Hongrie : Là où les droits des réfugiés n’existent pas
Amnesty International a conduit une recherche sur le traitement des migrants et des réfugiés par les autorités hongroises et a tenu à partager ces résultats dans un rapport intitulé Stranded hope : Hungary’s sustained attack on the rights of refugees and migrants.
Ce rapport fait état de la situation des réfugiés, demandeurs d’asile et migrants à la frontière hongroise, mais aussi à l’intérieur du territoire.
Les individus en Serbie attendant leur tour pour entrer en Hongrie vivent dans des conditions insalubres. Ni la Serbie ni la Hongrie n’offrent d’abris adéquats ou d’accès à des soins médicaux. Beaucoup de ceux qui attendent à la frontière sont là depuis des mois. Ils ne disposent que d’un seul un robinet pour chaque zone de transit, et quelques rares organisations humanitaires sont chargées de leur fournir des services d’aide et de soutien très limités. Les autorités ferment les yeux sur la situation alarmante signalée par le HCR et plusieurs organisations non gouvernementales telles que Comité Helsinki de Hongrie ou encore Human Rights Watch.
Criminalisation des réfugiés et migrants
Les réfugiés et les demandeurs d’asile essayant de passer la frontière depuis la Serbie deviennent souvent des « migrants en situation irrégulière », car ils restent sur le territoire serbe au-delà de l’autorisation temporaire qui leur est le plus souvent accordée pour 72 heures. Si, n’ayant pas pu avoir accès à une procédure d’asile en Hongrie, ils décident de quitter le périmètre d’attente devant la zone de transit, ils sont condamnés à des amendes et sont expulsés de Serbie pour séjour irrégulier.
Dans le conteneur « zone de transit » pour entrer sur le territoire hongrois, les autorités délivrent des autorisations d’entrées sur le territoire hongrois à 30 personnes par jour, mais détiennent aussi des hommes voyageant seuls pour environ quatre semaines. La plupart d’entre eux ont vu leur demande d’asile être déclarée comme inadmissible sur la base de leur arrivée via la Serbie, considérée comme un « pays tiers sûr » où ils auraient pu demander l’asile. Cependant, la Serbie ne leur fournit pas un accès à une procédure juste et individualisée pour faire leur demande d’asile.
Beaucoup de migrants et réfugiés tentent de traverser la frontière illégalement afin de mettre fin à une attente interminable, mais à leurs risques et périls. En un an, environ 3 000 réfugiés et migrants ont été sanctionnés. En pratique, les nouvelles modifications datant de juillet 2016 permettent à la police de renvoyer de force tous les demandeurs d’asile qui se trouvent à moins de huit kilomètres de la frontière, ce qui représente une violation de l’obligation de « non-refoulement » et des garanties procédurales qui y sont associées.
Manque de volonté de la part des autorités hongroises
De plus, les autorités hongroises continuent volontairement à ne pas respecter les accords qui pourraient protéger les droits des réfugiés ou des migrants pour une arrivée sûre et légale dans l’Union européenne (UE). Ces accords permettraient à ces personnes d’être traitées avec dignité et d’avoir l’opportunité de faire entendre leur cas de manière juste et individuelle.
« La Hongrie est en train de se transformer en zone où les réfugiés ne peuvent obtenir aucune protection, et fait preuve d’un mépris flagrant pour ses obligations en matière de droits humains et le besoin manifeste de travailler avec d’autres pays de l’UE et des Balkans pour trouver des solutions collectives et humaines à la crise actuelle », a déclaré John Dalhuisen, directeur du programme Europe et Asie centrale d’Amnesty International.
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