travaillent de façon approfondie sur la question des disparitions forcées.

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