Un journaliste détenu arbitrairement risque de mourir
Muhammed al Qiq a été arrêté le 21 novembre 2015 par l’armée israélienne à son domicile, situé à Ramallah en Cisjordanie occupée. Dans un premier temps, il a été conduit dans un centre de détention de la colonie israélienne illégale de Beit El avant d’être transféré à Jérusalem, puis au centre de détention de Kishon (Jalameh), non loin de Haïfa, en Israël.
Les éléments à charge sont tenus secrets, mais le juge militaire du tribunal militaire d’Ofer a indiqué à Muhammed al Qiq qu’il était accusé d’« incitation », de travailler avec des médias associés au Hamas, faction politique palestinienne dotée d’une branche armée, et de constituer une menace pour la sécurité de la région. Les factions politiques palestiniennes et leurs branches armées sont toutes interdites en vertu d’ordonnances militaires israéliennes dans les territoires palestiniens occupés.
Selon l’organisation palestinienne de défense des droits des détenus Addameer et son avocat, Muhammed al Qiq a été torturé durant les deux semaines où il a été interrogé par l’Agence israélienne de sécurité (AIS) et il n’a pas été autorisé à consulter son avocat. Après son interrogatoire, il a été transféré à l’hôpital de la prison de Ramleh, sa santé s’étant dégradée à cause de sa grève de la faim, puis à l’hôpital HaEmek d’Afula (en Israël).
Après son transfert à l’hôpital HaEmek, Muhammed al Qiq a été attaché à son lit avec des fers aux deux chevilles et à un poignet. Pendant qu’on le perfusait contre son gré, il avait les deux mains attachées alors qu’il se trouvait dans un état grave et qu’il était trop faible pour fuir ou pour constituer un quelconque danger.
Le droit international prévoit le recours exceptionnel à la détention administrative, dans des situations d’urgence, mais Israël utilise cette pratique depuis plusieurs dizaines d’années pour ne pas avoir à poursuivre des Palestiniens contre lesquels il n’existe pas de charges et pour détenir arbitrairement des personnes qui n’ont commis aucune infraction, dont des prisonniers d’opinion.
Le nombre de renouvèlements d’un ordre de détention administrative est illimité, et certains Palestiniens sont détenus sans inculpation ni jugement depuis des années. Le recours à des éléments de preuve classés secrets bafoue le droit des accusés à un procès équitable.
Comme ces individus ne peuvent pas préparer une défense adéquate et ne savent pas quand ils seront remis en liberté, Amnesty International estime que le recours par Israël à la détention administrative peut être assimilé à un traitement cruel, inhumain et dégradant.
La grève de la faim est une forme légitime de protestation. Ces dernières années, des détenus administratifs palestiniens ont observé des grèves de la faim pendant de longues périodes, face à la détention sans charges pour un motif inconnu - et potentiellement illimitée. Le refus de nourriture est leur seul moyen de revendiquer leurs droits en vertu du droit international. Les autorités israéliennes ont systématiquement infligé des sanctions, assimilables parfois à de la torture ou à d’autres mauvais traitements, à ces détenus dans le but de les contraindre à cesser leur grève de la faim.
Amnesty International craint que les autorités israéliennes n’utilisent la détention administrative comme moyen de punir Muhammed al Qiq sans inculpation, ce qui constitue une détention arbitraire. En plus de lui garantir sans délai le traitement qu’il a demandé, les autorités israéliennes doivent annuler son ordre de détention et le libérer, à moins qu’il ne soit inculpé d’une infraction dûment reconnue internationalement et jugé conformément aux normes internationales d’équité. Amnesty International renouvèle son appel de longue date à Israël de mettre fin à la pratique de la détention administrative et condamne l’augmentation spectaculaire de son utilisation au cours de la recrudescence de la violence depuis octobre 2015.
Un détenu palestinien en grève de la faim est proche de la mort
Israël doit cesser de maltraiter un détenu palestinien en grève de la faim
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