Pour une Belgique plus humaine envers les demandeurs d’asile

Des solutions
Aujourd’hui, les pays voisins de zones de conflits accueillent la grande majorité des personnes qui fuient les persécutions. Or un système simple d’évaluation des capacités d’accueil des réfugiés, s’appuyant sur des critères tels que la richesse, la population et le taux chômage, permettrait de procéder à un réel partage de responsabilité en matière d’accueil des réfugiés. Davantage de gouvernements doivent montrer l’exemple et faire preuve de volonté politique.
Par ailleurs, tous les pays peuvent aider à protéger les réfugiés, notamment par le biais de la réinstallation et par la mise en place d’autres voies d’accès sûres et légales. La réinstallation permet de protéger les réfugiés les plus vulnérables (les personnes qui ont été torturées, par exemple, ou les femmes qui restent exposées à des risques de violences). Et pourtant, malgré leurs engagements, la plupart des gouvernements ne réinstallent pas en suffisance les personnes en besoin urgent de protection. Quant aux gouvernements européens, ils ne transfèrent - via le processus de relocalisation - qu’au compte-gouttes les demandeurs d’asile et réfugiés depuis la Grèce et l’Italie, les abandonnant à un sort cruel. En ce début d’année, à peine 14 000 personnes sur un engagement de 22 500) ont été réinstallées dont près de 600 en Belgique, et seules 13 000 (sur un engagement de 160 000) ont été relocalisées depuis la Grèce et l’Italie, dont un peu moins de 300 en Belgique. Autant dire, une goutte d’eau…
Des peurs et des préjugés
Parallèlement à ce manque de volonté politique, certains médias et responsables politiques manipulent la réalité et déshumanisent les personnes réfugiées, qualifiant leur situation d’« illégale » ou les présentant comme des « envahisseurs » sans visage qui sont une « menace pour la sécurité ». Aujourd’hui, un constat s’impose, et les sondages le confirment : les Belges, comme beaucoup d’Européens, sont de plus en plus réfractaires à l’accueil des demandeurs d’asile ou des réfugiés en raison souvent de préjugés et d’idées reçues qui entretiennent la peur de “l’autre” et provoquent des discours de rejet, voire de haine. Une peur encore exacerbée par le climat ambiant et les amalgames qu’entretiennent sans complexe certains de nos dirigeants entre terrorisme et migration...
Il est temps d’agir pour prendre le contre-pied de ces tendances, défendre ce qui nous unit en tant qu’êtres humains, aller à l’encontre des idées reçues en rectifiant la vérité, et proposer des solutions concrètes à nos gouvernements.
Les violences liées au genre
Les violences liées au genre sont des violences commises contre une personne en raison de son genre. Elles peuvent viser des femmes et des filles, mais aussi d’autres personnes en raison de leur orientation sexuelle ou de leur identité ou expression de genre réelle ou supposée, ainsi que des hommes dont la « masculinité » est mise en doute.
La violence liée au genre est d’autant plus une préoccupation pour les migrants et demandeurs d’asiles qui sont contraints de fuir leurs foyers. En effet les violences liées au genre peuvent se manifester dans le pays d’origine qui trop souvent ne garantit pas un accès à la justice suffisant pour les personnes victimes de ce type de violence, donc être la raison du départ. Elles peuvent aussi se manifester tout au long du voyage et dans les pays de transit.
Le voyage étant une période d’insécurité, ils sont d’autant plus sous le risque d’être victimes de crimes et de violence, surtout depuis qu’ils n’ont pas d’autre choix que de recourir à des passeurs pour atteindre un pays sûr. Et enfin le risque pour les migrants et réfugiés d’être exposé à de la violence liée au genre existe également dans les pays de destination où les camps sont malheureusement peu sûres et où le risque d’exploitation, de harcèlement sexuel ou de violence au sein de la population d’accueil ou de la part d’employeurs ou de propriétaires est bien réel.
Les femmes et jeunes filles sont particulièrement exposées à ce type de violences, telles que le viol et d’autres formes de violences sexuelles. Il en va de même pour les actes de violence à l’égard des personnes LGBTI (lesbiennes, gays et personnes bisexuelles, transgenres et intersexuées).
En Amérique centrale, des personnes LGBTI font l’objet de menaces et d’agressions de la part de groupes criminels armés, et les autorités se montrent souvent incapables d’offrir une protection suffisante contre les violences liées au genre. C’est le cas de “Patricia” une salvadorienne transgenre qui a fui vers le mexique parce qu’elle était persécutée par un groupe armé qui lui extorquait de l’argent et la police qui l’a frappé harcelée et extorqué. Elle a ensuite subi un vol et une agression durant son voyage vers le mexique où elle s’est vue être victime de discrimination.
Le cas des réfugiés au Liban est tout aussi préoccupant et particulièrement la situation des femmes et des filles. Depuis janvier 2015, le gouvernement libanais a introduit de nouveaux critères onéreux pour le renouvellement des permis de séjour des réfugiés. Les réfugiés sans permis en règle sont considérés comme en infraction avec la loi libanaise s’ils n’ont pas de permis de séjour en règle, ce qui est le cas la plupart d’entre eux aujourd’hui. L’absence de statut légal des réfugiés au Liban, restreint leur la liberté de mouvement et les expose davantage au risque d’exploitation professionnelle, notamment de travail forcé, d’exploitation sexuelle et de traite, ainsi qu’au risque de violences sexuelles et liées au genre, de harcèlement, d’arrestation et de détention arbitraire. De part le manque de permis, leur protection et l’accès à la justice sont quasi inexistants alors que les femmes en particulier sont soumises à un harcèlement sexuel quasiment quotidien.
Il est essentiel que les personnes victimes de violences liées au genre puissent bénéficier d’un réel accès à la justice et que davantage de mesures spécifiques de protection soient prises à leur égard.
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