3 ans de drame, 3 ans de souffrance : « bon » anniversaire !

Cela fait aujourd’hui trois ans qu’un accord conclu entre l’Union européenne (UE) et la Turquie entache les droits humains. Suite à cet accord, des milliers de personnes se retrouvent coincées sur les îles grecques dans des conditions désastreuses. Il est temps de mettre fin à cette politique injuste ! Dans des camps surpeuplés Aujourd’hui, environ 15 000 personnes sont toujours forcées de vivre dans des camps qui ont une capacité d’accueil maximale de 6 000 places. Elles sont confrontées au climat rude, au manque d’eau chaude, à une hygiène insuffisante et à des actes de violence. Par ailleurs, le manque de sécurité dans les camps est particulièrement inquiétant, notamment pour les femmes et jeunes filles. Les autorités grecques ont promis d’accélérer les transferts des personnes qui se trouvent sur les îles vers le continent européen. Mais le nombre effectif de personnes transférées reste peu élevé, et beaucoup continuent de vivre dans des conditions dangereuses et inhumaines sur les îles. Une pression énorme Alors que le nombre de demandes d’asile en Europe a diminué depuis trois ans, en Grèce la situation est tout autre. Rien qu’à Lesbos, le nombre de demandes d’asile a triplé entre 2016 et 2018. En empêchant ces personnes de quitter les îles et de rejoindre les pays européens, les gouvernements mettent une énorme pression sur les organisations sur place, les autorités locales et même la population. Il est temps d’agir ! Cette situation est la conséquence (…)

Un accord honteux qui marchande des réfugiés
Depuis le 20 mars 2016, les demandeur·euse·s d’asile arrivant sur les îles grecques ne sont plus autorisé·e·s à se rendre en Grèce continentale, en raison d’un accord entre l’UE et la Turquie qui prévoit le renvoi en Turquie de toutes les personnes arrivées illégalement sur les îles grecques, en partant du principe que la Turquie est un lieu sûr pour les demandeurs d’asile. Cet accord concerne également les demandeurs d’asile et les migrants vulnérables. Cependant, les renvois ne sont pas aussi rapides que prévus. Ainsi, toutes les personnes qui atteignent les côtes grecques se retrouvent bloquées sur les îles grecques dans des conditions inhumaines (manque d’eau potable, ruissellement des eaux usées, présence de rats, etc.) pendant des périodes prolongées.

Sur le papier, l’arrangement devait s’accompagner d’un mécanisme du « un pour un » : l’UE s’est engagée à réinstaller un Syrien dans ses États membres pour chaque Syrien renvoyé en Turquie depuis la Grèce. Toutefois, les chiffres montrent qu’un peu plus de 8 000 Syriens seulement ont bénéficié d’une réinstallation en 2018, tandis que 3,6 millions sont toujours en Turquie. En parallèle, sur les 32 494 personnes arrivées par la mer en Grèce en 2018, 322 seulement ont été renvoyées vers la Turquie.

Dans des camps surpeuplés ...
La majorité des demandeurs d’asile vivent dans des camps sur les îles de Lesbos, Chios, Samos, Kos et Leros. Plus de 16 600 personnes sont réparties dans cinq camps dont la capacité cumulée est de 6 400 places. Le grave surpeuplement et la précarité des installations, notamment l’absence de toilettes et de douches séparées pour les femmes et les hommes, sont des facteurs qui favorisent les agressions sexuelles et les autres formes de violences.

« Les douches dans le camp sont froides et n’ont pas de verrou. Des hommes entrent quand vous êtes sous la douche. Il n’y a pas de lumière dans les toilettes. La nuit, je vais parfois aux toilettes avec ma sœur ou j’utilise un seau », s’émeut Adèle*, qui vit dans un camp sur l’île de Samos.

… des actes de haine
De plus, une telle situation met non seulement une pression sur les autorités grecques, mais également sur les résidents locaux. Ceux-ci sont préoccupés par les conditions de vie des demandeurs d’asile sur les îles et les attaques xénophobes et racistes augmentent, ce qui menace aussi bien les demandeurs d’asile que les activistes.

Les conditions d’accueil et les mécanismes de protection des demandeurs d’asile sont toujours insuffisants en Grèce. En application de l’accord, les personnes arrivées sur les îles pourraient être renvoyées vers la Turquie. Mais selon les représentants grecs à Lesbos, seul 6% d’entre elles remplirait les conditions pour être déportées en Turquie.

La Grèce n’est pas seule responsable
Le gouvernement grec et ses partenaires au sein de l’Union européenne doivent agir en urgence afin que l’ensemble des demandeurs et demandeuses d’asile présents sur les îles de la mer Égée soient transférés·e· dans des logements décents sur le continent ou relocalisé·e·s dans d’autres pays de l’UE.

L’accord UE-Turquie et les règles européennes d’asile sont les principaux facteurs qui sous-tendent nombre des problèmes rencontrés par les réfugié·e·s, y compris les femmes et les filles. Ils doivent accueillir une part équitable des personnes qui fuient les violences et persécutions, ouvrir des voies sécurisées et légales vers l’Europe et réformer le système d’asile européen pour qu’il soit équitable et empreint de compassion.

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