Écrire Une militante des droits des travailleurs observant une grève de la faim est en danger

Sepideh Gholian, militante en faveur des droits des travailleurs, observe une grève de la faim depuis le 23 juillet 2019 afin de protester contre les mauvais traitements infligés à sa famille et les conditions de détention déplorables à la prison de Shahr-e Rey, près de Téhéran. Sa santé s’est fortement détériorée, et elle est trop faible pour marcher.

Le procès de Sepideh Gholian et d’Esmail Bakhshi, un autre défenseur des droits des travailleurs, doit s’ouvrir le 3 août. Ces personnes doivent être libérées immédiatement et sans condition.

Sepideh Gholian et Esmail Bakhshi ont une nouvelle fois été arrêtés de façon violente par des agents du ministère du Renseignement à Ahvaz, dans la province du Khuzestan, le 20 janvier, semble-t-il à titre de représailles dues au fait qu’ils ont dénoncé les actes de torture qu’ils affirment avoir subis en détention en novembre et décembre 2018. Sepideh Gholian a été incarcérée à la prison de Sepidar, et Esmail Bakhshi à la prison de Sheyban, toutes deux à Ahvaz, jusqu’au 28 avril 2019, lorsqu’ils ont été transférés à la prison d’Evin.

Le 3 juin 2019, Sepideh Gholian a été conduite à la prison de Shahr-e Rey, dans la ville de Varamin, près de Téhéran. Ils ont depuis lors été inculpés de plusieurs atteintes à la sécurité nationale, notamment d’« appartenance à un groupe formé dans le but de porter atteinte à la sécurité nationale », de « rassemblement et collusion en vue de commettre des atteintes à la sécurité nationale », de « propagande contre le régime », de « diffusion d’informations mensongères dans le but de perturber l’opinion publique » et de « troubles à l’ordre public ». Ces accusations sont uniquement en relation avec leur participation à des manifestations pacifiques organisées par des travailleurs réclamant le versement d’arriérés de salaire à la raffinerie de sucre de Haft Tappeh, dans la province du Khuzestan, ainsi qu’avec les déclarations des deux militants selon lesquelles ils avaient été torturés.

La sécurité et le bien-être de Sepideh Gholian sont gravement menacés à la prison de Shahr-e Rey, où des femmes accusées ou déclarées coupables de crimes violents sont détenues dans des cellules surpeuplées et insalubres. De nombreuses informations font état de la facilité avec laquelle des agressions sont commises contre les détenues, par d’autres détenues comme par le personnel de la prison, ainsi que de la prévalence des problèmes de santé mentale, d’automutilations et de la consommation endémique de stupéfiants.

L’eau de la prison serait salée et impropre à la consommation, ne laissant aux prisonnières d’autre option que d’acheter des conteneurs d’eau potable au prix fort au magasin de la prison. Les repas sont décrits comme immangeables, et la plupart des détenues préfèrent acheter la nourriture au magasin, qui propose principalement des boîtes de conserve. Elles reçoivent généralement une aide financière de leur famille ou travaillent dans la prison pour acheter eau et nourriture. Elles se plaignent aussi des coupures d’électricité fréquentes, du manque d’aération ou de climatisation, des douches et toilettes sales et en nombre insuffisant, de la très faible pression de l’eau dans les douches et du manque de lits obligeant de nombreuses détenues à dormir par terre.

En outre, les détenues n’ayant pas accès à des soins médicaux adaptés, les maladies contagieuses sont fréquentes, notamment la tuberculose et l’hépatite infectieuse. Aux termes du droit international, notamment de l’Ensemble de règles minima des Nations unies pour le traitement des détenus (ou Règles Nelson Mandela), les autorités carcérales doivent fournir aux prisonniers une alimentation ayant une valeur nutritive suffisante, de l’eau potable et des conditions de détention propres et salubres.

