Action : La Baltic Pride doit avoir lieu. Appelez les autorités lituaniennes à lever leur interdiction.

Les personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenres et intersexes (LGBTI) des pays baltes ont prévu que leur marche des fiertés annuelle, ou Baltic Pride, se déroulerait le 27 juillet 2013 à Vilnius, la capitale de Lituanie, afin de célébrer la diversité et promouvoir les droits humains des personnes LGTBI. Or, après s’être opposées dans un premier temps à la tenue de la Baltic Pride dans le centre-ville et alors que la justice saisie à propos de la question de l’emplacement de la marche a jugé illégale la décision visant à interdire la marche dans le centre-ville, les autorités de la municipalité de Vilnius ont décidé, le 26 juin dernier, d’interdire la tenue de la marche dans l’ensemble de la ville de Vilnius. Après plusieurs récentes initiatives législatives homophobes et transphobes du Parlement lituanien et alors que les personnes LGTBI continuent d’être l’objet, dans la région, d’actes et d’attaques discriminatoires et homophobes, cette interdiction, qui constitue une violation supplémentaire de leurs droits humains, porte gravement atteinte aux droits à la liberté d’expression et de réunion pacifique des participants à cette marche.

Le 5 Juillet dernier, le Tribunal administratif de Vilnius a abrogé la décision des autorités municipales visant à interdire la tenue de la Baltic Pride. Toutefois, les autorités de la ville de Vilnius peuvent encore faire appel de cette décision et essayer de faire en sorte que la Baltic pride n’ait pas lieu.
Dans ce contexte, Amnesty International souhaite exercer une forte pression sur les autorités lituaniennes afin de leur rappeler qu’il leur incombe de veiller à ce que tous les individus soient en mesure d’exercer leurs droits, y compris la liberté d’expression et la liberté de réunion, en dehors de toutes menaces ou entraves pouvant émaner d’acteurs étatiques ou non étatiques.

Aidez-nous à exhorter les autorités lituaniennes à cesser d’essayer d’interdire la tenue de la Baltic Pride et à respecter pleinement les droits à la liberté d’expression et de réunion des personnes LGTBI en Lituanie !

Historique

Cette année, les autorités municipales de la ville de Vilnius ont tenté à plusieurs reprises d’empêcher la tenue de la Baltic Pride dans le centre-ville.

En janvier 2013, les autorités municipales ont déclaré que la marche ne pourrait pas passer par l’avenue Gediminas, en centre-ville, car cela obligerait des magasins et des hôtels à fermer pour des questions de sécurité ; elles ont proposé à la place un lieu isolé le long des rives de la Neris. Elles ont aussi affirmé que le trajet proposé passait trop près de bâtiments judiciaires et gouvernementaux, ce qui posait des problèmes en termes de sécurité nationale. Pourtant, des manifestations ont déjà été autorisées sur cette avenue.

Le 11 avril 2013, le Tribunal de Première Instance (TPI), saisi par la Ligue des gays lituaniens (LGL), a jugé que l’ordonnance de la municipalité visant à interdire la tenue de la marche dans le centre-ville était entachée d’illégalité. Le Tribunal a fondé sa décision sur le fait que l’emplacement proposé comme une alternative par les autorités municipales anéantirait le but recherché de l’événement, qui vise à sensibiliser le public sur la communauté LGBTI en Lituanie et les problèmes auxquels elle est confrontée. Malgré la décision du TPI, les autorités de la ville de Vilnius ont réitéré leur refus d’autoriser la tenue de la Baltic Pride dans le centre-ville, et ont fait appel de cette décision devant la Cour administrative suprême qui, le 20 juin, a rejeté l’appel de la municipalité. Le Maire a alors déclaré que les autorités évalueraient les risques de sécurité par rapport à la position centrale au sein de la ville d’une telle manifestation. Elles n’ont cependant proposé aucune alternative et ont décidé, le 26 juin 2013, après une rencontre avec la LGT et Amnesty international, d’interdire la tenue de la Baltic Pride dans l’ensemble de la ville de Vilnius.

Les autorités municipales ont maintenu que le trajet proposé passait trop près de bâtiments judiciaires et gouvernementaux, ce qui posait des problèmes en termes de sécurité nationale et n’était pas autorisé par l’article 4(3) de la Loi sur les rassemblements publics qui prévoit le maintien d’une distance de 75 mètres entre le lieu d’une manifestation et des bâtiments judiciaires et de 25 mètres aux abords des bâtiments gouvernementaux et des représentations diplomatiques. Cependant, cette disposition n’a jamais été utilisée auparavant pour interdire des manifestations sur l’avenue Gediminas.

Amnesty International considère que la décision d’interdire la Baltic Pride pour des raisons de sécurité est disproportionnée et discriminatoire, étant donné que les autorités de Vilnius ont autorisé la tenue de manifestations au même endroit et ont refusé de s’engager dans un dialogue constructif avec la LGL, malgré les décisions de tribunaux locaux ordonnant la reprise des négociations.

Le Tribunal administratif de Vilnius, saisi par la LGL, a également considéré, par un jugement rendu le 5 juillet 2013, que cette interdiction n’était pas légale. Il est cependant toujours possible à présent que les autorités municipales de Vilnius forment un recours contre ce jugement.

Les autorités municipales avaient cherché à empêcher la première Baltic Pride à Vilnius en 2010, mais la marche avait finalement pu avoir lieu à la suite d’une décision de justice.

Il est aujourd’hui inacceptable, trois ans après la première Baltic Pride à Vilnius, que les autorités municipales refusent toujours ouvertement de respecter la liberté de réunion des participants à cette marche et semblent prêtes à passer outre les décisions des tribunaux administratifs !

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