Camps de réfugiés en Grèce : personne ne devrait vivre dans la peur d’être agressé

À Elliniko, un quartier d’Athènes, trois camps abritent plus de mille réfugiés et migrants, dont de nombreux enfants et femmes et jeunes filles. Les habitants de ces camps, principalement originaires d’Afghanistan, vivent dans des tentes depuis plus d’un an, alors que nombre d’entre eux peuvent réellement prétendre à une protection internationale. Conditions de vie épouvantables L’hygiène et les conditions sanitaires sont lamentables et l’intimité extrêment limitée. Ces conditions n’ont fait qu’exacerber de graves problèmes de santé mentale déjà existants chez les habitants, notamment des tentatives de suicide. « Tout le monde devient fou à Elliniko », a déclaré une femme réfugiée à Amnesty International en mars. Insécurité L’insécurité est l’un des principaux sujets d’inquiétude dans les camps. La police n’intervient pas dans les problèmes de sécurité à l’intérieur des camps et le contrôle des personnes qui entrent dans les camps est insuffisant. La situation est particulièrement préoccupante pour les femmes et les jeunes filles qui déclarent être victimes d’un harcèlement verbal constant et être confrontées à des risques de violences sexuelles et liées au genre. Elles vivent dans une peur constante d’être agressées dans leur tente, ou encore aux toilettes ou dans les douches dont les portes ne peuvent être verrouillées. Les autorités doivent proposer des solutions adéquates Les camps ne doivent être utilisés que de manière exceptionnelle et temporaire pour (…)

Trois camps ont été mis en place dans le quartier d’Elliniko, à Athènes, en décembre 2015 et février 2016 pour accueillir temporairement des réfugiés et des migrants, parmi lesquels de nombreux enfants. Ils ont été installés dans le stade olympique de hockey (Elliniko I), dans le terminal des arrivées de l’aéroport désaffecté (Elliniko II) et dans le stade olympique de baseball (Elliniko III). Le 18 avril 2017, ils accueillaient respectivement 469 ; 483 et 257 réfugiés et migrants. Des délégations d’Amnesty International se sont rendues dans ces camps quatre fois depuis février 2016.

Conditions d’accueil inadaptées
La majeure partie des réfugiés et migrants du terminal des arrivées et du stade de hockey dorment dans des petites tentes de camping en toile très fine. Dans le stade de baseball, les habitants vivent dans des plus grandes tentes installées sur le terrain et ont indiqué souffrir des conditions climatiques comme la pluie ou la neige.

Dans le terminal des arrivées et le stade de hockey d’Elliniko, les réfugiés et migrants ont essayé d’instaurer un semblant d’intimité en pendant des draps et des couvertures entre les tentes. Mais ces tentatives sont inefficaces puisque les tentes sont presque collées les unes aux autres.

Les organisations humanitaires travaillant dans les camps fournissent une aide humanitaire essentielle pour les réfugiés et migrants d’Elliniko, mais ont indiqué que les sites étaient complètement inadaptés à l’accueil, ce qui limite leur travail destiné à améliorer les conditions de vie. Elles ont recommandé de proposer une solution de relogement tenant compte des besoins et des vulnérabilités des personnes vivant à Elliniko, permettant plus d’intimité et de sécurité et respectant le droit des personnes à une vie de famille dans des conditions de vie décentes.

Insécurité dans les camps
En plus des conditions de vie dangereuses et déplorables, l’une des principales sources d’inquiétude des habitants d’Elliniko est l’insécurité dans les camps. Il n’y a pas de système de contrôle efficace de l’accès aux camps, bien que la police soit présente à l’entrée d’Elliniko I et d’Elliniko III. Les habitants se plaignent du fait que n’importe qui peut entrer dans les camps. Ils expliquent par exemple que plus d’une fois, des personnes inconnues sont entrées dans le camp et ont passé la nuit dans l’une des tentes du stade de baseball.

