Evdokia Romanova, militante LBGT de Samara, en Russie, a été inculpée de « propagande homosexuelle » le 26 juillet pour avoir publié des liens vers le site Web international de la Youth Coalition for Sexual Reproductive Rights et vers des articles promouvant l’égalité des LBGT (lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres). Elle comparaîtra en justice le 18 septembre.
Le 26 juillet, la militante LGBT Evdokia Romanova, membre active de la Youth Coalition for Sexual and Reproductive Rights (YCSRR) de Samara, en Russie centrale, a été convoquée au poste de police local à titre de témoin dans une autre affaire sur laquelle la police enquêtait. Lorsqu’elle est arrivée au poste, elle a été interrogée et inculpée au titre de l’article 6.21, paragraphe 2, du Code des infractions administratives pour « promotion des relations sexuelles non-traditionnelles auprès des mineurs utilisant Internet ». Elle comparaîtra en justice le 18 septembre. Si elle est déclarée coupable, elle encourt une amende de 100 000 roubles russes (1 460 euros environ).
En violation de la loi, Evdokia Romanova a été privée d’assistance juridique lorsqu’elle a été interrogée et inculpée par la police. La police a refusé en toute illégalité à Evdokia Romanova et son avocat l’accès au dossier, les privant ainsi de la possibilité de connaître les chefs d’inculpation retenus à son encontre. Evdokia Romanova et son avocat n’ont été en mesure de consulter les pièces du dossier que le 5 septembre, presque six semaines après son inculpation et seulement une fois l’affaire transmise au tribunal de district de Kirov, à Samara. Son dossier révèle que les charges sont probablement liées à son appartenance à la YCSRR et que son « crime » fut de publier, sur sa page Facebook et sur le réseau social russe VKontakte, des liens vers le site Web de la YCSRR et des publications médias, notamment vers un article du Guardian portant sur le référendum sur le mariage entre personnes de même sexe en Irlande et un article de Buzzfeed sur l’exposition à Saint-Pétersbourg consacrée aux adolescents LGBT en Russie.
Quatre de ces publications datent de 2015 et une autre de mai 2016. Selon la police, les liens vers la publication de la YCSRR, une campagne appelant les jeunes militants à se mobiliser en faveur des droits des LGBT, sont les plus incriminants et le Centre pour la prévention de l’extrémisme a même ordonné à deux experts – le premier en linguistique et le second en psychologie – d’examiner cette publication. Les deux experts ont conclu qu’elle contenait de la « propagande pour les relations sexuelles non-traditionnelles ». Le linguiste a conclu qu’elle visait à « former une orientation sexuelle non-traditionnelle », « créer une image attractive de l’orientation sexuelle non-traditionnelle » et « formait une image accordant la même valeur aux relations sexuelles traditionnelles et non-traditionnelles pour la société ».