Le 7 janvier 2015, deux hommes armés faisaient irruption dans les locaux de Charlie Hebdo et massacraient douze de ses occupants. Un an déjà que Cabu, Charb, Wolinski et les autres sont morts pour leurs idées et leur plume. Quelques jours plus tard, en réaction, les puissants de ce monde se rassemblaient à l’occasion d’une marche en faveur de la liberté d’expression.
En plus de dénoncer cet attentat, ainsi que les autres attaques terroristes qui ont suivi, Amnesty International Belgique francophone lançait sa campagne Zéro minute de silence pour dénoncer les violations de la liberté d’expression dans le monde. 2015 aura été l’occasion pour l’organisation d’agir pour défendre de nombreuses personnes, sur tous les continents, qui payent le prix fort pour le simple fait d’avoir voulu exprimer leurs opinions. La défense de la liberté d’expression fait partie des priorités d’Amnesty International depuis des dizaines d’années, et nous restons entièrement mobilisés sur cette problématique.
Ainsi, notre combat continue en 2016. Le gouvernement d’Arabie saoudite, ne tolérant toujours pas la dissidence, prend régulièrement des mesures répressives contre les personnes qui le critiquent, notamment les blogueurs et autres commentateurs en ligne, les militants politiques et les défenseurs des droits des femmes, les membres de la minorité chiite et les militants et défenseurs des droits humains.
En Chine, de nombreux journalistes, avocats et professeurs sont emprisonnés pour avoir osé exprimer leurs opinions. Fin 2013, le Parti communiste a mis en place un groupe chargé de « coordonner la sécurité sur Internet », qui consiste principalement, selon un de ses membres, à contrer la « pénétration idéologique des forces étrangères hostiles ».
La liberté d’expression est également fortement restreinte en République démocratique du Congo où de nombreux militants opposés aux réformes constitutionnelles sont emprisonnés et parfois soumis à de mauvais traitements.
Suite au coup d’État de mai 2014 et à la loi martiale qui a été imposée par le gouvernement militaire au pouvoir, les libertés d’expression et de réunion en Thaïlande se sont vues largement limitées. Les médias sont strictement contrôlés et toute tentative de rébellion est punie d’arrestation et d’emprisonnement arbitraire.
Plus près de nous, la Pologne a récemment adopté une loi menaçant gravement la liberté de la presse. Celle-ci remettrait le contrôle des médias publics aux mains du gouvernement conservateur, revenu au pouvoir en novembre 2015. La loi doit encore être promulguée par le président de la République.
L’année 2015 aura aussi été marquée en Russie par une nette réduction de la possibilité d’exprimer des opinions dissidentes et par une dégradation du pluralisme dans les médias où l’autocensure règne en maître. Les médias publics, ainsi que les médias privés progouvernementaux, ont été utilisés pour dénigrer les opposants politiques et les voix critiques, y compris certaines ONG indépendantes.
Cette liste incomplète est révélatrice de la situation catastrophique de la liberté d’expression dans le monde. Le gouvernement belge a, à plusieurs reprises, insisté sur sa volonté de défendre cette liberté. Il doit maintenant prendre ses responsabilités. Signez notre appel à Didier Reynders, ministre des Affaires étrangères, pour lui demander de rappeler leurs obligations aux pays qui foulent aux pieds la liberté d’expression lors de ses rencontres avec ses homologues étrangers.