Le quotidien au Burundi : exécutions et homicides systématiques

Plus de 300 Burundais ont perdu la vie du fait de la crise et plus de 200 000 personnes se sont déjà réfugiées dans des pays voisins.

Le 26 avril, des manifestations ont éclaté à Bujumbura et dans d’autres parties du Burundi, alors que le président Nkurunziza était sélectionné comme candidat présidentiel du Conseil national pour la Défense de la Démocratie — Forces pour la Défense de la Démocratie (CNDD-FDD). La candidature du président Nkurunziza à un troisième mandat a été considérée par de nombreux Burundais comme une violation de la Constitution ainsi que de l’Accord d’Arusha, lesquels permettent seulement deux mandats de cinq ans. La police a fait preuve d’un usage de la force excessif et meurtrier en réponse aux manifestants opposés à ce troisième mandat. Des opposants politiques ont été tués par des policiers de l’Appui pour la protection des institutions (API). En mai dernier, Amnesty exposait des informations sur le meurtre de Zedi Feruzi, président de l’Union pour la paix et la démocratie — Zigamibanga (UDP – Zigamibanga), par l’API. L’API a également été impliqué dans des exécutions extrajudiciaires de personnes opposées au troisième mandat ou perçues comme telles. Cela concerne notamment l’assassinat de Vénérant Kayoya et Léonidas Nibatanga (26 avril), dans le quartier de Cibitoke, à Bujumbura, ainsi que celui de Faustin Ndabitezimana (15 mai). Ce dernier, un infirmer de 33 ans, était un membre actif du Front pour la démocratie au Burundi (FRODEBU), parti politique d’opposition à Buterere, à Bujumbura. Par ailleurs, le 7 septembre, Patrice Gahungu, un porte-parole de l’UPD-Zigamibaga a (…)

Les manifestations pacifiques ayant été violemment réprimées en juin, leur nombre a diminué, mais les attaques contre les postes de police ont augmenté. Le 25 septembre, au moins une personne a été tuée dans une attaque dans un poste de police à Cibitoke.

Selon le Bureau du Haut-Commissaire aux droits de l’homme, pas moins de 300 personnes ont été tuées depuis avril. Presque chaque jour, le nombre de cadavres trouvés dans les rues ou dans les égouts augmente, certains présentant des signes de torture ou de ligotage. Certains meurtres semblent être motivés par des raisons politiques. En effet, parmi les victimes figurent des militants de l’opposition et des personnes ayant participé à des manifestations, ainsi que des représentants des administrations locales et de la sécurité.

Les violences se sont intensifiées avec deux attaques armées contre des cortèges funèbres et le meurtre du fils de Pierre Claver Mbonimpa, Welly Fleury Nzitonda. Il a été arrêté par la police et retrouvé mort le 6 novembre. Plus de 200 000 personnes ont fui le pays, craignant la violence et une nouvelle guerre civile.

Les enquêtes menées par le Haut-Commissariat sur les meurtres du 13 octobre de Christophe Nkezabahizi, caméraman de la télévision nationale, de sa femme et de ses deux enfants, ainsi que celui d’Evariste Mbonihankuye, employé de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), laissent entendre qu’ils ont été commis par les membres de l’API. Le 5 novembre, un journal local a signalé les meurtres de quatre personnes à Mutakura, bastion de l’opposition, où certains corps de victimes ont été mutilés. Selon le journal Iwacu, le cœur de l’un d’eux a été ôté.

Le 11 décembre, trois camps militaires ont été attaqués au Burundi. Les combats qui ont commencé vers 4 heures du matin ont duré des heures. Le 12 décembre, des dizaines de corps de civils ont été trouvés dans les rues de Bujumbura dans les bastions dits d’opposition. Le gouvernement a reconnu que 87 personnes avaient été tuées au cours de ces opérations, dont 8 agents de sécurité.

Communiqué. PILLAGES ET EXÉCUTIONS SOMMAIRES DANS LES RUES DE BUJUMBURA
Rapport (angl). « Mes enfants ont peur. » Aggravation de la crise des droits humains au Burundi

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