Action : Rwanda, condamnées pour avoir rédigé des articles critiquant les autorités rwandaises

Agnès Uwimana Nkusi & Saidati Mukakibibi, rédactrice en chef et rédactrice en chef adjointe du tabloïd indépendant Umurabyo ont été arrêtées en juillet 2010 et condamnées en février 2011 à respectivement 17 et 7 ans de prison pour « négation du génocide, divisionnisme, diffamation du président Kagame, et menace à la sécurité de l’Etat ». Le 5 avril 2012, ces peines ont été réduites à 4 et 3 ans en appel par la Cour suprême. Journaliste pendant plus de 10 ans, Agnès Uwimana Nkusi a été rédactrice en chef du tabloïd Umurabyo. Veuve, mère d’un enfant et de trois autres adoptifs, qui vivent avec leur grand-mère pendant que leur mère est en détention. Ce n’est pas la première fois qu’Agnès Uwimana Nkusi est emprisonnée pour avoir publié des articles critiques à l’égard du gouvernement rwandais. En 2007, elle avait purgé une peine d’un an pour divisionnisme et diffamation. L’accusation était basée sur un article comparant l’administration rwandaise actuelle au gouvernement du président Habyarimana. Elle a été libérée le 19 janvier 2008. Saidati Mukakibibi a été directrice adjointe du tabloïd indépendant Umurabyo. Veuve également, mère de quatre enfants et cinq adoptifs, désormais pris en charge par l’un des aînés. Actualisation : Saidati Mukakibibi libérée ! Saidati Mukakibibi a été libérée en juin 2013 après avoir purgé trois ans de prison. Nous tenons à remercier tous ceux qui ont participé à notre campagne pour sa libération. Nous vous demandons cependant (…)

Contexte

À la fin de l’année 2009 et en 2010, le tabloïd Umurabyo a publié plusieurs articles critiquant plusieurs aspects du leadership politique rwandais. Ces articles critiquaient la gouvernance du Président Kagame et les politiques menées.

Arrestation, détention et condamnation

Le 8 juillet 2010, Agnès Nkusi Uwimana Nkusi a été arrêté par la police de kigali au domicile de ses beaux-parents. Deux jours plus tard, Saidati Mukakibibi a été aussi arrêté et placée en détention lors d’une visite à Agnès Uwimana Nkusi au poste de police. Pendant une semaine, elles n’ont pas été informées des charges retenues contre elles.
En février 2011, Agnes Uwimana Nkusi a été déclarée coupable de menace à la sûreté de l’État, d’« idéologie du génocide », de divisionnisme et de diffamation, tandis que Saidati Mukakibibi a été reconnue coupable de menace à la sûreté de l’État, condamnées à respectivement 17 et 7 ans de prison. En appel, ces peines ont été réduites à 4 et 3 ans par la Cour suprême.
Leurs conditions de détention sont aggravées par de graves problèmes de santé qui nécessitent une attention médicale particulière.

D’autres voies de recours pour avoir accès à la justice

En octobre 2012, après avoir épuisé toutes les voies de recours internes, Agnès Uwimana Nkusi et Saidati Mukakibibi ont introduit une requête devant la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples, alléguant que les autorités rwandaises ont violé leur droit à la liberté d’expression et au procès équitable garanti par la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples convention ratifiée par le Rwanda en 1983. La Commission africaine des droits de l’homme et des peuples a accepté de recevoir cette communication.

Cadre légal problématique

Les lois vagues relatives à l’« idéologie du génocide » et au « sectarisme » ont été adoptées au Rwanda afin de faire barrage aux discours incitant à la haine au cours de la décennie qui a suivi le génocide de 1994.

Amnesty International estime que les deux journalistes n’auraient pas dû faire l’objet de poursuites et de sanctions pénales. Leur incrimination et condamnations initiales montrent comment des lois vagues et ambigües peuvent conduire à des dérives, notamment, la criminalisation d’actes légitimes de divergence politique.

Amnesty International considère que ces deux femmes sont des prisonnières d’opinion et appelle à leur libération immédiate et inconditionnelle.

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