13 MILITANTS CONTRE L’ESCLAVAGE EN PRISON

DES MILITANTS CONTRE L’ESCLAVAGE QU’ON EMPRISONNE Bien qu’aboli et reconnu comme crime en 1981, l’esclavage se perpétue en Mauritanie. L’Initiative pour la résurgence du mouvement abolitionniste (IRA) en Mauritanie et d’autres organisations, notamment SOS-Esclaves, signalent et dénoncent des cas d’esclavage. Cependant, plutôt que de soutenir leur combat, les autorités s’acharnent à mettre des obstacles au travail légitime de défense des droits humains des militants anti-esclavagisme. Ainsi, 13 membres de l’IRA Mauritanie sont détenus depuis leurs arrestations, qui se sont faites par vague entre le 29 juin et le 9 juillet. Ils sont tous privés d’avocat et de contact avec leur famille. Le 12 juillet, ils ont été conduits à la prison de Nouakchott, après avoir été inculpés de rébellion, de recours à la violence, d’agression contre des policiers et des représentants de la justice et d’appartenance à une organisation non reconnue. Ils risquent de subir des mauvais traitements en détention. Le 18 août 2016, les 13 militants ont été condamnés à des peines d’emprisonnement de trois à 15 ans par la Cour criminelle de Nouakchott ouest pour rébellion, usage de la violence, attaques contre les forces de police et agents de l’administration judiciaire et appartenance à une organisation non reconnue. Ces militants ont été arrêtés après que des personnes qui vivaient depuis au moins 20 ans dans un bidonville du quartier de Gazra, à Nouakchott, se sont opposées à un (…)

Le 29 juin dernier, les forces de sécurité étaient venues exécuter une ordonnance d’expulsion forcée d’une vingtaine de familles membres de la communauté négro-africaine installées depuis des années dans un bidonville situé sur un terrain privé du quartier de Ksar à la périphérie de Nouakchott, la capitale.

Elles se sont heurtées à la résistance des populations qui ont organisé une manifestation spontanée. Une voiture des forces de sécurité a été brûlée. Des manifestants et des éléments des forces de sécurité ont été blessées et des véhicules privés endommagés.

Dans les jours qui ont suivi cette manifestation, entre le 29 juin et le 3 juillet, la police a arrêté à leur domicile ou lieu de travail neuf membres de l’IRA. Amadou Tijane Diop, troisième vice-président d’IRA Mauritanie, et Abdallahi Maatalla Seck, coordonnateur de la section de Sebkha, ont été arrêtés le 30 juin à leurs domiciles respectifs, à Nouakchott. Balla Touré, chargé des relations publiques, et Jemal Beylil, Salem Vall et Moussa Biram, tous trois membres de l’organisation, ont été arrêtés le 1er juillet sur leur lieu de travail ou à leur domicile. Hamady Lehbouss, porte-parole, Khatri Rahel Mbareck, coordonnateur du comité de la paix, et Ahmed Hamady, trésorier, ont été arrêtés le 3 juillet, après avoir organisé une conférence de presse pour réclamer la libération de leurs collègues.

Peu avant son arrestation, Lehbouss avait confirmé à Amnesty International que la police a perquisitionné le domicile d’Amadou Tijane Diop et confisqué ses ordinateurs portables et certains de ses documents personnels.

Quatre autres militants de l’IRA ont été arrêtés le 8 et le 9 juillet, soit quelques jours seulement après les neuf premiers. Mohamed Daty, secrétaire général de la section de Nouakchott, a été arrêté le 8 juillet sur son lieu de travail. Ousmane Lô, un membre du bureau, et Ousmane Anne, président de la section de Tevragh Zeina, ont été interpellés séparément sur la voie publique le même jour. Abdallahi Abou Diop, un membre, a été arrêté le 9 juillet sur son lieu de travail.

Ces militants n’étaient pourtant pas les organisateurs de la manifestation du 29 juin, ne se sont pas exprimés là-dessus et n’y ont pas pris part.

Les membres de l’IRA arrêtés sont : Amadou Tidjane Diop, Abdallahi Maatalla Seck, Jemal Beylil, Balla Touré, Khatri Rahel Mbareck, Salem Vall, Moussa Biram, Hamady Lehbouss, Ahmed Hamdy Mohamed Daty, Ousmane Lô, Ousmane Anne, Abdallahi Abou Diop

En Mauritanie, l’esclavage a été aboli officiellement en 1981 et, depuis 2007, il est reconnu comme un crime par le droit national. Cependant, cette pratique se perpétue et IRA Mauritanie et d’autres organisations, notamment SOS-Esclaves, signalent et dénoncent des cas d’esclavage. Les autorités ont pour habitude de restreindre la liberté d’expression des défenseurs des droits humains, des militants et des organisations qui font campagne contre l’esclavage.
En janvier 2015, le tribunal de Rosso a condamné deux membres d’IRA Mauritanie, Brahim Bilal Ramdane et Biram Dah Abeid, ancien candidat à l’élection présidentielle et président d’IRA Mauritanie, à des peines de deux ans d’emprisonnement pour appartenance à une organisation non reconnue, participation à une réunion non autorisée et violences à l’encontre d’agents des forces de sécurité. Depuis 2008, les membres d’IRA Mauritanie demandent la reconnaissance de leur organisation, qui n’est toujours pas autorisée par l’État mauritanien. Les militants condamnés faisaient campagne contre l’esclavage et sensibilisaient la population locale au sujet des droits à la terre des descendants d’esclaves. Leurs peines ont été confirmées en août 2015 par la cour d’appel d’Aleg. Cependant, la Cour suprême a ordonné leur libération le 17 mai 2016, alors qu’ils avaient déjà passé 18 mois derrière les barreaux.
Biram Dah Abeid a été incarcéré à trois reprises au cours des cinq dernières années.

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