De nombreuses femmes avec qui Amnesty International s’est entretenue en mars 2017 ont déclaré qu’elles étaient victimes d’un harcèlement verbal constant par les hommes et que cela mettait à mal leur santé mentale. Certaines ont déclaré qu’elles ne voulaient pas sortir de leur tente, même pour leurs besoins naturels, pour éviter ce type de harcèlement. « Nos filles ne peuvent pas se déplacer [dans le camp] sans que des hommes les importunent ou les harcèlent ». Les femmes et les filles sont en effet particulièrement en danger dans ces camps, notamment car il n’est pas possible de verrouiller les portes de la plupart des douches et des toilettes, et car elles doivent dormir dans des tentes en l’absence totale de personnel de sécurité. De nombreuses femmes ont déclaré à Amnesty International qu’elles vivent dans une peur constante d’être agressées dans leur tente, aux toilettes ou dans les douches.

Des femmes ont également déclaré que leur santé mentale était mise à rude épreuve en raison de l’incertitude et de la peur d’une évacuation imminente. Une femme a déclaré à Amnesty International : « Chaque jour je suis plus stressée. J’ai peur de quitter ma tente. (...) Il paraît que nous allons être déplacés, mais je ne sais pas ce qui va nous arriver ».

Les camps ne peuvent constituer une solution durable
Un grand nombre d’habitants d’Elliniko sont en Grèce depuis plus d’un an et resteront probablement dans le pays encore longtemps. Ils devraient donc se voir proposer principalement des solutions de logement dans des appartements ou dans de plus petites structures d’accueil au lieu des camps, conformément aux recommandations du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) selon lesquelles les camps ne doivent être utilisés que de manière exceptionnelle et temporaire pour accueillir des réfugiés. Les tentes et les conteneurs doivent être utilisés uniquement en dernier recours et tout hébergement d’urgence doit disposer d’installations sanitaires adéquates (le nombre de latrines et de douches est insuffisant) et séparées pour les hommes et pour les femmes. Des soins et des services médicaux adaptés doivent également être proposés, en tenant compte des besoins spécifiques des groupes vulnérables, notamment les femmes enceintes, les enfants, les personnes âgées et les personnes souffrant d’un handicap ou de maladies chroniques.

Impossible de bénéficier de la relocalisation, ils sont coincés en Grèce
Presque tous les habitants des camps d’Elliniko sont originaires d’Afghanistan et nombre d’entre eux peuvent réellement prétendre à une protection internationale. Les Afghans n’ont que très peu de possibilités de quitter la Grèce légalement pour se rendre dans d’autres pays de l’Union européenne. Ils ne peuvent pas bénéficier du programme de relocalisation d’urgence de l’UE mis en place en 2015 en vue de relocaliser les demandeurs d’asile qui se trouvent en Grèce et en Italie vers d’autres pays de l’UE, car l’Afghanistan n’entre pas dans la catégorie des pays pour lesquels le taux moyen de reconnaissance de l’asile est, dans toute l’UE, égal ou supérieur à 75 %. Par conséquent, ils n’ont pas d’autre choix que demander l’asile en Grèce.

Cependant, nombre d’entre eux ne font pas confiance au système de demande d’asile en Grèce en raison des longs délais d’accès aux procédures d’asile et des conditions d’accueil qu’ils ont supportées depuis leur arrivée dans le pays. Ils sont donc nombreux à essayer de quitter la Grèce illégalement en passant par la route des Balkans occidentaux, en dépit des dangers de ce voyage.

Le ministre de la Politique migratoire, Mr. Yannis Baklafas, s’est exprimé sur le sujet lors d’une émission radio. Il a expliqué qu’un projet de relogement des personnes d’Elliniko vers d’autres structures en zone urbaine existait. Malheureusement aucune réponse officielle de la part des autorités n’a été faite. Les réfugiés et migrants d’Elliniko n’ont pas été consultés quant à une possible alternative de logement et restent dans l’incertitude quant au futur.

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