Rendez justice aux habitants de Kawana, victimes d’une expulsion forcée.

English version below Les 24 et 25 novembre 2009, la police a envoyé des bulldozers dans le village de Kawana, dans la province du Katanga en République démocratique du Congo (RDC), et a indiqué aux conducteurs qui manœuvraient les machines de détruire les habitations et les commerces de centaines de personnes. Les habitants de Kawama n’ont pas été informés de ces démolitions, qui n’étaient légalement pas justifiées. Les bulldozers appartenaient à l’Entreprise Générale Malta Forrest (EGMF) et les opérations ont été menées par des personnes travaillant pour cette société. Les démolitions ont eu lieu dans le contexte d’une opération de police pour nettoyer la zone de Kawama de mineurs artisanaux appelés creuseurs. Les villageois n’ont reçu aucune notification les informant du projet d’expulsion ou de démolition de leur maison, et aucune autorisation légale n’a été fournie pour une telle action. Une enquête criminelle officielle sur la destruction de biens à Kawama a été menée par l’Avocat Général (procureur adjoint) de Lubumbashi, qui a recueilli les témoignages de plusieurs officiers de police, des conducteurs des bulldozers impliqués dans la démolition ainsi que d’autres témoins. Bien que le procureur adjoint ait trouvé des preuves de démolitions de bâtiments en violation de la loi congolaise, les autorités n’ont pris aucune autre mesure et aucune charge n’a été retenue. La démolition des habitations permanentes de Kawama, ainsi que des maisons temporaires des (…)

Les habitants de Lukuni-Gare, le quartier qui a été le plus touché des trois quartiers de Kawama, continuent de faire face à des menaces d’expulsion forcée. Des représentants du gouvernement provincial ont dit aux villageois que leurs maisons seraient démolies à moins qu’ils n’assurent que les mineurs artisanaux ne résident pas dans leur quartier. De telles déclarations constituent des menaces de punition collective contre le peuple de Lukuni-Gare et sont un moyen totalement illégitime d’application de la loi. De telles menaces violent les articles 159 et 160 du Code pénal congolais. Elles doivent être examinées et les responsables doivent rendre des comptes.

Par ailleurs, Kawama se situe à proximité de la mine de Luiswishi qui, à l’époque, était exploitée par une filiale du Groupe Forrest International, l’Entreprise Générale Malta Forrest (EGMF). Les bulldozers ayant servi aux démolitions appartenaient à l’EGMF et les conducteurs étaient des employés de cette société.

Le Groupe Forrest International a refusé à maintes reprises d’admettre que des habitations et des commerces de Kawama avaient été détruits. Amnesty International lui a présenté récemment les éléments de preuve à sa disposition, mais l’entreprise a continué de rejeter toute responsabilité dans les événements survenus à Kawama, qu’elle a attribués à une opération policière unilatérale. Cependant, face à ces preuves accablantes, l’entreprise ne peut plus nier l’évidence.

Appelez le Procureur Général de Lubumbashi et le Groupe Forrest International à prendre les mesures nécessaires pour remédier à la situation.

D’une part, demandez au Procureur de prendre des mesures afin d’assurer la poursuite des personnes impliquées dans le commandement, l’exécution ou l’apport de matériel liés à la perpétration d’infractions pénales et de violations graves des droits de l’homme à Kawama. Demandez-lui également d’enquêter sur les menaces de destruction des maisons de Lukini-Gare proférées par des fonctionnaires dans le but de contrôler les activités des creuseurs.

D’autre part, appelez le Groupe Forrest International à indemniser les habitants qui ont passé cinq ans à reconstruire leur maison détruite par les bulldozers de cette entreprise.

English version

Five years after hundreds of residents in the village of Kawama, Democratic Republic of the Congo, were forcibly evicted, they are still waiting for compensation.

On 24 and 25 November 2009 police sent bulldozers into the village and directed those operating the bulldozers to demolish the homes and businesses of hundreds of people. The village is next to the Luiswishi mine which, at the time, was operated by a subsidiary of Groupe Forrest International called Entreprise Générale Malta Forrest (EGMF). The bulldozers used in the demolitions belonged to EGMF and were operated by its drivers.

Groupe Forrest International has repeatedly denied that the homes and businesses of villagers were demolished. However, confronted with evidence gathered by Amnesty International the company can no longer deny the truth.
When presented with Amnesty International’s evidence recently, it continued to deny all responsibility for the events at Kawama, blaming unilateral police action. However, confronted with this overwhelming evidence, the company must no longer deny the truth.

Now that the truth is out, Amnesty International is calling on Groupe Forrest International to pay compensation to the people of Kawama for their losses.

Forrest bulldozers destroyed their homes.

Forrest lies denied them justice.

Paying compensation to those who have spent five years struggling to rebuild is the least this multinational can do.

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