Écrire Un poète détenu pour son hommage à Liu Xiaobo

Le poète Wu Mingliang, plus connu sous le nom de « Langzi » (littéralement « vagabond »), a été placé en « détention criminelle » car il est soupçonné d’« activités commerciales illégales ». Il avait déjà été détenu pour interrogatoire après avoir co-signé une lettre de soutien à Liu Xiaobo. Amnesty International pense qu’il est pris pour cible parce qu’il contribue à éditer une anthologie de poèmes rendant hommage au lauréat du prix Nobel de la paix.

Les autorités ont 37 jours pour décider d’éventuelles charges officielles.

Wu Mingliang, poète renommé de Guangzhou (Canton) et membre du Centre indépendant chinois PEN, a été arrêté chez lui par des policiers et placé en « détention criminelle » le 18 août 2017 parce qu’il est soupçonné d’« activités commerciales illégales ». Son domicile a été perquisitionné et les policiers ont emporté des ordinateurs et des affaires personnelles. Wu Mingliang est actuellement détenu au centre de détention du district de Haizhu, à Guangzhou, dans la province du Guangdong.

Son avocat et ses amis estiment qu’il est détenu en raison de sa participation à la rédaction d’une anthologie de poésie en mémoire de Liu Xiaobo, décédé le 13 juillet 2017. Wu Mingling a été placé en détention administrative pendant 10 jours le 1er juillet après avoir co-signé une lettre de soutien à Liu Xiaobo, alors incarcéré. Pendant ces 10 jours, la police l’a interrogé à plusieurs reprises au sujet de l’anthologie qu’il contribue à rédiger, réviser et compiler pour rendre hommage à Liu Xiaobo, lauréat du prix Nobel de la paix.

Au cours d’une visite de son avocat au centre de détention le 23 août, Wu Mingliang a déclaré que les policiers du centre l’ont interrogé au sujet du catalogue d’une exposition de son travail qu’il a publié sans avoir obtenu la permission explicite des autorités. D’après les amis de Wu Mingliang, Peng Heping, qui a imprimé le catalogue de l’exposition, a lui aussi été placé en « détention criminelle » pour des soupçons d’« activités commerciales illégales » le 29 août, dans le même centre. Amnesty International ne dispose d’aucune autre information au sujet de sa détention.

Wu Mingliang et Peng Heping étant placés en « détention criminelle », le bureau de la Sécurité publique doit décider sous 37 jours de les arrêter officiellement ou non. Les autorités chinoises invoquent fréquemment des crimes économiques pour placer en détention des militants et des acteurs de la société civile.

Wu Mingliang, 48 ans, est un poète renommé en Chine et est membre du Centre indépendant chinois PEN, affilié à PEN International, organisation internationale d’écrivains. Feu le prix Nobel de la paix Liu Xiaobo a présidé le Centre indépendant chinois PEN. Wu Mingliang a travaillé pour des journaux et des magazines dans la province du Guangdong. Il a commencé à écrire en 1985 et a rédigé et révisé plusieurs anthologies de poésie.

Wu Mingliang a été placé en détention pendant deux semaines après avoir participé à la « Révolution de Jasmin » en 2011, une série de manifestations pro-démocratie en Chine. Après qu’un appel anonyme a été passé le 17 février 2011 via Internet pour organiser la « Révolution de Jasmin », plus d’une centaine de militants ont été placés en détention ou sous surveillance, illégalement assignés à résidence ou ont simplement disparu. De plus, au moins une dizaine d’avocats ont été brièvement détenus et ont subi des pressions de la part des autorités pour ne pas défendre les militants détenus. La police leur a même enjoint d’arrêter d’utiliser Twitter pour parler des détenus.

En juin 2017, Wu Mingliang a co-signé une déclaration de soutien à Liu Xiaobo, qui se trouvait alors en détention, dans un état critique, et a donné des interviews à Hong Kong Cable TV. C’est sans doute pourquoi, le 1er juillet, il a été placé en détention administrative pendant 10 jours.
La Chine place fréquemment en détention des défenseurs des droits humains et des dissidents pour des accusations de nature économique, dans le but d’éviter toute critique que pourraient susciter des accusations plus couramment invoquées dans des affaires que le gouvernement juge « sensibles ».

Le militant des droits humains Guo Feixiong a été arrêté en février 2006 et condamné à cinq ans d’emprisonnement en novembre 2007 après avoir été déclaré coupable d’« activités commerciales illégales », pour avoir publié un livre intitulé Le tremblement de terre politique de Shenyang. L’artiste Ai Weiwei a été arrêté en avril 2011 et détenu de manière arbitraire, sans inculpation, pendant 81 jours, jusqu’à ce qu’il soit finalement inculpé d’évasion fiscale.

Deux militants associés à Yirenping, une ONG qui lutte contre la discrimination, Guo Bin et Yang Zhanqing, ainsi que Guo Yushan et He Zhengjun, du Transition Institute, un groupe de réflexion associatif, ont été détenus en 2015 pour des faits présumés d’« activités commerciales illégales », dans le cadre d’une répression générale visant les organisations de la société civile en Chine.

Au moins neuf militants ont été arrêtés fin juillet après avoir participé à des commémorations au bord de la mer en l’honneur de Liu Xiaobo à Jiangmen, dans la province du Guangdong, pour marquer le 7e jour de sa mort. Wei Xiaobing, He Lin, Liu Guangxiao, Li Shujia, Wang Meiju et Qin Mingxin ont été libérés un mois plus tard (voir : https://www.amnesty.org/fr/documents/asa17/7001/2017/fr/). Un autre militant, Ma Qiang, a été arrêté dans le Sichuan alors qu’il se rendait dans un secteur tibétain, et a ensuite été transféré dans un centre de détention à Jiangmen. Jiang Jianjun et Wang Chenggang, qui se sont rendus à Laohutan (la plage du tigre) à Dalian (non loin de l’endroit où ont été dispersées les cendres de Liu Xiaobo) le 17 juillet 2017 pour saluer la mémoire de Liu Xiaobo, ont été placés pendant 10 jours en détention administrative et libérés respectivement le 29 et le 30 juillet.

Liu Xiaobo a été condamné à 11 ans d’emprisonnement en 2009 pour « incitation à la subversion de l’État » pour avoir corédigé la « Charte 08 » – un manifeste demandant au gouvernement chinois de respecter les valeurs universelles relatives aux droits humains et l’évolution vers la démocratie – et écrit des articles critiquant le gouvernement chinois.

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