Des milliers de Centraméricains envoyés vers la mort
Chaque année, le Mexique force illégalement des milliers de personnes à retourner dans leurs pays - le Honduras, le Guatemala et le Salvador - où ils risquent d’être confrontés à des situations dangereuses pour leur vie. Cette pratique s’appelle le refoulement. Elle est illégale en vertu du droit international. Elle doit s’arrêter maintenant.
Qu’est-ce que l’INM le processus d’identification ?
L’Institut national des migrations (INM) est l’organe du gouvernement fédéral chargé de réglementer les frontières, les documents de voyage et de résidence et le flux des migrations régulières et irrégulières à travers le pays. L’INM est également responsable de l’arrestation et de l’expulsion des migrants en situation irrégulière.
Les agents de terrain de l’INM sont souvent le premier point de contact entre les migrants et demandeurs d’asile et les autorités mexicaines. Pourtant, ils n’ont pas de noms sur leurs uniformes officiels et, dans de nombreux cas, fonctionnent comme une force sans visage destinée à appréhender les migrants et les demandeurs d’asile et à les transférer dans des centres de rétention sans une évaluation individualisée des circonstances personnelles et des besoins de protection de chaque détenu.
Amnesty International a analysé la conduite des agents de terrain de l’INM et a constaté que cette première étape du dépistage lors de l’interception et de l’arrestation des migrants révèle des échecs manifestes pour détecter les personnes demandant l’asile et agir en conséquence.
Une obligation non respectée, des vies en danger
S’appuyant sur une étude qui a passé en revue 500 cas de Centraméricains traversant le Mexique, Amnesty International a noté que l’Institut national de la migration (INM) viole systématiquement le principe de « non-refoulement », pilier contraignant du droit international et du droit mexicain, qui interdit le renvoi d’une personne vers le territoire d’un autre État où elle risque de subir des persécutions ou d’autres graves violations des droits humains.
Bien souvent, ce manquement grave du gouvernement mexicain peut coûter la vie aux personnes renvoyées vers le pays qu’elles avaient fui, ou mettre en péril leur sécurité.
Les pays du « Triangle du Nord » – Guatemala, Salvador et Honduras – sont gangrénés par une violence généralisée, les taux d’homicide étant quatre à huit fois plus élevés que ce que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) considère comme des niveaux « épidémiques ». Depuis plusieurs années, les habitants fuient ces pays dans l’espoir d’un avenir économique meilleur, mais aussi pour échapper à des situations où leurs vies sont en danger, dans des nations parmi les plus violentes de la planète. Aux termes du droit international, le Mexique est tenu de fournir à la plupart de ces personnes une protection contre les risques auxquels elles sont exposées dans leurs pays d’origine.
Des expulsions illégales qui affectent la vie de simples citoyens
Amnesty International a par exemple interviewé un chauffeur de bus qui s’est vu refuser cette protection. Renvoyé du Mexique vers le Honduras, il a été tué quelques jours plus tard.
Un autre demandeur d’asile hondurien a déclaré à Amnesty International que lorsqu’il avait indiqué à l’Institut national de la migration (INM) qu’il fuyait pour sa vie, l’agent lui avait répondu : « Maintenant que vous avez été arrêté, vous êtes foutu et vous allez être renvoyé dans votre pays. » D’autres personnes ont déclaré avoir été contraintes de signer leur expulsion contre leur gré.
Des chiffres interpellants
Amnesty International a constaté que sur les 297 personnes qui avaient été détenues par l’INM, 40 % des réponses pointaient du doigt un possible « refoulement ». Ces témoignages concernaient des personnes qui avaient demandé explicitement l’asile ou exprimé avoir peur pour leur vie dans leur pays d’origine. L’INM a néanmoins ignoré leurs témoignages et les a renvoyées dans leurs pays.
En outre, l’étude a montré que 75 % de ces personnes détenues par l’INM n’étaient pas informées de leur droit de demander l’asile au Mexique. Or, le droit mexicain l’exige de manière explicite et des représentants de l’État ont assuré à Amnesty International que cette disposition était appliquée.
Les autorités mexicaines ont indiqué que l’INM procédait rarement à des « refoulements ». Les 500 témoignages recueillis par Amnesty International racontent une autre histoire.
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