5 ans de crise en Syrie : l’horreur doit faire place à l’espoir

La révolution syrienne est rapidement passée de manifestations pacifiques à un conflit meurtrier, qui jusqu’à ce jour a fait des centaines de milliers de morts et de blessés et engendré une crise de réfugiée sans précédent. Les civils sont pris au piège entre les forces gouvernementales et les groupes armés, qui continuent à commettre des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité en toute impunité. Après cette cinquième année consécutive de la crise syrienne, les différentes parties au conflit, le Conseil de sécurité des Nations unies et la communauté internationale ont échoué à prendre toutes les mesures nécessaires pour protéger la population civile en Syrie. L’Europe doit accorder un soutien financier aux pays de la région qui accueillent les réfugiés syriens, tout en renforçant considérablement le nombre de réfugiés qu’elle accueille sur son territoire. Le gouvernement belge doit participer activement à l’effort de la communauté internationale pour mettre fin aux attaques aveugles, permettre l’accès aux aides humanitaires, assurer la libération des détenus arbitrairement emprisonnés et inclure les femmes ainsi que la société civile dans les pourparlers de paix.

CRISE ET CONFLIT

Les forces gouvernementales poursuivent sans discernement et délibérément leurs attaques contre des zones civiles. Selon Physicians for Human Rights, l’année 2015 a vu le plus grand nombre d’attaques contre des hôpitaux, dont 90% étaient orchestrées par les autorités syriennes et leurs alliés. Elles ont également continué à imposer des sièges, privant la population civile de nourriture et d’autres moyens de subsistance essentiels. Des dizaines de milliers de personnes ont été portées disparues depuis 2011, et des milliers d’autres ont perdu la vie en raison d’actes de torture et d’autres mauvais traitements alors qu’elles étaient détenues par les forces de sécurité.

Le groupe armé se désignant sous le nom d’État islamique et d’autres groupes armés non étatiques continuent de mener des attaques aveugles et généralisées, dont des attentats suicides prenant pour cible des zones de civils. Ils ont également kidnappé, torturé et exécuté sommairement des journalistes étrangers, des travailleurs humanitaires, des membres des forces armées et pro-gouvernementales ainsi que des activistes locaux. Certains groupes armés ont également assiégé des quartiers civils de manière ciblée.

Les attaques aériennes de la coalition américaine se sont prolongées pendant toute l’année 2015, causant des pertes civiles conséquentes. En septembre dernier, la Fédération de Russie a lancé une campagne de frappes aériennes en collaboration avec le gouvernement syrien avec pour objectif présumé de se battre contre le terrorisme. Les opérations aériennes du gouvernement russe, qui semblent être des attaques indiscriminées ou des attaques directes contre des cibles civiles, ont causé la mort de centaines d’individus, ainsi que d’importants dommages aux infrastructures civiles, y compris des hôpitaux.

LE PROCESSUS POLITIQUE

Le début de l’année 2016 était plutôt prometteur avec des possibilités de négociations en Syrie. Le 11 février, selon les discussions entre les États impliqués en Syrie, dont la Russie, les États-Unis et le Groupe de soutien international à la Syrie (ISSG), un arrêt national des hostilités a été annoncé, ainsi qu’une aide humanitaire aux régions assiégées. Cet accord devait être mis en place, mais il n’a pas été ratifié par les représentants de la Syrie et n’inclut ni les groupes armés désignés comme “terroristes”, ni la cessation des attaques russes et américaines contre l’État islamique et Jabhat al-Nusra. À cela s’ajoute le fait que le régime et ses forces alliées sont en train de reprendre des territoires. L’avenir de cet accord reste donc incertain.

RÉFUGIÉS

Étant donné qu’il n’y aucune de solution en vue et que l’internationalisation de la crise augmente, les Syriens continuent de fuir les combats à la recherche de sécurité à la fois à l’intérieur même de la Syrie et au sein des pays frontaliers. Depuis le début des conflits jusqu’en février 2016, plus de 11 millions de personnes ont fui leur foyer. Les pays voisins, qui accueillent 4,6 millions de réfugiés syriens, ont atteint leur capacité d’accueil maximale. La pression massive sur leur économie et leurs infrastructures ajoutée au support insuffisant de la part de la communauté internationale conduit les gouvernements de la région à réduire l’espace protégé pour les réfugiés de Syrie.
Cela mène à des fermetures des frontières, à une augmentation des détentions, à des expulsions et à un refus d’octroyer des documents légaux aux réfugiés. Entre 80% et 90% des Syriens du Liban ou de Jordanie se trouvent désormais en situation de pauvreté.
Étant dans l’impossibilité de travailler et ne recevant pas ou peu d’aide, les réfugiés viennent à manquer d’options pour survivre. De plus en plus de réfugiés quittent le Liban, la Turquie et la Jordanie pour emprunter des routes dangereuses vers l’Europe.
En 2015, environ 50% des réfugiés arrivant en Europe venaient de Syrie.

Les gouvernements se sont engagés à fournir approximativement 160 000 places de réinstallation pour les réfugiés de Syrie depuis 2013. Cependant, les engagements restent peu ambitieux et bien en dessous de ce qui est nécessaire pour contribuer significativement à une responsabilité partagée.
Plusieurs programmes sont lents et souvent exclusifs, ignorant les critères de vulnérabilité déterminés par l’UNHCR . Malgré leur extrême vulnérabilité face à l’exploitation et les violences liées au genre, il est presque impossible pour les femmes cheffes de famille et dont les maris sont absents d’accéder à la réinstallation.

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