Sepideh Gholian et Esmail Bakhshi ont été initialement arrêtés le 18 novembre 2018 parce qu’ils avaient participé à un rassemblement pacifique devant le bureau du gouverneur à Suse, dans le Khuzestan, organisé dans le but de discuter du non-versement des salaires des ouvriers de l’usine de transformation de la canne à sucre d’Haft Tappeh.

Après leur libération sous caution, mi-décembre, Esmail Bakhshi et Sepideh Gholian ont décrit publiquement les actes de torture qu’ils ont subis aux mains de policiers et d’agents du Renseignement, à Suse et à Ahvaz. Ils ont dit avoir été frappés sans relâche, projetés contre un mur et jetés à terre, humiliés par des insultes à caractère sexuel et menacés de coups de fouet, de violences sexuelles et de mort. Les autorités ont tout d’abord réagi en s’engageant à enquêter sur ces allégations de torture. Or, quelques jours après, de hauts représentants du gouvernement, dont le chef du pouvoir judiciaire, le procureur général du pays et le chef de cabinet du président, ont déclaré que ces allégations de torture étaient fausses et ont menacé de porter plainte contre Esmail Bakhshi au motif qu’il avait jeté le discrédit sur le régime de la République islamique (MDE 13/9745/201).

Le 19 janvier 2019, la veille de l’arrestation d’Esmail Bakhshi et de Sepideh Gholian, la télévision d’État a diffusé les « aveux » qui, selon eux, leur ont été extorqués sous la torture et d’autres formes de mauvais traitements. Dans ces vidéos, les deux militants avouent leur « complicité » avec des organisations marxistes et communistes hors d’Iran dans le but d’orchestrer le renversement du régime, en organisant des grèves et des manifestations ouvrières. Esmail Bakhshi a déclaré à Amnesty International qu’avant de filmer ces « aveux », les agents chargés de l’interroger l’ont peigné, l’ont rasé et lui ont donné un texte à lire. Il a dit que les fonctionnaires arrêtaient l’enregistrement pour lui hurler dessus lorsqu’ils estimaient que les expressions de son visage n’exprimaient « pas assez de regrets ».

Selon Sepideh Gholian, les pressions visant à la forcer à « avouer » étaient si intenses que lors de ces interrogatoires, elle hurlait, tremblait sans pouvoir se contrôler et se griffait le visage. En obtenant ces aveux forcés et en les rendant publics, les autorités iraniennes portent atteinte de manière flagrante au droit à un procès équitable, notamment au droit de garder le silence durant les interrogatoires et au droit à la présomption d’innocence.

Le procès d’Esmail Bakhshi et de Sepideh Gholian doit avoir lieu devant la 28e chambre du tribunal révolutionnaire de Téhéran, le 3 août. Un autre militant des droits des travailleurs, Ali Nejati, et quatre journalistes, Sanaz Alahyari, Amirhossein Mohammadifar, Amir Amirgholi et Asal Mohammadi, seront jugés dans le cadre du même procès. Ali Nejati, ancien président et membre actuel du syndicat de Haft Tappeh, a été arrêté le 29 novembre 2018 et libéré sous caution le 28 janvier 2019. Les quatre journalistes sont membres du personnel de Gam, un magazine en ligne qui aborde des sujets ayant trait à la justice sociale, notamment aux droits des travailleurs.

Amir Amirgholi, Sanaz Alahyari et Amirhossein Mohammadifar sont détenus arbitrairement à la prison d’Evin, à Téhéran, depuis le mois de janvier 2019. Asal Mohammadi a été arrêtée le 8 décembre 2018 et libérée sous caution le 5 janvier 2019. Ils sont poursuivis sur la base de charges liées à la sécurité nationale, dénuées de fondement et uniquement liées au fait qu’ils ont couvert des manifestations organisées par des ouvriers de l’entreprise de transformation de la canne à sucre de Haft Tappeh, au Khuzestan (MDE 13/0639/2019).

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