Le professeur Ahmadreza Djalali condamné à mort

Ahmadreza Djalali

Le Dr Ahmadreza Djalali, citoyen suédo-iranien et professeur invité à la VUB en Belgique, a été condamné à mort en octobre 2017. À l’issue d’un procès inique et entaché de torture, il a été condamné pour « corruption sur terre » en lien avec de prétendues activités d’espionnage. Aucun élément de preuve n’a été présenté pour démontrer qu’il est autre chose qu’un universitaire exerçant pacifiquement son métier. Amnesty International demande l’annulation de sa condamnation à mort et sa libération immédiate et sans condition.

Sans foi ni loi

Le 25 avril 2016, lors d’un voyage en Iran, où il avait été invité par les universités de Téhéran et de Shiraz en vue de participer à des ateliers dédiés à la médecine de catastrophe, Ahmadreza Djalali a été arrêté sans mandat par des agents du Ministère des renseignements. Sa famille est restée sans nouvelles de lui pendant 10 jours, jusqu’à ce qu’il soit autorisé à les appeler brièvement. Il a ensuite été détenu pendant sept mois sans avoir accès à un avocat, dont trois mois en isolement. Durant toute cette période, il aurait été soumis à des actes de torture, de mauvais traitements et de pression psychologique visant à lui faire signer une déclaration dans laquelle il « reconnaissait » être un espion pour le compte d’un « État hostile ».

Ces accusations sont nées après qu’il ait refusé, en 2014, d’utiliser ses relations dans le domaine académique européen pour mener des activités d’espionnage pour le compte de l’Iran. La condamnation du Dr. Djalali fait écho au cas de Hamid Babaei, un étudiant iranien de l’ULg condamné le 21 décembre 2013 à six ans d’emprisonnement pour « atteinte à la sécurité nationale par la communication avec des États hostiles », en l’occurrence la Belgique, après qu’il a refusé d’espionner des étudiants iraniens vivant en Belgique pour le ministère des Renseignements.

En novembre 2018, Ahmadreza Djalali a été opéré d’une hernie dans un hôpital extérieur à la prison, après avoir enduré de fortes douleurs. Après l’opération, on l’a enchaîné au niveau des chevilles à son lit d’hôpital, mesure inutile qui lui a causé une détresse émotionnelle et une gêne physique. Il a été ramené en prison moins de deux jours plus tard, alors que les médecins préconisaient de prolonger son hospitalisation.

Passez à l’action

La condamnation à mort du Dr. Ahmadreza Djalali doit être annulée et il doit être libéré. Signez notre pétition.

En 2016, les autorités ont imposé des restrictions sévères à la liberté d’expression, d’association et de réunion. Des journalistes, des défenseurs des droits humains et des syndicalistes, entre autres voix dissidentes, ont été arrêtés et emprisonnés sur la base d’accusations vagues et de portée large. Le recours à la torture et à d’autres formes de mauvais traitements est resté répandu, en toute impunité.

De nombreux procès, dont certains ont abouti à une condamnation à mort, ont été manifestement iniques. Les accusés avaient le plus souvent été détenus avant leur procès pendant plusieurs semaines, voire plusieurs mois, durant lesquels ils n’avaient eu que peu, ou pas du tout, la possibilité d’entrer en contact avec leur avocat ou leur famille. Ils avaient été contraints de rédiger ou de signer des « aveux », retenus comme principale preuve à charge dans une procédure inéquitable. Les juges ont régulièrement rejeté les allégations des accusés faisant état de torture et de mauvais traitements pendant la détention précédant le procès, sans ordonner l’ouverture d’une enquête.

La santé des prisonniers prise en otage

Un rapport d’Amnesty intitulé Health taken hostage : Cruel denial of medical care in Iran’s prisons donne un sombre aperçu du système de santé dans les prisons du pays.
Le rapport montre sous un jour profondément dérangeant le ministère public, qui, en Iran, est chargé de prendre les décisions concernant les permissions de sortie pour raisons de santé et les transferts à l’hôpital. Le parquet refuse souvent d’autoriser les transferts à l’hôpital pour les prisonniers malades, même si les soins dont ils ont besoin ne peuvent leur être prodigués en prison, et rejette, contre l’avis de médecins, les demandes de permission pour raisons médicales déposées par des prisonniers dans un état critique.

Les recherches effectuées par Amnesty International ont permis de déterminer que dans certains cas, des représentants des autorités carcérales avaient également porté atteinte aux droits des détenus à la santé, ou s’étaient rendus responsables d’actes de torture et d’autres formes de mauvais traitements. Dans plusieurs cas, ils ont confisqué des médicaments à des prisonniers politiques ou recouru de manière injustifiée à des menottes et des entraves sur des prisonniers politiques, ont compromis leur traitement médical, leur ont causé des hématomes sur les mains et les pieds, ou leur ont fait subir des situations pénibles et des humiliations.

Mise à jour du 14 janvier 2021

L’universitaire et médecin irano-suédois Ahmadreza Djalali, qui est sous la menace d’une exécution, est détenu au secret à la prison d’Evin, à Téhéran. Dans une lettre manuscrite non datée, transmise par l’administration pénitentiaire à l’avocat d’Ahmadreza Djalali fin décembre 2020 après qu’il eut demandé à maintes reprises à entrer en contact avec lui, Ahmadreza Djalali dit avoir subi une mise à l’isolement prolongée de 33 jours. L’avocat d’Ahmadreza Djalali et des proches de cet homme l’ont vu pour la dernière fois le 24 novembre 2020. Ce jour-là, on leur a dit que l’exécution d’Ahmadreza Djalali aurait lieu dans la semaine et il a passé un dernier appel téléphonique à sa famille. Fin décembre 2020, la famille a appris que le service d’application des peines avait reporté d’un mois l’exécution d’Ahmadreza Djalali. Sa détention au secret laisse à craindre que son exécution ne soit imminente, car les autorités iraniennes ont pour pratique d’exécuter secrètement les condamnés à mort après les avoir placés à l’isolement et les avoir privés de tout contact avec l’extérieur.

Mise à jour du 24 février 2021

La famille d’Ahmadreza Djalali a pu voir le Dr. Djalali durant une courte visite à la prison d’Evin, à Téhéran.
Sa famille a également écrit une lettre au Procureur Général de Téhéran pour lui faire part de son inquiétude concernant le sort réservé à Ahmadreza Djalali, toujours sous la menace d’une exécution imminente.

Mise à jour du 14 avril 2021

Après plus de 20 semaines d’isolement, Ahmadreza Djalali a été transféré dans un quartier collectif de la prison d’Evin où il est désormais détenu avec d’autres personnes. Nous sommes quelque peu soulagés de voir la fin de l’isolement cellulaire prolongé, qui doit être considéré comme une torture. Nous restons particulièrement préoccupés par sa santé physique et mentale.

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