Écrire Un militant victime de « disparition » risque d’être torturé

Gao Zhisheng, ancien prisonnier d’opinion et avocat spécialiste des droits humains, fait l’objet d’une disparition forcée. Aucune information sur le lieu où il se trouve n’est disponible depuis qu’il a été emmené depuis son domicile, dans la ville de Yulin (province du Shaanxi, nord-ouest de la Chine), le 13 août 2017. Gao Zhisheng avait témoigné des actes de torture répétés qu’il avait subis en détention en raison de ses activités, ce qui laisse fortement à craindre qu’il ne soit torturé et soumis à d’autres mauvais traitements, voire qu’il ne meure.

Gao Zhisheng est l’un des avocats spécialistes des droits humains les plus respectés de Chine, que le ministre de la Justice a classé parmi les 10 meilleurs avocats du pays en 2001 pour son travail bénévole dans des affaires d’intérêt public. Malgré cela, Gao Zhisheng a été victime de disparition forcée, de torture, d’assignation à résidence et de détention illégales en raison de ses activités, qui consistent notamment à défendre des militants des droits humains et à travailler sur d’autres affaires sensibles sur le plan politique. À la fin de l’année 2005, le Bureau de la justice de Pékin a annulé son permis d’exercer et a suspendu les activités de son cabinet, Shengzhi Law Office. Ces mesures ont un lien direct avec les lettres ouvertes dans lesquelles Gao Zhisheng appelait les autorités à cesser les persécutions religieuses, notamment celles visant les pratiquants du Fa Lun Gong.
En février 2006, Gao Zhisheng a lancé une campagne de grèves de la faim pour attirer l’attention sur les persécutions dont étaient victimes les défenseurs des droits humains en Chine. Le 22 août 2006, peu après la fin de cette campagne, il a été arrêté et détenu sans inculpation. Un mois plus tard, le 21 septembre, il a été inculpé d’« incitation à la subversion de l’État », une infraction floue. En décembre 2006, il a été condamné à une peine de trois ans de prison avec sursis assortie de cinq ans de mise à l’épreuve.
En avril 2010, il a déclaré dans une interview accordée à Associated Press qu’il avait été torturé en détention. Peu après, il a été de nouveau porté disparu et on est resté sans nouvelles de lui pendant près de 20 mois. En décembre 2011, les médias publics ont annoncé que Gao Zhisheng n’avait pas respecté les conditions de son sursis et avait donc été incarcéré afin de purger sa peine.
La famille de Gao Zhisheng, en raison du harcèlement constant des autorités, qui avaient notamment gelé ses comptes bancaires et empêché les enfants d’être scolarisés, a fui la Chine en mars 2009 ; elle réside actuellement aux États-Unis. En octobre 2010, sa fille Grace Geng a adressé au président des États-Unis une lettre ouverte dans laquelle elle disait : « M. le Président Obama, vous qui êtes père de deux filles, demandez au président chinois Hu Jintao de dire à la fille que je suis où se trouve son père. » Depuis sa libération en 2014, Gao Zhisheng vivait chez son frère aîné dans un village isolé de la province du Shaanxi, sous étroite surveillance. Selon sa famille, il avait souffert de mauvais traitements et de malnutrition en prison, ce qui avait gravement endommagé ses dents, et trois ans plus tard, il avait encore du mal à consommer des aliments solides. Les autorités lui avaient interdit de quitter le village pour recevoir des soins médicaux et dentaires. Même dans cette situation difficile, il continuait à défendre ouvertement les droits humains et à critiquer le Parti communiste chinois.
En 2016, Gao Zhisheng a publié des mémoires intitulés Année 2017, débout la Chine ! avec l’aide de sa fille Grace Geng. Dans ce livre, il décrit en détail le traitement qu’il a subi en détention de 2009 à 2014 et raconte sa vie après qu’il a été libéré et renvoyé dans le Shaanxi pour vivre sous une surveillance policière permanente chez son frère aîné, Gao Zhiyi. Rédiger cet ouvrage était pour Gao Zhisheng une façon de continuer à résister contre les violations des droits humains commises par les autorités chinoises.
En Chine, les personnes qui mènent des activités militantes et défendent les droits humains continuent à être systématiquement soumises à une surveillance, à des manœuvres de harcèlement et d’intimidation, à des arrestations et à des incarcérations. Peu de châtiments sont aussi cruels et délibérés que les disparitions forcées. Les victimes sont arrachées à leurs proches par des représentants de l’État ou d’autres personnes agissant en leur nom. Les autorités nient détenir la personne en question ou refusent de dire où elle se trouve. Les familles se retrouvent plongées dans l’angoisse, essayant d’entretenir la flamme de l’espoir tout en craignant le pire. Elles peuvent rester dans cette incertitude pendant des années.

LIEN VERS L’AU PRÉCÉDENTE : https://www.amnesty.org/fr/documents/asa17/7545/2017/fr/

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